(Rome, 11 novembre 2021). L’événement organisé par le président français Emmanuel Macron vise à donner un souffle international au rendez-vous
La Conférence internationale sur la Libye se tient demain à Paris, un événement organisé par le président français Emmanuel Macron pour faire pression en faveur des élections présidentielles prévues le 24 décembre, date symbolique du 70e anniversaire de l’indépendance du pays d’Afrique du Nord. Selon l’agence «Nova News», l’événement se tiendra à la Maison de la Chimie, un centre de conférence situé dans le septième arrondissement de la capitale. Le chef de l’Etat français entend donner un souffle international au rendez-vous, le septième organisé pour résoudre la crise libyenne après les réunions de Paris (mai 2018), de Palerme (novembre 2018), d’Abou Dhabi (mars 2019), Berlin 1 (janvier 2020), Berlin 2 (juin 2021) et de Tripoli (octobre 2021). La conférence sera coprésidée par l’Italie, en présence du Premier ministre Mario Draghi, de la chancelière allemande Angela Merkel, des Nations Unies et de la Libye, avec le président du Conseil présidentiel libyen, Mohammed Al Menfi, et le Premier ministre Abdelhamid Dabaiba. Des doutes subsistent quant à l’éventuelle participation de la ministre des Affaires étrangères du gouvernement d’union nationale libyenne, Najla el Mangouch. Cette dernière a été suspendue par le Conseil présidentiel et sanctionnée par une interdiction de voyager, avant d’être réintégrée peu après par le gouvernement.
La liste détaillée des participants n’a pas encore été fournie. Le vice-président des États-Unis, Kamala Harris, le président égyptien, Abdel Fattah al Sissi, et le ministre des Affaires étrangères de la Russie, Sergej Lavrov, seront présents. La Tunisie (présente avec la nouvelle première ministre Najla Bouden), le Niger et le Tchad participeront également à la conférence. La représentation de la Turquie, qui pourrait boycotter l’événement, n’est pas encore claire (s’il y en aura une). De son côté, l’Algérie, en pleine crise diplomatique avec la France, devrait participer «uniquement» avec son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. Bien que Macron souhaiterait « la participation du président algérien » Abdelmajid Tebboune car Alger est « un acteur important dans la région », a souligné l’Elysée.
L’initiative a été annoncée par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian en septembre lors de l’Assemblée générale des Nations Unies. Bien que seulement deux mois se soient écoulés, le scénario a radicalement changé depuis lors en Libye. Il est vrai que la réunion de demain aura lieu alors que le processus électoral en Libye est déjà en cours, mais il n’existe aucun accord entre les partis libyens sur les modalités des élections législatives et présidentielles. Selon des sources de l’Agence «Nova», le projet final de la conférence, préparé par la France et l’Egypte, soutiendra l’organisation « d’élections législatives et présidentielles simultanées ». Traduit du jargon diplomatique, cela signifie que Paris et Le Caire font pression pour des élections «éclaires» avec un premier tour de la présidentielle le 24 décembre et un second tour le 20 février en simultané avec les législatives, avec un réel risque de polluer le climat électoral tôt début 2022.
Le processus électoral libyen doit être « incontestable et irréversible », a déclaré l’Elysée, soulignant l’importance de respecter le calendrier. « Les élections sont à portée de main. Un mouvement fort est en cours en Libye pour qu’elles soient tenues », a poursuivi la présidence française. Paris veut donc des élections à tout prix, mais le risque est qu’un nouveau conflit éclate si une partie des acteurs libyens ne reconnaît pas la légitimité du scrutin. Paris se montre conscient des éléments «en embuscade» qui tentent de «faire dérailler le processus électoral», explique l’Elysée, et réaffirme à ce titre l’importance de maintenir ferme la feuille de route. Parmi les facteurs décisifs pour la résolution de la crise, Paris met en avant le retrait des mercenaires russes de Wagner et des forces envoyées par la Turquie, composées majoritairement de Syriens, de Soudanais et de Tchadiens. Pour Macron, l’engagement de Rome et de Berlin est fondamental afin d’impliquer l’Union européenne dans une tentative de faire pression sur Ankara et Moscou précisément dans ce sens.
Mais les obstacles au processus électoral sont principalement internes en Libye, où le scénario politique devient de plus en plus tendu. Le Premier ministre Dabaiba et les milices de Tripoli rejettent la loi électorale promulguée par la Chambre des représentants libyenne basée à Tobrouk. En particulier, l’article 12 de la loi précitée oblige les candidats à démissionner de leur fonction publique trois mois avant la tenue du scrutin, bloquant ainsi l’entrée du premier ministre dans les élections présidentielles. Des sources libyennes expliquent à «Nova» que le chef du gouvernement réfléchit à l’idée de faire appel pour participer aux élections présidentielles. De son côté, le chef du Haut Conseil d’Etat libyen (le « Sénat » de Tripoli dominé par les islamistes), Khaled al Mishri, appelle à un référendum sur la Constitution, qui conduirait inévitablement au report du scrutin prévu pour le mois prochain.