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De Liverpool à toute l’Europe, un nouveau signal d’alarme

(Rome, 15 novembre 2021). Au début, cela ressemblait à un accident. En fait, une voiture a explosé dans un parking de l’hôpital, pour femmes, de Liverpool, tuant instantanément l’homme qui se trouvait à son bord. Un épisode assez singulier mais, aux yeux des premiers intervenants, il peut être classé parmi l’une des nombreuses fatalités que l’on peut rencontrer quotidiennement dans une métropole comme l’Angleterre. Mais au fil des heures, une vérité beaucoup plus troublante a émergé, d’après l’analyse de Mauro Indelicato dans le quotidien italien «Il Giornale/Inside Over». En effet, ce qui a explosé, est un taxi dont le chauffeur, méfiant de quelque chose qu’il a vu ou perçu dans l’attitude de son client, a à peine eu le temps d’abandonner sa voiture avant l’explosion. Un geste désormais considéré comme celui d’un héros. Son client était en fait un aspirant kamikaze. Le chauffeur de taxi l’a enfermé dans la voiture et c’est peut-être grâce à cette promptitude qu’un massacre a été évité. Mais aujourd’hui, le pays tout entier se retrouve à nouveau attaqué et des questions se posent sur les conditions de sécurité.

Ce qui s’est passé à Liverpool

Officiellement, les autorités n’ont parlé de terrorisme que lundi matin. Dans une note publiée ces dernières heures, la police de Sa Majesté a classé les événements de Liverpool parmi les faits à caractère terroriste. Mais déjà dimanche, la piste djihadiste était la plus en relief. Plusieurs indices ont émergé à cet effet dans la reconstitution faite par les tabloïds britanniques. Peu après 10h30, Dave Parry, un chauffeur de taxi de la ville des Beatles, est engagé dans l’une de ses nombreuses courses quotidiennes. On ne sait pas pourquoi il est alors soudainement sorti de la voiture une fois arrivé à l’hôpital pour femmes. Le fait est que quelques minutes plus tard, à 10h59, le véhicule a explosé, tuant la personne qui se trouvait à l’intérieur. Il a été blessé. Et les médias britanniques l’ont aujourd’hui décrit comme un héros. La raison est évidente. Après les premières constatations des enquêteurs, l’attention s’est déplacée de l’hôpital pour femmes vers le quartier de Kensington. C’est l’une des banlieues les plus dangereuses de Liverpool. Ici, depuis des années, outre le trafic de drogue et la prostitution, la menace s’appelle aussi radicalisation. De nombreux jeunes habitants du quartier ont récemment été arrêtés pour avoir rejoint des groupes djihadistes.

Par conséquent, lorsque la police a visé dimanche après-midi certaines maisons de Kensington, il est devenu évident que l’explosion du « Women Hospital » n’était pas à classer parmi les accidents normaux. Trois garçons ont été arrêtés. Leur arrestation était motivée par la loi sur le terrorisme. Dans la soirée, les descentes de police n’ont pas cessé. Les patrouilles sont arrivées à Sefton, un autre quartier difficile. Ici, même à l’aide des mégaphones, les agents ont conseillé aux habitants de rester confinés pour des raisons de sécurité. Mais le Sun, avec d’autres quotidiens britanniques, n’a aucun doute. Tout est lié à l’explosion de 10h59. Les enquêteurs, après les premières investigations, sont partis sur la piste d’une cellule terroriste qui avait planifié un attentat en plein cœur de Liverpool. Le taxi était peut-être le moyen qu’il fallait utiliser pour un véritable massacre. Ou, tout simplement, il s’agissait de transporter le kamikaze vers un autre endroit identifié pour l’attaque. D’autres détails n’ont pas encore émergé. Soudain, le Royaume-Uni a découvert qu’il était à nouveau dans le collimateur des djihadistes. Ceci est également démontré par le fait que l’enquête soit entre les mains de la lutte anti-terrorisme. Dimanche soir, le ministre de l’Intérieur Priti Patl s’est contenté de dire que pour le moment « rien n’est exclu » et qu’il « faut laisser le temps aux enquêteurs de conclure leurs investigations ».

Le Jihad saigne Noël

Les événements de Liverpool, ajoute Mauro Indelicato dans son décryptage, ont eu lieu quelques jours après le meurtre de David Amess, le député qui a été abattu par un partisan présumé de l’Etat islamique alors qu’il rencontrait ses électeurs dans l’Essex. La semaine dernière, cependant, un homme d’origine algérienne a attaqué une patrouille de police à Cannes, en France. Toujours en Norvège, encore ces derniers jours, un jeune homme a crié « Allah Akbar » en poignardant des passants. Autant de signes d’une dangereuse résurgence du phénomène djihadiste. Des groupes organisés, des cellules locales de l’Etat islamique ou des «loups solitaires» isolés se sont employés à ramener la terreur en Europe. Exactement comme cela s’est produit en 2020. Après une première phase de l’année caractérisée par un confinement anti-pandémique, à partir d’octobre, plusieurs attaques ont été menées dans différentes parties du Vieux Continent. Comme dans le cas de l’attentat de Nice le 29 octobre 2020 ou celui de Vienne le 2 novembre suivant.

L’impression, déjà dévoilée par des sources de renseignement avant l’été, est que le terrorisme djihadiste veut frapper entre l’automne et l’hiver. C’est-à-dire lorsqu’il peut bénéficier d’une plus grande attention médiatique et à l’approche de Noël. L’épisode de Liverpool ne doit donc pas sonner comme un danger uniquement pour la Grande-Bretagne. Au contraire, il témoigne d’un état d’alerte et d’attention maintenu dans toute l’Europe. Un discours qui, après les nouvelles menaces adressées au ministre Luigi Di Maio, vaut également pour l’Italie.

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