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Déçus des gesticulations et de l’amateurisme de Macron, mes amis franco-libanais voteront Valérie Pécresse

(Montréal, Beyrouth, 20 mars 2022). Les Français s’apprêtent à se rendre aux urnes le 10 avril prochain pour sélectionner deux finalistes parmi les 11 candidats à l’élection présidentielle, puis le 24 avril pour choisir la meilleure politique pour leur pays pour les cinq prochaines années. Car, au-delà de l’identité de la personne élue, ce qui compte c’est ce qui est proposé aux Français pendant le quinquennat à venir.

Depuis le Canada, il m’est difficile de me faire une idée sur un quelconque diagnostic et je me sens perdue entre les sondages aux résultats qui peuvent varier du simple au double, notamment en les comparant aux études d’opinion publiées en France qui semblent, elles, biaisées selon un ami français. Celui-ci affirme, comme tant d’autres électeurs, que les médias et les instituts de sondage sont acquis au président sortant et de ce fait, le présentent comme le vainqueur du duel qui l’opposera au second tour à la candidate du Rassemblement National. Mais mes interlocuteurs ajoutent aussitôt que le bilan du président Macron ne plaide pas en sa faveur et qu’il n’est pas certain que ce qu’il propose aux Français pour les cinq prochaines années les convainquent réellement. « Son programme n’est que le prolongement de ce qu’il n’a pas réalisé depuis 2017 ! » affirment-ils. « Pis encore, s’il est réélu, il doit tout faire pour combler les déficits qu’il a contribué à creuser avec « le quoi qu’il en coûte ». Autrement dit, on peut s’attendre à un nivellement par le bas et à un appauvrissement généralisé ». C’est surtout l’avis de plusieurs maires de communes moyennes qui sont littéralement spoliées par l’Etat. Selon eux, « le piètre bilan du président sortant l’empêche de débattre en direct avec ses concurrents ». En face, la seule candidate qui a à son actif une gestion efficace de la plus importante région de France est Valérie Pécresse. L’Île-de-France était pourtant une région très endettée et mal gérée. Valérie Pécresse l’a remise en ordre de bataille et en a fait un véritable joyau.

« Mais ne nous leurrons pas. L’élection présidentielle ne se fait pas seulement sur les enjeux franco-français, mais aussi et surtout sur la politique étrangère », affirme un élu du terrain. Un autre élu d’origine libanaise confirme ces propos et va même plus loin en affirmant que « sur ce plan, le président Macron s’est comporté comme un véritable amateur en politique étrangère. De l’amateurisme doublé d’une communication implacable qui tend à berner les Français » met-il en garde. Et d’expliquer que « Macron a dilapidé toute l’estime qu’il avait gagnée au Liban en se rendant à deux reprises à Beyrouth au lendemain de l’explosion du port.

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Son initiative a échoué car il a commis l’erreur de tendre la main au Hezbollah et refusé de le placer sur la liste des organisations terroristes, sa vraie place. Il ne peut pas prétendre lutter contre l’antisémitisme tout en tolérant l’antisémitisme du Hezbollah qui est son ADN, sa raison d’être et son fonds de commerce.

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Or, comme avec ses prédécesseurs, la main tendue a été mordue et la France est en train de tout perdre au Pays du Cèdre. Les millions d’euros débloqués pour les écoles francophones sont indispensables, mais restent insuffisants s’ils ne sont pas suivis d’une action politique majeure en faveur de la souveraineté du Liban qui, malgré tous ses malheurs, considère toujours la France comme sa tendre mère ».

« Le président Français a également échoué au Mali, (cliquer ici/Leggi anche) où il a lamentablement cédé face à Poutine et ses mercenaires de la compagnie Wagner » (cliquer ici/Leggi anche), ajoute un analyste en géopolitique parisien, sans oublier d’évoquer la brouille montée de toutes pièces avec l’Algérie, à l’automne dernier. « En critiquant le régime algérien et en affirmant que la nation algérienne n’existait pas avant la colonisation française, le locataire de l’Elysée cherchait sciemment à couper l’herbe sous les pieds de Marine Le Pen et Eric Zemmour, qui font de l’immigration leur cheval de bataille. On le voit aujourd’hui qui caresse l’Algérie dans le sens du poil, y envoie Jean Castex, à deux semaines du premier tour. L’objectif, c’est de séduire l’électorat d’origine algérienne », explique notre interlocuteur. Un économiste renchérit que « l’amateurisme des dirigeants français de cette dernière décennie s’est exprimé à travers le désengagement du géant gazier français ENGIE de l’Algérie pour se recentrer sur les énergies renouvelables. Ce fut une erreur stratégique majeure qu’on découvre aujourd’hui avec la crise ukrainienne et la menace énergétique qui plane sur l’Europe. En quittant l’Algérie, ENGIE a failli à la sécurité énergétique de la France ».

Ces cafouillages, les reculades devant la Russie et les compromissions avec Vladimir Poutine en Syrie, en Crimée, au Mali, (cliquer ici/Leggi anche) en Libye et en Afrique en général (cliquer ici/Leggi anche) ont encouragé le chef du Kremlin à attaquer l’Ukraine. Aujourd’hui, on découvre que la France a continué à fournir du matériel militaire à la Russie et que sa politique étrangère l’a rendue particulièrement vulnérable.

En face, Valérie Pécresse ne cesse de critiquer Poutine et sa politique et ne cache pas son soutien à l’Arménie. « Mais cela ne suffit pas », souligne un ancien diplomate libanais. Car, ajoute-t-il, « elle défend les Chrétiens d’Orient, mais elle doit se démarquer de certaines voix qui prétendent défendre les Chrétiens d’Orient en voulant confier cette protection à leur bourreau. Pour recueillir les 210.000 électeurs d’origine libanaise, Valérie Pécresse doit avoir le courage – comme elle nous y a toujours habitués – à dire haut et fort que les agresseurs des Chrétiens d’Orient sont les alliés de Poutine, l’agresseur de l’Ukraine. Ce sont le Hezbollah, le régime syrien et l’Iran. Et leur menace ne vise pas seulement les Chrétiens d’Orient, mais toutes les autres minorités, ainsi que la présence française au Levant. Il est temps de classer le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes sans distinction entre ses ailes politiques et militaires. Car leur doctrine est inchangée depuis des décennies : ils utilisent la France et l’Europe comme un tremplin pour atteindre les Etats-Unis. La signature imminente d’un accord sur le nucléaire iranien à Vienne renforcera considérablement la République islamique et ses alliés dont Vladimir Poutine est le parrain (cliquer ici / Leggi anche). Ces dirigeants-amateurs renforcent leurs adversaires », constate-t-il.

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Selon notre interlocuteur, « l’échec de l’initiative de Macron au Liban prouve ces propos. Malgré le soutien de certains électeurs d’origine libanaise aux idées de l’extrême droite, Marine Le Pen et Eric Zemmour sont plombés par leur sympathie affichée à l’égard de Vladimir Poutine et Bachar Al-Assad. Ils prétendent que ces deux dictateurs luttent contre l’islamisme et se laissent aveugler par leurs capacités à manipuler et exploiter les groupes terroristes. Il est temps que Valérie Pécresse se distingue de la mollesse de Macron et des fausses idées de Le Pen et de Zemmour et qu’elle fasse preuve de fermeté en politique étrangère semblable à sa fermeté à mener les réformes indispensables en politique intérieure ». En attendant, elle est la seule candidate à inspirer confiance aux électeurs d’origine libanaise, particulièrement déçus des gesticulations de Macron et de ses compromissions ».

Sanaa T.

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