Liban: portrait d’un sauveur, Samir Geagea, un homme de principe dans un monde d’arrivistes

30
2253

(Rome-Beyrouth 11 décembre 2020). Le chef du parti des Forces libanaises, le souverainiste Samir Geagea, était et demeure la « bête noire » des adversaires du Liban souverain, qu’ils soient étrangers (syriens, palestiniens, iraniens…) ou qu’ils portent la nationalité libanaise avec une tête – s’ils en disposent réellement – et un cœur rattachés à Damas ou Téhéran. Cette focalisation contre Samir Geagea, depuis le début des années 1980, est liée à son caractère « intraitable sur les principes », à ses « visions stratégiques », et à sa « combattivité pour la défense de la souveraineté » loin de tout compromis.

Ainsi, Samir Geagea était, est et restera le principal obstacle devant les visées hégémoniques des adversaires du Liban, et s’impose comme le sauveur du pays.

Pour en arriver là, Geagea est l’un des très rares responsables qui ont participé à la guerre civile, à avoir toujours l’esprit de la « résistance sociale » susceptible de permettre à la société de franchir le cap collectivement et de sortir de la crise avec les moindres dégâts, grâce notamment à la solidarité, au moment où les autres « chefs de guerre » se battaient pour des intérêts personnels ou claniques. En 1986, Geagea avait mis en place le Fonds de Solidarité Sociale (FSS) pour organiser cette solidarité collective (médicale, sociale et économique, avec ses alliances et ramifications internationales, ses parrainages et ses jumelages). Il avait réussi à transformer le réduit chrétien qu’il contrôlait en un « havre de paix et de prospérité ».

Aujourd’hui, il plaide et œuvre, avec le parti des Forces libanaise – le fleuron des partis démocratiques dans toute la région – et ses multiples organisations satellites, à organiser une autre forme de résistance sociale, adaptée à la nature de la crise actuelle.

Cette pensée hautement stratégique est liée au caractère de ce leader qui fut l’un des très rares parmi ses contemporains à être passé de l’action militaire et paramilitaire à l’action politique tout en gardant le même esprit de discipline et d’organisation,

la même vision stratégique, et le respect des principes, de la morale et de la transparence. A l’inverse, ses contemporains ont troqué la morale contre la corruption ; les principes contre l’arrivisme ; l’esprit de résistance contre le défaitisme. Ils ont vendu leur âme au diable pour parvenir et se maintenir au pouvoir.

L’Histoire est cruelle. Elle notera que celui qui se comparait au général De Gaulle de par son statut militaire, son exil et son retour libérateur dans son pays, aura été celui qui a achevé la chute du Liban et la mort des Libanais. L’Histoire notera aussi que le salut du Liban viendra de celui qui a toujours rejeté le compromis et qui a sacrifié sa propre liberté sur l’autel de celle de sa société, quand d’autres ont choisi de pactiser avec l’ennemi, de quémander l’exil et de négocier le retour. De ce point de vue, ils n’ont rien de libérateur, rien de liberté, et rien de libre. Aussi, l’Histoire retiendra que Samir Geagea a toujours été là aux moments cruciaux pour sauver le Liban souverain de la disparition. Si, durant les années de la guerre civile, il est intervenu militairement pour empêcher la chute du réduit chrétien,

il est le principal acteur politique en temps de paix à agir pour l’Etat contre le mini-Etat, pour la souveraineté contre la compromission, pour la liberté contre la soumission, pour l’indépendance contre l’annexion…

C’est dans le sillage de son passé, riche de patriotisme social et de visions stratégiques, que Samir Geagea peut se prévaloir un acteur de la « Révolution du 17 octobre » à défaut d’en être le moteur. Mais dans les faits, le Hirak populaire n’est que la concrétisation des principes des Forces libanaises sans en être l’incarnation. Si le mouvement populaire risque la division sous les manœuvres d’un pouvoir fondé sur la corruption et surfant sur le confessionnalisme et le clanisme, c’est encore Samir Geagea qui peut ressouder les contestataires pour sauver le Hirak et redresser le pays. Mais ceci reste conditionné à une indispensable prise de conscience des Libanais, damnés par une classe politique dévoratrice, et l’arrêt des campagnes d’intimidation et des menaces physiques. Un vaste chantier que seuls les plus déterminés et armés d’une foi sans faille sont capables de relever. L’Histoire le retiendra.

Sanaa T.