(Paris, 03 avril 2022). Si l’Ukraine a très bien résisté à l’avancée de l’armée russe, sur le papier plus avancée et plus puissante, le mérite n’en revient pas seulement de l’héroïsme dont ont fait preuve les forces de Kiev. Les raisons du succès (jusqu’à présent) défensif de ce pays, sont également liées et connectables à un travail de renseignement intense (et complexe), comme le rapporte Federico Giuliani dans le journal italien «Il Giornale/Inside Over».
En particulier, selon le «Wall Street Journal», le directeur de la CIA, William Burns, a fourni au gouvernement de Volodymyr Zelensky des informations extrêmement importantes précédant le début de l’opération militaire orchestrée par Moscou. Ces informations auraient aidé les Ukrainiens à préparer des plans défensifs dès les premiers jours de la guerre.
Avant cela, vers la mi-janvier, Burns avait effectué un voyage secret à Kiev pour un tête-à-tête avec Zelensky. Il est facile de deviner le plat principal de leur rencontre : l’analyse et le partage des données collectées par le renseignement américain. Qui, jusque-là, avaient acquis des informations beaucoup plus cohérentes que leurs collègues ukrainiens et européens.
Le rôle de la CIA
Parmi les informations en possession des services de renseignement américains et partagées avec l’Ukraine, figurait le fait qu’il s’agissait d’une attaque éclair contre Kiev depuis la Biélorussie. Cela ne s’arrête pas là, car le directeur de la CIA, toujours selon la reconstruction proposée par le WSJ, a fourni au gouvernement Zelensky un renseignement fondamental qui a considérablement aidé le pays au début du conflit.
Un exemple ? Burns a déclaré aux alliés ukrainiens que les Russes envisageaient de s’emparer de l’aéroport d’Antonov à Hostomel, près de la capitale, et de l’utiliser pour parachuter les troupes qui devaient alors prendre Kiev et renverser l’exécutif de Zelensky. Résultat : lorsque les unités aéroportées arrivent près de l’aéroport elles doivent faire face à des pertes aussi lourdes qu’inattendues.
Il semble d’ailleurs que Moscou visait une sorte de cinquième colonne de collaborateurs ukrainiens qui, en théorie, auraient dû décapiter le président. Ce n’est pas un hasard si, dans ces mêmes heures, les États-Unis ont proposé à Zelensky de l’emmener en lieu sûr, loin de l’épicentre du conflit. Apparemment, le dirigeant ukrainien ne voulait pas quitter l’Ukraine.
Le travail du renseignement américain
De leur côté, et tout au long de l’automne dernier, diplomates, généraux et espions auraient tenté par tous les moyens de dissuader Vladimir Poutine de ses intentions. Les États-Unis auraient également averti leurs alliés européens des risques, mais ces derniers auraient jugé la pression américaine trop alarmante.
Quoi qu’il en soit, les États-Unis ont continué à recueillir des informations et à les partager avec les Ukrainiens. Les services de renseignement de Washington semblent avoir effectué un travail crucial d’au moins trois points de vue. Pendant ce temps, à partir de 2015, les Américains auraient formé physiquement les unités spéciales de Kiev en vue d’une éventuelle guerre. Comme si cela ne suffisait pas, des conseils sur la manière de traiter avec la Russie sont également venus de Washington. Enfin, une fois la guerre commencée, les États-Unis partageront des photos satellites, des interceptions et des écoutes téléphoniques avec les troupes de Zelensky.
Tous les jokers que « David » Kiev saurait utiliser au mieux contre «Goliath» Moscou. Et Federico Giuliani d’ajouter qu’en combinant le soutien reçu du Pentagone et de la Maison Blanche avec la résistance courageuse manifestée, l’Ukraine a ainsi pu sauver sa capitale d’une conquête quasi assurée.