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Sources médiatiques: l’armée malienne et le groupe Wagner ont tué entre 200 et 400 personnes à Moura

(Rome, Paris, 04 avril 2022). On parle d’un crime de guerre… Auquel, disent Libération et le site du Monde, auraient participé des soldats russes, mais pas seuls. Selon le site de la radio française «France Inter», ces paramilitaires du fameux groupe Wagner ayant accompagné l’armée malienne dans les cinq jours de terreur qu’a vécu la semaine dernière le village de Moura. Cette dernière est une bourgade d’éleveurs, prise d’assaut dimanche 27 mars, un jour de marché, par des hélicoptères et des hommes qui mitraillaient les fuyards. Ils ont ensuite fouillé les maisons, triant la population, et abattant sommairement, les hommes qui portaient la barbe ou un pantalon court ou parlaient avec un accent peul ; Trois signes qui caractériseraient les djihadistes qui rodent dans la région et viennent parfois s’approvisionner à Moura, menaçant les villageois au passage, leur intimant l’ordre de voiler les femmes, avant de repartir… Et c’est donc dans la lutte contre le terrorisme que le pouvoir malien revendique l’assaut contre Moura, où 203 terroristes seraient morts -mais les témoignages de villageois, et des organisations humanitaires que vous lisez dans Libération, et le Monde racontent plutôt un massacre de civil, entre 200 et 400 victimes de cadavres brulés, et de femmes violées…
L’agence italienne «Nova News», citant plusieurs médias français, souligne que le massacre a eu lieu lors d’une foire au bétail, dans le cadre d’une opération militaire de grande envergure.

En effet, entre le 27 et le 31 mars, les forces militaires du Mali et les milices russes du groupe Wagner, présentes dans le pays pour combattre les groupes djihadistes, ont mené un massacre dans la ville de Moura, dans la région centrale de Mopti, faisant entre 200 et 400 morts. C’est ce qui ressort des informations recueillies par le journal français « Libération », selon lesquelles le massacre a eu lieu lors d’une foire au bétail pendant une opération militaire menée à grande échelle par l’armée malienne en collaboration avec les milices Wagner présentes dans le pays pour combattre les groupes djihadistes, dans une zone où le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), lié à Al-Qaïda, est notoirement actif. Selon les mêmes sources, des hélicoptères et des militaires ont mitraillé les fugitifs et fouillaient les maisons, triant la population et tuant sommairement les hommes qui portaient la barbe ou le short ou parlaient avec un accent peul : trois signes qui caractériseraient les djihadistes présents dans la région et qui vont parfois s’approvisionner à Moura.

Selon les informations de la chaîne française «RFI», poursuit «Nova», les premiers témoignages des rescapés dénoncent des exactions à répétition : arrestations, pillages, vols, viols et exécutions sommaires. Les violences, selon les mêmes sources, ont entraîné la mort de centaines de personnes en cinq jours de ce qui selon la version fournie par les Forces armées maliennes, était une « opération militaire de grande envergure ». Selon les témoignages recueillis par « Radio France Internationale » auprès de sources civiles et sécuritaires, locales et internationales, on dénombre de nombreux cas de violences aveugles contre les habitants, ainsi que de personnes tuées ou portées disparues, notamment du fait de bombardements. Des sources font également état de fosses communes de corps brûlés et d’arrestations massives effectuées au cours de l’opération. Selon des témoignages recueillis par « Le Monde », poursuit Nova, des hélicoptères de l’armée malienne ont survolé le marché au bétail de Moura, tirant sur ceux qui tentaient de fuir, tandis que les djihadistes se débarrassaient de leurs armes et se dispersaient dans la foule. Dès leur arrivée, des soldats maliens et des combattants russes ont commencé à rassembler les hommes, en exécutant nombre d’entre eux et à fouiller les maisons pour tuer ceux qui s’y cachaient, sans faire de distinction entre djihadistes et non-djihadistes. Pour l’instant, aucun autre commentaire n’est venu des autorités maliennes, qui se sont limitées à confirmer ce qu’elles ont qualifié d’«opération militaire de grande envergure», ni de la Russie, qui n’a jamais confirmé ni démenti la présence du groupe Wagner au Mali.

