Liban: le Hezbollah désigne Sleiman Frangié comme candidat à la présidence de la République

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(Rome, 06.03.2023). L’ancien ministre, le maronite et chef du mouvement pro-syrien Al-Marada, Sleiman Frangié, est le candidat choisi par le groupe chiite libanais pro-iranien Hezbollah pour la présidence de la République. Cela a été annoncé aujourd’hui par le chef du « Parti de Dieu », Hassan Nasrallah, rapporte l’agence italienne «Nova». La semaine dernière, le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a également exprimé son soutien à Frangié, un allié du tandem chiite formé par le Hezbollah et le mouvement Amal dirigé par Berri lui-même. Dans une interview accordée à un quotidien local, M. Nabih Berry, avait franchi un cap dans la bataille présidentielle, affirmant explicitement que son candidat est « connu, il s’agit de Sleiman Frangié ».

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Depuis des mois, les Libanais attendent la position officielle du Hezbollah, jusqu’ici connu mais pas explicité. Le soutien du Hezbollah à Frangié pourrait saper les liens du parti avec le Courant patriotique libre (CPL, fondé par l’ancien président Michel Aoun), dont le leader Gebran Bassil est le principal rival politique de Frangié.
Bassil a été sévèrement critiqué par Nasrallah, qui lui a reproché d’accuser son parti de corruption et de trahison. «À chaque fois que Bassil est contrarié, lui ou les cadres de son parti, nous attaquent dans les médias. Nous avons choisi de ne pas répondre, mais cela ne signifie pas que nous ne savons pas le faire. Nous ne tolérerons plus ce genre de comportements car nous ne lavons pas notre linge sale en public», a-t-il matraqué.

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« L’approbation par le Hezbollah de la candidature de Frangié aujourd’hui ne signifie pas que le parti renonce au document d’entente (signé en 2006 entre le parti chrétien maronite CPL et le Hezbollah) ou qu’il s’en retire », a déclaré Nasrallah. « Nous apprécions cette entente, cette amitié et cette relation avec le CPL », a insisté le leader chiite, ajoutant toutefois que « ce document d’entente ne nous a pas transformés en un seul parti. Nous sommes toujours deux entités distinctes et rien ne nous oblige à nous mettre d’accord sur un président ou un Premier ministre ». Et Nasrallah d’ajouter : « Nous n’accepterons pas qu’un président soit imposé par l’étranger et nous n’accepterons pas de veto. Par contre nous acceptons de l’aide pour rapprocher les points de vue sans problème ». Jusqu’à présent, sur les onze tours électoraux organisés au Parlement depuis septembre 2022, Frangié n’a obtenu qu’une seule voix : le Hezbollah et son allié, le mouvement Amal, ayant toujours voté blanc.

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Le Liban est sans président depuis la fin du mandat de l’ancien président Michel Aoun, le 31 octobre 2022. Frangié n’a jamais annoncé officiellement sa candidature, mais a manifesté son intérêt pour le poste. Comme de nombreuses personnalités politiques au Liban, Frangié est également issu d’une dynastie d’hommes politiques : son grand-père et homonyme était président de la république lorsque la guerre civile libanaise entre 1975 et 1990 a éclaté.

La Constitution du Liban, qui a vu le jour à l’époque coloniale (sous-mandat) française, établit l’appartenance de chaque citoyen à une communauté religieuse spécifique. Le communautarisme politique permet ainsi à toutes les communautés d’être équitablement représentées au Parlement. Il s’agit d’un pacte non écrit, conclu en 1943, qui réserve le poste de président à un maronite, celui de premier ministre à un sunnite et la présidence de la Chambre des députés à un chiite.

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La semaine dernière, le principal pilier des souverainistes et chef du parti de droite des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, leader du premier groupe parlementaire, un autre candidat (naturel) à la présidence, a mis en garde contre le risque pour le pays découlant du soutien du Hezbollah à Frangié, annonçant le boycott de son parti du vote parlementaire pour élire un nouveau président.

Rappelons que ce haut dirigeant libanais, arrivé en tête des dernières élections législatives, s’est déclaré prêt à ne pas être candidat, pour permettre au Pays du Cèdre d’avoir un Président qui puisse enfin sortir le pays de la crise terrible qu’il traverse et du joug du Hezbollah et de l’Iran.

Dans une interview accordée au journal panarabe saoudien « Asharq al Awsat », M. Geagea a déclaré : «Si le candidat du Hezbollah est élu, cela isolerait davantage le Liban du monde arabe et de l’Occident. Tous les appels au dialogue du Hezbollah sont faux et trompeurs. Lorsque (le Hezbollah) appelle au dialogue, ce qu’il veut vraiment, c’est discuter de la nomination (à la présidence) de son allié, le chef du mouvement Al-Marada, Sleiman Frangié».

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La candidature de Frangié divise depuis longtemps la communauté chrétienne maronite et est entravée par des composantes de mouvements de droite.

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Il convient de rappeler que la ligne de Samir Geagea, (qui, jour après jour gagne en crédibilité), et des Forces Libanaises, dérange et met à nu leurs adversaires qui cherchent à les déstabiliser et éliminer le dernier obstacle à l’effondrement du Liban moderne et à son annexion par l’axe iranien ; Ce qui fait du leader des FL, le sauveur de la République et lui donne la stature d’un homme d’Etat face à des nains politiques.