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Ce que signifie le triomphe de Xi pour l’Occident et l’Italie

(Rome, Paris, 23 octobre 2022). La question la plus importante est le rôle futur de Pékin dans la sécurité mondiale. Aujourd’hui, il fait preuve de prudence et d’ambiguïté par rapport à la guerre en Ukraine : si, en paroles, Xi n’a jamais retiré son soutien à Poutine (avec qui il a signé une « amitié sans limites » en février), dans les  faits, il se garde de fournir une aide directe à la Russie dans le cadre du conflit

Au final, tout s’est déroulé en grande partie comme prévu à la veille de l’événement : le XXe Congrès du Parti communiste chinois s’est terminé par la reconduction – pour la troisième fois – de Xi Jinping en tant que dirigeant et chef de l’Etat. Une démonstration de force de Xi (en témoigne également le flagrant limogeage de son prédécesseur HuJintao) qui, fort du soutien du parti, a atteint son objectif principal : celui d’une réforme constitutionnelle qui lui permettrait d’être nommé président pour un troisième mandat. C’est la première fois que cela se produit en Chine depuis la mort de Mao Tse Tung, et Xi peut maintenant à juste titre rafraîchir la rhétorique du « grand timonier », puisque son leadership semble incontesté et semble destiné à durer encore longtemps. Mais sommes-nous sûrs qu’il n’y a pas de nuages ​​dans l’avenir « céleste » de Xi Jinping ?, ainsi s’interroge Giovanni Castellaneta dans les colonnes du quotidien «Formiche»

A lire :

En réalité, la Chine traverse la période la plus difficile de ces trente dernières années, caractérisée par une croissance économique impétueuse et imparable. Les bases posées par Deng Xiaoping avec les premières ouvertures et libéralisations avaient ensuite été consolidées et élargies au fil des années, mettant en place un modèle basé sur les investissements et les exportations, qui a largement profité de la mondialisation économique et des chaînes de valeur de plus en plus intégrées. Aujourd’hui, cependant, quelque chose semble être cassé – ou sur le point de l’être. Cette année, la croissance du PIB sera la plus faible depuis des décennies (si l’on exclut 2020 en raison de la pandémie) et la question de savoir s’il faut fixer le développement chinois sur une autre base – en d’autres termes, sur la consommation intérieure plutôt que sur l’épargne et les investissements – ne semble plus se poser être reportée. Par ailleurs, l’obstination de Xi pour la « politique zéro Covid » semble destinée à se poursuivre : le dirigeant chinois a fièrement affirmé avoir sauvé de nombreuses vies, mais force est de constater qu’aujourd’hui, à l’heure où le monde semble enfin en mesure de sortir de la pandémie, la stratégie de confinement ne semble plus soutenable pour « l’usine mondiale » chinoise.

Mais la question encore plus importante est le rôle futur de Pékin dans la sécurité mondiale. Aujourd’hui, la Chine agit avec prudence et une certaine ambiguïté par rapport à la guerre en Ukraine : si en paroles Xi n’a jamais retiré son soutien à Poutine (avec qui il a signé une « amitié sans limites » en février), dans les faits il se garde d’apporter d’aide directe à la Russie dans le cadre du conflit. Xi Jinping est un acteur lucide et rationnel et il sait que son pays ne peut se permettre d’être la cible de sanctions secondaires. Le véritable nœud est lié à Taïwan et c’est sur cette question que se jouera le destin de la sécurité mondiale dans les années à venir : lors du Congrès, le dirigeant chinois a rappelé que la reconquête de l’île restait un objectif prioritaire pour Pékin, même par le recours à la force, et que, par conséquence, les ingérences étrangères ne seront pas tolérées.

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Que signifie le triomphe de Xi pour l’Occident et pour l’Italie ? Tout d’abord, que la Chine doit rester un interlocuteur fondamental, un concurrent certes, mais pas un ennemi. L’administration Biden a explicitement déclaré la guerre économique à la Chine avec de récentes restrictions sur les exportations de semi-conducteurs et d’autres intrants technologiques, et elle est déterminée à défendre l’indépendance de Taiwan. Si le découplage avec Pékin est un objectif que nous devrons certainement poursuivre afin de protéger certains secteurs critiques pour notre sécurité et nos intérêts stratégiques, en revanche, nous devons faire preuve de prudence dans la rhétorique à utiliser avec la Chine : nous avons déjà un front ouvert avec la Russie qui crée de sérieux problèmes à différents points de vue, en ouvrir un autre en ce moment, serait imprudent et peu clairvoyant. D’après les premières intentions qui ont émergé, il semble que le nouveau gouvernement Meloni en soit conscient et il faut espérer qu’il évoluera dans le sens de la politique étrangère tracée ces deux dernières années.

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