Le Hirak algérien fête sa première année. Sa deuxième confirmera-t-elle les acquis de la première?

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Les Algériens célèbrent ce vendredi 21 février le premier anniversaire de leur soulèvement, appelé depuis Hirak. Le Pacte de l’Alternance Démocratique (PAD) appelle tous les citoyens à réaliser une démonstration de force, ce vendredi 21 et demain 22 février, pour rappeler au pouvoir que le peuple ne se contente pas des changements de façade opérés depuis un an.

Le PAD invite en effet l’ensemble des Algériens à se mobiliser en masse lors de cet anniversaire, pour mettre en échec le projet de recyclage du régime. Car, depuis le début du soulèvement pacifique, le régime ne cesse de tenter de se régénérer et d’opérer des changements cosmétiques pour se maintenir au pouvoir. Sous la pression du Hirak, l’ancien président Bouteflika a été contraint par le « cœur du régime » qui est l’armée, qui est monté au front pour diriger en sous-main la phase transitoire. L’armée, alors dirigé par l’associé de Bouteflika, Gaëd Saleh, a organisé des élections présidentielles le 12 décembre, après deux reports et fait élire Abdelmadjid Tebboune. Pour le PAD, Tebboune n’est que la vitrine civile du pouvoir militaire qui se poursuit depuis 1962. Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), affirme en effet que « le président Tebboune n’a aucune légitimité, car il est élu avec un score officiel de 58% des électeurs. Mais le régime omet de reconnaître que seuls 10% des électeurs ont participé au vote. Ce qui revient à dire que Tebboune est élu avec 6% des Algériens ».

Quoi qu’il en soit, « l’armée est retournée dans ses caserne, en plaçant un civil à la tête de l’Etat. C’est un retour à la case départ, à la situation qui prévalait avant le 22 février 2019 », souligne Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center, citée ce matin par le quotidien « Al-Quds Al-Arabi ». Elle ajoute que « le régime s’est régénéré, avec une façade constitutionnelle et démocratique, mais qui reste réellement entre les mains des militaires. Le régime a des capacités insoupçonnées à se transformer sans changer. Il faudra attendre plusieurs années pour tester sa résilience ».

Cependant, Ghanem pense que « le régime va se contenter de distribuer quelques miettes et de faire quelques concessions politiques sous forme de réformes cosmétiques. Mais avec la persistance de la crise financière, de la baisse de la production pétrolière, de la chute des prix des hydrocarbures, et du recul des réserves de change, Alger a de moins en moins de moyens financiers pour acheter la paix civile et investir dans des projets productifs, créateurs d’emplois et générateurs de richesses ». Ce qui promet de relancer le Hirak et de le contraindre, au cours de sa deuxième année, à se structurer. De sa capacité à mobiliser pendant son anniversaire dépendra son avenir. Sa réorganisation en mouvement politique en vue de participer aux prochaines législatives (anticipées ou non) risque de fissurer le mouvement, ce qui permettrait au régime de le diviser pour mieux l’étouffer.

En tout état de cause, le Hirak a réussi à neutraliser l’arme préférée du régime durant sa première année. Car en défendant son caractère pacifique, malgré les provocations, la répression et les arrestations, il a empêché le régime de recourir à l’usage excessif de la force. Le régime a en effet tenté de justifier « la violence étatique » qui est par définition tolérée, à la violence populaire assimilée au « terrorisme ». Mais jusqu’à quand réussira-t-il dans ses manœuvres et manipulations? Dalia Ghanem estime à cet égard que « ce qui s’est passé en Algérie depuis un an est une matière à enseigner. La deuxième année pourra le confirmer ou l’infirmer ».