Mali: selon un rapport de l’ONU, l’armée de Bamako et le groupe Wagner responsables de la mort de 33 civils

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(Rome, Paris, 05 août 2022). Selon des sources diplomatiques citées par divers médias internationaux, les corps de 29 Mauritaniens et de quatre Maliens ont été retrouvés près du village de Robinet El Ataye, dans la région centre-sud de Ségou, où ils ont été battus et emmenés le 5 mars.

L’armée malienne et le groupe paramilitaire russe Wagner ont été impliqués dans la mort de 33 civils. C’est ce qu’a dénoncé un groupe d’experts des Nations unies dans un rapport remis fin juillet au Conseil de sécurité de l’ONU, rapporte l’agence italienne «Nova News». Selon des sources diplomatiques citées par divers médias internationaux, les corps de 29 Mauritaniens et de quatre Maliens ont été retrouvés près du village de Robinet El Ataye, dans la région centre-sud de Ségou, où ils ont été battus et emmenés le 5 mars. Selon des témoins, les « soldats à la peau blanche » mentionnés dans le rapport appartiendraient au groupe Wagner, qui est officieusement présent dans le pays pour soutenir les forces armées de Bamako dans la lutte contre groupes djihadistes. La disparition des 29 citoyens mauritaniens avait alimenté à l’époque les frictions entre le Mali et la Mauritanie, Nouakchott accusant l’armée malienne d’«actes criminels récurrents» contre des citoyens mauritaniens dans la région frontalière. Bamako, pour sa part, avait rejeté toutes les accusations, affirmant qu’il n’y avait aucune preuve de l’implication de son armée. Selon «Europe1», les deux pays avaient ouvert une enquête conjointe, dont les résultats n’avaient début août pas été publiés. Un rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur le Mali, qui a été transmis fin juillet au Conseil de sécurité, lève le voile sur la mort de ces 33 civils en dressant un récit macabre qui accable l’armée malienne et des « soldats blancs ».

Le quotidien français «Le Point», indique que ces derniers feraient partie, selon un diplomate à New York à l’Agence France-Presse, des paramilitaires du groupe Wagner déployé auprès des militaires maliens depuis janvier. Bamako réfute la présence de mercenaires, évoquant la présence d’« instructeurs », tandis que Moscou affirme n’avoir rien à voir avec cette société présente au Mali sur une « base commerciale ». À 8 h 30, heure locale, le 5 mars, « un groupe de soldats blancs » est arrivé à Robinet El Ataye, village doté d’un puits fréquemment utilisé par des éleveurs maliens et mauritaniens en quête de pâturages, explique ce rapport. Les soldats « ont rassemblé les hommes, y compris les adolescents, leur ont lié les mains derrière le dos et bandé les yeux ». « Ils ont ensuite été rassemblés au milieu du village » tandis que « les femmes et les enfants ont reçu l’ordre de rentrer chez eux et ne pas regarder », dit le groupe, qui précise qu’il n’a pas pu se rendre sur place, mais qu’il a recueilli plusieurs témoignages. Les soldats déployés ont ensuite « dépouillé les maisons de toutes leurs possessions, y compris la literie, les téléphones portables, les bijoux, les ustensiles de cuisine et les vêtements ».

À 11 heures, « un groupe de FAMa », les Forces armées maliennes, « est arrivé dans le village », continue le texte. Ils « ont commencé à frapper les hommes attachés aux yeux bandés » en utilisant « les bâtons utilisés par les bergers sur leurs troupeaux ». « Les femmes », enfermées dans les maisons, « ne pouvaient qu’entendre les cris des hommes qui étaient battus », note le groupe. Les « FAMa ont ensuite libéré certains des hommes les plus jeunes, et ont emmené 33 hommes, 29 Mauritaniens et 3 quatre Maliens [touaregs] ». Après le départ des soldats à 14 heures, les femmes ont attendu le retour des hommes au village. En vain. Le lendemain, des proches ont découvert les corps à 4 kilomètres de Robinet El Ataye, expliquent les experts. « Ils avaient été abattus puis brûlés », conclut le texte. Le groupe d’experts évoque un « schéma similaire de pillage et de passage à tabac » dans cinq autres localités de la zone entre le 5 et 6 mars, sans mort d’homme néanmoins. Dans deux d’entre elles, a été fait mention par les témoins d’un « hélicoptère transportant les soldats à la peau blanche », ajoute le quotidien français. Le groupe relève que onze corps retrouvés à Robinet El Ataye auraient été remis à leurs familles par les autorités mauritaniennes, qui ont eu accès au village, comme les autorités maliennes, lors du travail de la commission d’enquête conjointe. Outre cette commission, l’ouverture d’une enquête avait aussi été annoncée par le tribunal militaire de Bamako. Les militaires, au pouvoir au Mali après deux coups d’État en août 2020 et en mai 2021, avaient néanmoins insisté sur le fait que l’armée malienne n’avait rien à voir avec ces disparitions.

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