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Liban: le Hezbollah vise les réserves d’or de la Banque centrale. Comment sauver le pays de l’iranisation ?

(Sanaa T. Montréal, 02 mars 2023). Le très courageux Bakhos Baalbaki dit tout haut ce que les Libanais pensent tout bas, et il a tout à fait raison de mettre en garde contre la stratégie d’iranisation systématique du Liban menée par le Hezbollah depuis sa création. Sans détour, il s’agit d’un appel aux Libanais les invitant à organiser leur résistance pour sauver ce qui peut encore l’être, notamment la Banque centrale, la politique monétaire et les réserves en or du Liban.

Dans un réquisitoire qui a circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux, Bakhos Baalbaki affirme que « l’heure est grave, même très grave ». Il explique en effet comment « le Hezbollah profite de la vacance présidentielle pour viser le contrôle de la Banque centrale du Liban ». Selon l’auteur, « le vide présidentiel doit se prolonger jusqu’à ce que le duo chiite (Berri-Nasrallah) mette la main sur la politique monétaire et les réserves d’or du pays du Cèdre ». Et d’ajouter, à raison, que « le candidat de la milice libanaise à la magistrature suprême n’est pas Sleimane Frangié. Non, Hassan Nasrallah ne fait pas tout son possible pour le faire élire, loin de là. La première option de Nasrallah est et le restera la vacance du pouvoir » qui lui permet, avec la complicité de certains collabos, de « saboter le pacte islamo-chrétien fondateur de 1943, en vue de pousser le pays du Cèdre un pas de plus sur la voie de l’iranisation et mettre la première pierre dans l’édification de la République islamique chiite du Liban ».

Baalbaki poursuit son réquisitoire : « Aujourd’hui, la bataille du Hezbollah se concentre sur le contrôle de la Banque centrale dont le mandat de son gouverneur arrive à échéance dans quelques mois. Le vide présidentiel rend impossible la nomination d’un successeur à Riad Salamé et la prorogation de son mandat. Son élimination permet au Hezbollah de faire d’une pierre deux coups. D’une part, transformer le gouverneur en un bouc-émissaire idéal responsable de la faillite financière du Liban en faisant oublier le rôle nuisible de l’organisation terroriste depuis 1982, responsable, avec ses complices (le mouvement Amal de Nabih Berri et le CPL de Gebran Bassil) de la dilapidation de plusieurs dizaines de milliards de dollars (guerre de 2006, razzia de Beyrouth de 2008, implication en Syrie depuis 2012, trafics, drogues, détournements, faillite du secteur électrique, explosion du port du 4 août 2020…). D’autre part, mettre la main sur la Banque du Liban et la politique monétaire du pays du Cèdre, contrôler les banques privées et le trésor national, les réserves d’or ».

« Pour y parvenir, le chef de la milice chiite libanaise Hassan Nasrallah avance sans obstacle majeur grâce à sa branche politique au pouvoir, son plus fidèle allié sans qui le Hezbollah n’est rien qu’un groupe armé ou une mafia, Nabih Berri, le président de l’Assemblée nationale libanaise, depuis 1992, et grâce à ses innombrables « idiots utiles » de toutes les confessions avec, à leur tête, Gebran Bassil, le chef du Courant patriotique libre », précise l’auteur qui met la lumière sur la stratégie de grignotage des institutions par le Hezbollah. Ainsi, explique-t-il, « Hassan Nasrallah a sacrifié l’un de ses fidèles serviteurs, le général Abbas Ibrahim, jusque-là chef de la Sûreté nationale, pour l’utiliser comme une jurisprudence afin de mettre la main sur la Banque centrale ». En effet, « la mascarade du départ à la retraite du général Ibrahim est très instructive pour bien comprendre la situation. Le poste du directeur de la Sûreté générale était réservé à un chrétien maronite de 1948 à 1998, pendant 50 ans et jusqu’à l’arrivée du collabo des collabos de la tyrannie des Assad père et fils à la présidence de la République, Emile Lahoud, un chrétien maronite. Et en un coup de baguette magique, la direction de cette institution clé est passée de Raymond Rouphaël à Jamil el-Sayyed, un musulman chiite de confession ». Fin février, Abbas Ibrahim a été simplement remercié et admis à la retraite. Le gouvernement d’expédition des affaires ne pouvant pas nommer son successeur, il a désigné le plus haut gradé de la Sûreté générale pour assurer ses fonctions par intérim. Ce scénario devrait être réédité dans cinq mois, quand le mandat de Riad Salamé prendra fin. Le gouvernement ne le reconduira pas, le plus haut gradé prendra la relève et fera l’intérim. C’est Wassim Mansouri, premier vice-gouverneur de la Banque centrale, un chiite très proche de Nabih Berri et du duo chiite ».

« Les choses vont se compliquer encore davantage. C’est que l’après-intérim du Gouverneur de la Banque centrale sera forcément lié à l’après vacance présidentielle qui sera, elle, liée à l’après-Joseph Aoun à la tête de l’armée libanaise, et ainsi de suite. En attendant la solution, le duo chiite Berri-Nasrallah mettra directement la main sur la Banque centrale du Liban et le Hezbollah contrôlera directement la politique monétaire et les réserves d’or du pays du Cèdre, alors qu’il est déjà assuré du contrôle du ministère des Finances et de la tête du Parlement et de nombreuses administrations noyautées et des services de sécurité.

En conclusion, Bakhos Baalbaki souligne que « Nous avons trois mois, et pas un jour de plus, pour montrer à cette majorité endormie de Libanais qu’il est encore temps de se réveiller s’ils espèrent préserver ce qui reste de leur pays et de leurs dépôts bancaires ». C’est un appel franc aux Libanais pour organiser leur résistance et rejoindre les souverainistes pour briser la stratégie d’iranisation du Liban.

Sanaa T.

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