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Ukraine: d’anciens mercenaires syriens en Libye envoyés aux côtés des Russes

(Rome, 23 mars 2022). Des mercenaires syriens, envoyés par la société Wagner aider l’Armée nationale libyenne de Khalifa Haftar en Libye, vont combattre auprès des Russes en Ukraine

Depuis janvier, les mercenaires de la société paramilitaire russe Wagner déployés sur plusieurs bases militaires dans l’est libyen se sont retirés de leurs différentes positions pour se regrouper dans les deux bases d’al-Joufra et de Barak al-Chati au sud. Des centaines parmi eux auraient été transportés en Russie pour la guerre en Ukraine. Les mercenaires syriens pro-régime engagés par Wagner pour combattre en Libye sont aussi envoyés en renfort en Russie, comme le rapporte Houda Ibrahim de «Radio France Internationale».

L’organisation syrienne pour la vérité et la justice est catégorique, quelques centaines de mercenaires syriens en fin de mission à Benghazi ont déjà été envoyés, à la mi-mars, en Russie pour participer à la guerre en Ukraine aux côtés des Russes.

Transporté de Libye en Syrie, c’est à partir de la base aérienne Hmeimim entièrement sous contrôle russe, qu’ils ont été acheminés vers la Russie. Leur retour en Syrie a été opéré par la compagnie Al Ajniha, appartenant à Rami Makhloof, le cousin du président syrien, ou à bord d’un Ilyushin russe, dédié au transport des matériels et des troupes.

Selon l’ONG syrienne, ces mercenaires ont été recrutés par « Sayad » une société sécuritaire syrienne très active : « une façade pour les Wagner ». Depuis 2019, date de la fin de la guerre de Tripoli en Libye, ces mercenaires syriens étaient employés à l’est et au sud du pays. Ils gardaient des sites sensibles comme les terminaux pétroliers sous ordre des officiers russes.

Des informations qui concordent avec les vidéos postées sur les réseaux sociaux par certains mercenaires. Ils témoignent de leur engagement et donnent de nombreux détails sur leurs contrats. Ils sont payés entre 1.000 et 2.000 dollars par mois et sont engagés pour une période de sept mois. (A lire sur ce sujet)

De son côté, l’observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) affirme que des milliers d’autres Syriens dans le pays et précisément dans les régions sous contrôle du régime s’inscrivent sur des listes pour aller combattre aux côtés des Russes.

Des mercenaires syriens avec et contre les Russes

Mais la guerre en Syrie semble s’étendre en Russie et en Ukraine, car il n’y a pas que des Syriens pro-russes qui veulent combattre en Ukraine. Bien au contraire, les mercenaires qui ont combattu aux côtés du gouvernement Sarraj en Libye, et qui, selon nos informations, sont de retour en Turquie, se préparent, eux aussi, à aller en Ukraine, mais afin de combattre les Russes.

En Syrie, toutes les milices qui ont combattu le régime depuis 11 ans déclarent vouloir se venger des Russes en intégrant le cinquième régiment de l’armée ukrainienne. Ils sont recrutés par des sociétés sécuritaires turques et se trouvent dans des villes qui échappent encore au régime syrien comme la ville de Daraa où des dizaines d’hommes sont partis en Ukraine.

Selon des sources turques de l’opposition, ces mercenaires syriens qui défendent l’Ukraine sont recrutés dans les régions du nord de la Syrie situées dans la zone sous influence turque.

Des milliers de Syriens se sont inscrits sur les listes de chaque côté où on leur exige d’avoir une expérience militaire. Expliquant son geste, un jeune syrien en route vers la Turquie indique dans une vidéo sur son Facebook : « C’est ça ou la faim, je ne reviendrai plus jamais ».

Pour le moment, il ne semble pas encore que ces mercenaires sont déjà à l’œuvre en Ukraine. Côté russe, ils sont dans des bases d’entrainement près de Rostov en Russie et en Biélorussie. Côté turc, ils sont à l’entrainement dans des bases proches de la frontière syrienne, les mêmes qui ont servi à ceux jadis envoyé en Libye.

Aucune estimation de leur nombre n’est possible à l’heure actuelle.

Sur un autre plan, comme le rapporte Sofia Cecinini, coordinatrice à l’Observatoire sur la sécurité internationale à Rome, «Sicurezza Internazionale», citant un rapport de Human Rights Watch sur l’impact de la guerre en Ukraine sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, les prix du blé et de la farine ont grimpé en flèche, jusqu’à 30 %, suscitant des inquiétudes quant à la rupture des stocks de céréales. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, la Libye, comme de nombreux pays arabes, dépend à la fois de la Russie et de l’Ukraine pour ses importations de céréales. Le pays fait partie des 10 premiers acheteurs internationaux de blé ukrainien. Pour répondre à ses besoins internes, en 2009, la Libye a signé un accord avec Kiev pour cultiver du blé sur 100.000 hectares de terres pour sa propre consommation. Politiquement, ajoute Sofia Cecinini, cela signifie que la Libye doit veiller prudemment lorsqu’elle exprime sa position sur la guerre en Ukraine. Étant donné que la Russie a toujours joué un rôle de premier plan dans la crise libyenne de onze ans, selon certains, la Libye ne devrait pas être perçue comme un partisan de l’une ou l’autre des parties au conflit, mais elle devrait rester neutre.
(Image-REUTERS/Essam Omran Al-Fetori/RFI)
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