Irak: les tensions reprennent à Nassiriya

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(Rome, 15 janvier 2021). Environ une semaine après les dernières manifestations, les forces irakiennes ont commencé à se déployer dans le centre de la ville méridionale de Nasiriya, craignant une nouvelle escalade.

Selon le journal al-Araby al-Jadeed, dans la matinée du vendredi 15 janvier, des hommes armés non identifiés ont fait exploser une bombe devant le domicile d’un activiste irakien vivant à Nasiriya, la capitale du gouvernorat de Dhi Qar. L’épisode, souligne le journal, est une indication des menaces continues posées aux militants et manifestants irakiens, qui se préparent à redescendre dans la rue. Déjà le 8 janvier, la capitale du sud a été témoin de violentes manifestations, qui ont éclaté à la suite de l’arrestation d’un militant civil, Ihsan al-Hilali, le 5 janvier. En effet, il y a eu de nombreuses arrestations ou assassinats de représentants de ce mouvement né le 1er octobre 2019, lors du déclenchement des manifestations qui ont caractérisé les régions du sud de l’Irak et qui ont conduit à la chute du gouvernement alors en fonction, dirigé par Adel Abdel Mahdi.

Depuis le matin du 15 janvier, les forces de sécurité irakiennes se sont déployées dans différents quartiers de la ville, dont la place centrale, Habboubi, considérée comme le cœur de la mobilisation. Après les violentes manifestations qui ont causé la mort d’un policier, ainsi que la blessure d’environ 33 personnes, dont des manifestants et des forces de l’ordre, ces derniers jours, les habitants de Nassiriya avaient accepté une trêve, à condition que d’autres militants pacifiques ne soient pas arrêtés. Cependant, comme le rapportent les commentaires exprimés sur les réseaux sociaux, l’explosion du 15 janvier a révélé que, en réalité, la trêve était une « tromperie fatale ».

La colère des citoyens irakiens est alimentée par «l’incapacité du gouvernement», actuellement dirigé par Moustafa al-Kadhimi, qui semble incapable de tenir ses promesses de réforme, et encore moins de garantir la sécurité des manifestants et des militants qui continuent de manifester leur mécontentement de manière pacifique, mais ils sont plutôt victimes de menaces, d’enlèvements, de tortures et d’assassinats par des groupes non encore identifiés. A cet égard, un député irakien, Faik Sheikh Ali, a critiqué le silence du gouvernement, qui n’a pas encore traduit en justice «les tueurs et les criminels» responsables des violations contre les militants.

En réalité, al-Kadhimi, le 29 novembre 2020, avait décidé de mettre en place une équipe d’urgence, affiliée au gouvernement central, visant à protéger les manifestants pacifiques, les institutions étatiques et la propriété privée, après Dhi Qar il avait été témoin de violentes manifestations organisées par le mouvement « sadriste », à l’invitation de son chef, Moqtada al-Sadr. L’équipe, dirigée par le conseiller à la sécurité Qassem al-Araji, et composée d’autres responsables irakiens, visait à ouvrir des voies de dialogue avec des groupes de manifestants et à maintenir la situation sous contrôle. Cependant, la situation a commencé à se détériorer ces dernières semaines, à la lumière des arrestations et des meurtres en cours.

Pendant ce temps, les autorités irakiennes sont en train de préparer les élections anticipées prévues pour le 6 juin 2021. Le prochain tour des élections aura lieu sur la base d’une nouvelle loi votée par le Parlement, qui verra la taille des districts réduite et les votes des candidats individuels à la place des votes précédents basés sur des listes. Le 14 janvier, al-Kadhimi, le chef de l’Etat Barham Salih, et le président du Parlement Mohamed al-Halbousi ont tenu une réunion avec la commission électorale indépendante, en présence du représentant de l’ONU, afin d’établir le les prochaines étapes à suivre. En effet, il est prévu que le Parlement devra être dissous, conformément à l’article 64 de la Constitution, et le Président de la République pourra ainsi convoquer des élections politiques dans un délai maximum de 60 jours. Avant les élections, cependant, il est nécessaire de ratifier une loi sur la Cour fédérale, organe essentiel pour la future approbation des résultats des élections.

Piera Laurenza. (Sécurité internationale)