Les attaques ont déjà fermement été condamnées par les États-Unis. En effet, le porte-parole du département d’État, Ned Price, s’est dit que les USA sont « préoccupés par le fait que de nombreux rapports suggèrent que les auteurs étaient des forces irresponsables du groupe Wagner soutenu par le Kremlin » et que l’armée malienne « a pris pour cible des éléments de groupes extrémistes violents connus », qui illustrent « l’urgente nécessité pour les autorités de transition du Mali de garantir un accès libre et sûr à des enquêteurs impartiaux dans la zone ». Une vive condamnation est également venue du Haut Représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité, Josep Borrell, selon laquelle, en aucun cas la lutte contre le terrorisme ne pouvait justifier des violations massives des droits de l’homme. « Les informations selon lesquelles des opérations menées par les forces armées maliennes accompagnées d’éléments russes ont causé la mort de centaines de personnes dans le village de Moura, dans la région de Mopti, au début de la semaine dernière sont très préoccupantes. Ces nouvelles allégations d’abus, faisant suite aux événements de Nampala, Dogofry et Diabaly sur lesquels aucun élément d’enquête n’a encore été rendu public, fragilisent encore plus la stabilité et mettent en danger la coexistence entre les différentes communautés », a écrit M. Borrell dans une note. « Il est essentiel que la Minusma ait accès à la scène des événements pour soutenir les autorités de transition dans leurs investigations. Il est également essentiel que les conclusions de ces enquêtes soient rendues publiques afin que les responsables soient traduits en justice », a-t-il ajouté. « En aucun cas, la lutte contre le terrorisme ne peut justifier des violations massives des droits de l’homme. Le comportement exemplaire de l’État et de ses forces de sécurité, dont le mandat premier est de protéger les populations civiles, ne peut faire l’objet d’exceptions. L’impunité doit être sévèrement combattue et avec la plus grande urgence », a conclu Josep Borrell.

Le massacre a eu lieu après que l’armée malienne a reçu la semaine dernière deux hélicoptères de combat et deux systèmes radar sophistiqués de Russie pour renforcer sa lutte contre les militants islamistes. La livraison, précise l’armée de Bamako dans une note, a été reçue par le ministre malien de la Défense Sadio Camara, l’un des hommes forts de la junte militaire au pouvoir, et est « le fruit d’une collaboration sincère et de longue date ». L’équipement, livré à la base militaire de l’aéroport de Bamako, se compose « d’hélicoptères de combat, de radars de dernière génération et de nombreux autres matériels nécessaires à la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme », précise l’armée. Parmi les véhicules livrés, figurent également cinq camions de transport, tandis que parmi les équipements, il y a un radar 59N6-TE, comme l’a déclaré Camara. « Ce radar est capable de détecter en 3D des objets volant à des vitesses allant jusqu’à 8.000 km/h », a-t-il précisé. « Aujourd’hui, nous pouvons affirmer avec fierté que notre armée nationale est capable d’opérer en toute autonomie sans demander l’aide de quiconque », a-t-il ajouté, faisant référence à la dépendance des forces maliennes vis-à-vis des moyens aériens étrangers, notamment français. Les nouvelles livraisons ont été approuvées par le chef d’état-major de l’armée de l’air, Alou Boi Diarra, qui s’est rendu en Russie début mars en pleine guerre en Ukraine, toujours selon «Nova News».

La junte militaire qui a pris le pouvoir par un coup d’État en août 2020 a depuis progressivement pris ses distances avec la France et noué des liens étroits avec la Russie, qui jusqu’à présent avait déjà livré quatre hélicoptères et un certain nombre d’armes à Bamako. Dans le pays se trouvent également plusieurs centaines d’instructeurs russes appartenant au groupe paramilitaire russe Wagner qui luttent contre les milices djihadistes présents dans le pays, bien que la junte de Bamako et Moscou n’aient jamais officiellement confirmé cette information. Selon des informations récemment parues dans le journal français « Le Monde », les miliciens Wagner se sont notamment installés dans le camp de Diabaly, dans la région de Ségou (centre), depuis fin janvier et plusieurs sources identifient les « soldats blancs » mentionnés comme des mercenaires du groupe. Dans ce sens, écrit « Le Monde », entre décembre et mars près d’un millier de miliciens russes ont été envoyés dans le centre-nord pour soutenir l’armée dans la lutte contre les groupes djihadistes qui, depuis 2012, n’ont cessé d’étendre leur offensive. Le Mali fait également partie des pays qui se sont abstenus de voter sur les deux résolutions adoptées à une écrasante majorité par l’Assemblée générale des Nations unies demandant à la Russie de cesser immédiatement les opérations militaires en Ukraine.

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