«Débarquement de terroristes et d’autres individus dangereux ? Le risque est réel, des juges sans outils»

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(Paris, Rome, 06.10.2023). Lorenzo Vidino, expert en terrorisme islamique : «Anis Amri parmi d’autres, sont arrivés de la même manière. De nombreuses personnes sont arrêtées par les services, mais quelque chose passe à travers»

L’alerte est réelle. « Une immigration clandestine illégale sont liés à des organisations terroristes ou radicalisés ». Il existe un lien entre les débarquements «sauvages» et incontrôlés et les menaces à la sécurité. Cela est prouvé par plusieurs précédents troublants, attestés par les statistiques, et un danger concret est toujours réel. L’un des meilleurs experts du djihadisme en Europe et en Amérique du Nord, l’Italo-américain Lorenzo Vidino, directeur du programme sur l’extrémisme à l’Université George Washington de Washington DC, avec un regard particulier sur les Frères musulmans, le confirme en s’adressant au quotidien «Il Giornale», qui décrit l’ampleur du phénomène dans ces termes. « Il s’agit d’un nombre statistiquement faible, car le terrorisme n’est pas un phénomène de masse, mais il est significatif du point de vue de la sécurité », nous explique Alberto Giannoni dans les colonnes du même quotidien.

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Entre-temps, des nouvelles inquiétantes nous parviennent de l’organisation libanaise Hezbollah, qui est favorable à l’idée d’encourager la migration vers l’Europe de milliers de réfugiés syriens présents sur le sol libanais depuis des années.

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Et le Hezbollah, faut-il le rappeler, a été inscrit sur la liste des organisations terroristes par plusieurs pays (tels que, entre autres, les États-Unis, Israël et au-delà). Depuis une vingtaine d’années, Vidino étudie le fondamentalisme, la mobilisation des réseaux djihadistes et les politiques anti-terroristes adoptées par les gouvernements occidentaux. En 2016 (sous Renzi), il a été coordinateur de la Commission sur la radicalisation au Palazzo Chigi (le Siège du Gouvernement italien) ; il est l’auteur de nombreuses publications et, le 3 octobre, son dernier rapport pour «GW University», consacré aux informations provenant des appareils européens, a été publié : «Ce que disent les services de sécurité européens à propos des Frères musulmans en Europe».

Aujourd’hui, la condamnation de Catane a débouché sur un conflit ouvert entre les magistrats et le gouvernement. Un affrontement qui met également l’accent sur la dangerosité du phénomène des débarquements. «Il est évident que la grande majorité des individus qui arrivent illégalement n’ont aucun lien avec le terrorisme et n’adoptent aucune idéologie extrémiste, mais il est prouvé qu’un certain nombre parmi eux, peu nombreux d’un point de vue statistique, mais néanmoins pertinent d’un point de vue de la sécurité, est lié à des organisations terroristes ou radicalisées et toujours en activité dans certains cas, comme ce fut le cas lors des attentats. Il existe des exemples significatifs ». Les exemples sont aussi sinistres qu’alarments. Entre-temps, l’auteur de l’attentat du marché de Noël de Berlin en 2016, Anis Amri, a atterri à Lampedusa. Mais non seulement.

« Il y a les cas d’Amri, celui de Nice ainsi que d’autres », observe Vidino, faisant référence à l’attaque sanglante de 2020 contre l’église Notre-Dame, par le Tunisien Brahim Ayssaoui.

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«Chaque année, poursuit-il, les services identifient des dizaines de personnes liées au terrorisme et les expulsent immédiatement. Il arrive que des individus déjà expulsés reviennent ou tentent de revenir par bateau.

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Dans certains cas, le système fonctionne correctement, dans d’autres, l’arrivée d’un nombre substantiel d’individus, il devient difficile de contrôler ce flux massif.

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Quelque chose passe à travers, et l’histoire des cas pareils parle d’elle-même. » Et quels sont les outils de contrôle dont disposent les juges ? «Peu, ils ont peu d’outils», admet Vidino. Parallèlement, comme mentionné, dans un discours public diffusé à la télévision, Hassan Nasrallah, chef du parti armé libanais pro-iranien, le Hezbollah, a déclaré qu’il était favorable à l’idée d’encourager la migration de centaines de milliers de réfugiés syriens, établi au Liban depuis des années, vers l’UE.

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Une position qui contribue à accroître les préoccupations concernant les risques que la migration non contrôlée ait représentée et continue de représenter une menace réelle pour l’Italie.

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