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Israël-Gaza: la véritable cible du Hamas est MBS

(Paris, Rome, 07.10.2023). Aujourd’hui, les micros et les caméras sont braqués sur le sud d’Israël, c’est l’actualité qui l’impose. Mais ceux qui ont besoin de comprendre savent que l’attaque du Hamas aurait un impact sur une prise de décision israélienne violente aboutirait à une recomposition du front islamique

Pour comprendre dans un sens ultime les événements dramatiques de ces heures en Israël, il faut remonter quelques jours en arrière et concentrer notre attention sur une date précise : le 26 septembre, écrit Roberto Arditti dans son décryptage dans les colonnes du quotidien «Formiche».

Ce jour-là, le ministre israélien du Tourisme Haïm Katz atterrit à Riyad pour participer à un événement organisé par les Nations Unies, montrant fièrement au monde entier la première (et historique) visite en Arabie Saoudite d’un membre du gouvernement israélien.

Sur ce thème : Ce qui est derrière la visite historique du ministre israélien en Arabie Saoudite

Mais attention, quelque chose d’autre se produit ce jour-là. Autrement dit, l’arrivée en Cisjordanie de Nayef al Sudaïri, envoyé spécial saoudien, certainement une coïncidence temporelle résolument souhaitée et calculée.

Lire aussi : L’Arabie Saoudite cherche à rassurer les Palestiniens sur les négociations avec Israël

« La question palestinienne est un pilier fondamental », a-t-il déclaré aux journalistes après avoir rencontré le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Maliki à Ramallah. « L’initiative arabe, présentée par l’Arabie saoudite en 2002, est au centre des discussions en cours ».

Mais quel est ce plan mentionné par l’envoyé de MBS (Mohammed ben Salman) ? Il prévoit essentiellement la normalisation des relations avec Israël en échange de son retrait de Cisjordanie, de Jérusalem-Est, de la bande de Gaza et du plateau du Golan. Un plan qui, faut-il le rappeler, n’a jamais beaucoup progressé en raison de la froideur de tous les acteurs concernés, y compris Israël. Ce projet initié depuis plus de 20 ans reflète indubitablement une impuissance politique majeure.

Quoi qu’il en soit, la visite à Ramallah est historique, du moins dans un sens relatif, puisqu’aucune délégation saoudienne ne s’y était rendue depuis une trentaine d’année.

Le rapprochement d’Israël avec l’Arabie Saoudite est donc le point central de tension pour l’ensemble de la région. Certains dirigeants palestiniens ont qualifié ces accords de « trahison de leur lutte pour obtenir un État », et le président palestinien Abou Mazen, âgé de 87 ans, a lui-même déclaré qu’il avait de sérieux doutes quant à l’établissement de liens entre les pays arabes et Israël. « Quiconque pense que la paix peut être réalisée au Moyen-Orient sans que les Palestiniens aient un État, sera déçu », a-t-il déclaré il y a dix jours à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York.

Mais aujourd’hui, nous nous trouvons déjà dans un nouveau scénario, qui est devenu un scénario de guerre.

Laissons de côté les implications internes de la politique israélienne (l’attaque du Hamas finira par aider Netanyahu) et concentrons-nous sur les aspects internationaux.

Là, un constat s’impose : les forces qui souhaitent mettre en déroute tous les partisans de l’équilibre économico-politique sont en action et elles le font avec une violence d’un genre nouveau, bien représentée par l’imposant effort militaire mis en œuvre par le Hamas, sans précédent dans toute l’histoire de ces terres tourmentées.

Disons la vérité dans son essence brutale : le Hamas existe parce qu’une communauté internationale, à l’intérieur et à l’extérieur du monde islamique, soutient ses actions financièrement, militairement et en termes de renseignement et, notamment, maintient en vie ses principaux représentants. Un réseau qui implique, certes l’Iran, mais qui va probablement beaucoup plus loin, car il suffit de regarder l’activité des différents groupes en Afrique pour comprendre à quel point sont actives les forces qui s’opposent à tout processus de paix et à tout accord visant à stabiliser les situations, dans un continent où sont désormais au pouvoir presque exclusivement des militaire (souvent aidées par des unités de mercenaires russes).

Aujourd’hui, les micros et les caméras sont braqués sur le sud d’Israël, l’actualité l’impose. Mais ceux qui ont besoin de comprendre, savent que l’attaque du Hamas vise Riyad, espérant une violente réaction israélienne comme instrument de recomposition du front islamique.

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