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Ce qui est derrière la visite historique du ministre israélien en Arabie Saoudite

(Paris, Rome, 26.09.2023). Haïm Katz s’est rendu à Riyad pour une conférence des Nations Unies sur le tourisme. Le dialogue entre les deux pays se poursuit, tandis que les Saoudiens envoient une délégation à Ramallah

Pour la première fois, un ministre israélien mettait les pieds en Arabie Saoudite. Haïm Katz, ministre du Tourisme, a atterri à Riyad pour participer à une conférence de l’Organisation des Nations Unies pour le tourisme (OMT). « Le tourisme est un pont entre les nations », a déclaré l’homme politique de l’État hébreu. «La coopération dans ce domaine a le potentiel d’unir les cœurs et de favoriser le progrès économique». «Je travaillerai à promouvoir la coopération, le tourisme et les relations étrangères d’Israël», a-t-il dit, tel que rapporté par Filippo Jacopo Carpani dans les colonnes du quotidien «Il Giornale».

Le voyage de Katz s’inscrit dans le climat politique général de détente entre les nations musulmanes et Israël. L’Arabie saoudite suit en effet la voie de la normalisation avec Tel-Aviv, grâce à la médiation de Washington qui vise à établir des relations bilatérales formelles entre ses deux alliés au Moyen-Orient, comme cela s’est déjà produit avec le Maroc, les Émirats arabes unis et Bahreïn.

Il convient de rappeler qu’en mars de cette année, Riyad avait refusé de délivrer des visas à une délégation israélienne pour un événement similaire de l’OMT.

« Notre venue en Arabie saoudite fait suite à deux événements : d’une part, la sélection de l’État d’Israël pour faire partie de l’équipe décisionnelle qui déterminera si l’Arabie saoudite accueillera l’Expo 2030, et de l’autre, l’Assemblée générale de l’ONU, à l’issue de laquelle nous avons reçu le message que des visas avaient bel et bien été délivrés pour nous par le royaume. Nous sommes ainsi entrés en Arabie Saoudite par la grande porte. J’avais dit que si j’allais dans le pays ce serait de manière officielle au nom de l’État d’Israël, et c’est ce qui s’est passé », a déclaré Haim Katz sur la chaîne 12, quelques heures après son atterrissage à Riyad, rapporte la presse israélienne.

La volonté de conciliation des États-Unis est saluée par l’Arabie saoudite. Le prince héritier Mohammad Bin Salman a déclaré à Fox News que son pays se rapprochait d’un accord avec Israël, mais a maintenu que la cause palestinienne restait « très importante » pour Riyad. En effet, tandis qu’Haïm Katz débarquait dans le Royaume, une délégation saoudienne se rendait à Ramallah, la capitale de facto de la Palestine. « Cette question est pour nous un pilier fondamental », a commenté Nayef al-Sudairi, le nouvel ambassadeur d’Arabie saoudite (non-résident) auprès de l’Etat fondé par Yasser Arafat en 1988. « Et il est certain que l’initiative arabe, présentée par le royaume en 2002, est la pierre angulaire de tout accord à venir ».

A lire : L’Arabie Saoudite cherche à rassurer les Palestiniens sur les négociations avec Israël

Il s’agit de la référence à l’accord proposé par Riyad à Israël : normalisation des relations en échange du retrait d’Israël de Cisjordanie, de Jérusalem-Est, de Gaza et du plateau du Golan, et la réalisation d’une solution juste à la question palestinienne. La délégation de Sudairi est la première à se rendre dans les territoires contrôlés par Ramallah depuis la signature des accords d’Oslo en 1993, qui étaient censés constituer le premier pas vers la création d’un véritable Etat palestinien. Des années d’impasse dans les négociations et de violence ont cependant rendu le travail diplomatique impossible.

L’établissement de canaux de communication formels entre l’Arabie saoudite et Israël n’est pas bien accueilli à Ramallah. En fait, nombreux sont ceux qui considèrent qu’il s’agit d’une trahison de leur cause. A l’Assemblée générale des Nations Unies, le président Mahmoud Abbas (Abou Mazen) a clairement exprimé la position de l’Autorité palestinienne : «Quiconque pense que la paix peut prévaloir au Moyen-Orient sans que le peuple palestinien jouisse de ses droits nationaux pleins et légitimes se trompe lourdement».

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