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Le «navire espion» russe a-t-il opéré au large de la Sicile ?

(Rome, Paris, 15.01.2023). De grandes manœuvres navales russes au large de la Sicile ? L’analyste militaire Frederik van Lokeren, ancien officier de la Marine belge, a identifié l’arrivée en Méditerranée du navire espion le plus moderne de Moscou, le «Youry Ivanov», nous explique Andrea Muratore dans les colonnes du quotidien «Il Giornale/Inside Over».

À l’aide de techniques de renseignement open source, l’officier belge a identifié l’important navire espion de Moscou en Méditerranée et, en suivant les traces des images satellite et radio, a déclaré que le navire prendrait position en Méditerranée en entrant depuis Gibraltar, traversant la côte de la Sicile, et puis atteignant la base navale de Tartous en Syrie, le pivot stratégique du Kremlin en Méditerranée.

L’Ivanov, rappelle le quotidien «la Repubblica», est un navire amiral de la marine du Kremlin et opère sous le 007 de Moscou : « son équipement est top secret et même son nom, qui évoque officiellement un amiral, semble être un hommage au général homonyme des services secrets qui est mort mystérieusement en 2010. « Il semble avoir un système d’intelligence artificielle, capable de coordonner la collecte de données sur les émissions radio et radar ». En outre, « il dispose d’une unité de contrôle qui gère automatiquement le brouillage, autrement dit perturbation des appareils détectés ». Loin d’être un cargo clandestin ou un petit vaisseau, il s’agit d’un colosse de près de cent mètres de long équipé de systèmes d’autodéfense.

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L’Ivanov a peut-être mené des actions de renseignement naval pour voler des secrets et des informations à la base américaine de Sigonella (une importante installation contrôlée par l’armée de l’air italienne et par l’US Navy, Ndlr). De plus, ne l’oublions pas, la Sicile est l’un des pivots de la stratégie globale des Etats-Unis en tant que centre de communication mondiale en raison de son épais réseau de câbles sous-marins qui se déroulent de l’Atlantique à l’Indo-Pacifique et aboutissant à Trinacria (le nom de la Sicile pour les Grecs anciens, Ndlr). En analysant la question des câbles sous-marins, il est possible d’indiquer que l’une des missions d’Ivanov est la surveillance du réseau «stars and stripes». En effet, comme le rappelait Paolo Mauri sur ces colonnes, couper des câbles sous-marins pourrait être le premier acte d’une guerre entre grandes puissances. Et la Méditerranée serait le scénario clé pour de tels mouvements.

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Van Lokeren surveille de près les déploiements navals russes en Méditerranée. Selon ce qu’il a écrit sur Twitter, la frégate Admiral Gorshkov serait également prête à être déployée après avoir manœuvré en mer Méditerranée.

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Il semble clair que Moscou reproduit une stratégie de présence navale près des côtes des pays de l’OTAN plusieurs mois après la course maritime qui a marqué le printemps et le début de l’été, dans le but d’aligner à la fois une opération de pression stratégique que de montrer sa capacité de projection après les difficultés sur le terrain en Ukraine.

A lire : Mystère en mer de Norvège, les câbles de surveillance sous-marine ont disparu

L’amiral Ferdinando Sanfelice di Monteforte a déclaré au quotidien «Formiche» que « nous sommes revenus à une configuration de guerre froide » dans laquelle la Méditerranée est un terrain de raids et de confrontation directe. « Il y a le porte-avions américain, il y a des navires russes qui suivent le porte-avions et puis il y a encore d’autres navires russes en orbite très dangereusement près de la mer Adriatique », note l’amiral. « C’est un scénario que j’ai vécu quand j’étais un jeune officier subalterne à la poursuite de navires et de sous-marins russes : j’ai l’impression d’être revenu cinquante ans dans le temps ». Comme la première, la deuxième guerre froide frappe également aux portes de l’Italie. Et si par le passé, étaient surtout les frontières terrestres du pays frontalier de l’OTAN qui étaient concernées, aujourd’hui c’est la Grande Mer qui est concernée par la projection russe. Un défi systémique pour la sécurité nationale qui, dans la guerre de l’ombre des marines et des espions, ne peut manquer d’alerter nos appareils de sécurité.

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