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Iran: après 12 jours, les manifestations se multiplient

(Rome, 27 juillet 2021). La population iranienne continue d’occuper les rues des villes du pays, demandant au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, de quitter l’Iran. Outre le Khouzistan, la province d’où est partie la mobilisation à grande échelle, les mouvements de protestation se sont également étendus à d’autres régions proches de la capitale Téhéran.

Pour l’analyste Piera Laurenza du célèbre site italien «Sicurezza Internazionale/Sécurité Internationale», citant entre autres, le quotidien al-Arabiya, des centaines de manifestants sont descendus dans la rue, dans la nuit du 26 au 27 juillet, dans les régions de Fardis et Karaj, dans la province d’Alborz non loin de la capitale Téhéran. En plus d’exprimer leur soutien à la population du Khouzitan, les manifestants ont exprimé leur colère contre le guide suprême, scandant des slogans tels que : « Khamenei devrait avoir honte et quitter le pays » ou, encore, «Mort au dictateur». A Téhéran, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées en scandant des « slogans politiques ». Dans ce cas, ce qui a alimenté la colère de la population de la capitale était avant tout les coupures du courant électrique. Depuis début juillet, les autorités iraniennes ont commencé à programmer des coupures d’électricité à Téhéran et dans d’autres grandes villes, attribuant la crise à plusieurs raisons, notamment une augmentation de la demande et aux températures élevées, ainsi qu’aux vagues de sécheresse qui ont affecté la capacité de production des centrales hydroélectriques.

Comme le souligne al-Arabiya, ce qui s’est passé le 26 juillet représente une expansion de la mobilisation qui a éclaté, à partir du 15 juillet, dans la province sud-ouest du Khouzistan, où la population a occupé les rues pour protester contre la pénurie de ressources en eau et l’interruption de l’approvisionnement en eau potable. Encore une fois, des vidéos diffusées par des militants sur les réseaux sociaux montraient des manifestants scandant des slogans comme « Mort au dictateur » et « Mort à Khamenei », tandis que les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes contre les « émeutiers », sous prétexte de préserver la sécurité de la population des « terroristes » et des « groupes de saboteurs », selon les officiers eux-mêmes. Les violentes manifestations ont fait au moins 3 morts, ainsi que la mort d’un policier qui a été tué, selon des sources iraniennes, après avoir essuyé des tirs des manifestants.

Pendant ce temps, ajoute Piera Laurenza, dans la province du Khouzistan, douze jours après le début des manifestations, la population ne s’est toujours pas rendue, malgré le déploiement en masse des forces spéciales et d’unités du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), visant à endiguer la vague de protestations. Dans le même temps, plusieurs villes du Khouzistan ont vu leurs accès à internet coupé. Cette démarche a été condamnée dans un communiqué signé par 55 journalistes, dénonçant les campagnes de répression contre les médias qui cherchent à transmettre un « compte rendu honnête » des souffrances vécues par la population et de ses revendications. Quant à la situation dans la capitale le 26 juillet, il s’agissait pour al-Arabiya de manifestations tout à fait inattendues, contrairement aux rassemblements organisés dans d’autres villes iraniennes. Pour cette raison, le gouvernement de Téhéran, pris par surprise par des manifestations spontanées, n’a pas été en mesure d’agir ni de déployer des forces de police et de sécurité.

Comme l’ont déclaré les autorités de Téhéran, la crise de l’eau au Khouzistan est due à une sécheresse aigue, causée par une forte baisse des précipitations, qui, ces derniers mois, ont été de plus de 40 % inférieures aux niveaux de l’année dernière, et par la hausse des températures estivales.

En raison de la pénurie d’eau, les barrages iraniens disposent de moins d’eau pour produire de l’électricité, provoquant des coupures de courant. Les manifestants et les activistes du Khouzistan ont, pour leur part, pointé du doigt le gouvernement iranien, qui aurait mis en œuvre des politiques discriminatoires visant à modifier la démographie de la région. Parmi celles-ci, le transfert « excessif » des ressources en eau du Khouzistan vers les provinces d’ethnie perse. Enfin et surtout, la région manque d’infrastructures adaptées à une gestion adéquate des ressources en eau disponibles.

 

 

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