(Montréal, Rome, Paris le 19 février 2021). Des élus américains issus des deux partis républicain et démocrate ont exhorté le président américain Joe Biden à utiliser la loi Magnitsky afin de punir les assassins du militant libanais Loqman Slim. Ils ont appelé Biden à «discuter du rôle possible des responsables libanais et iraniens impliqués dans l’assassinat de M. Slim», estimant que «l’assassinat de l’activiste vise à intimider et faire taire les autres opposants» au parti de Dieu.
Selon un diplomate libanais à la retraite, « il serait regrettable que l’interpellation de Biden par les élus américains reste lettre morte, car ceci renvoie un message ‘encourageant’ au Hezbollah et à l’Iran ». Notre interlocuteur rappelle que Téhéran et son bras armé extérieur, le Hezbollah, cherchent à tester la réactivité et la fermeté de la nouvelle administration américaine et connaître sa disponibilité à encaisser les coups sans réagir pour ‘sauver le dialogue avec l’Iran’ et l’accord nucléaire ».
De fait, l’Iran ne cesse de tester Washington en Irak, au Kurdistan, au Yémen, au Liban et même au Venezuela. En l’absence de réaction ferme, l’axe irano-hezbollahi se sentirait encore plus puissant. Cette impunité pourrait surtout pousser le Hezbollah à poursuivre son terrorisme et à éliminer d’autres opposants, comme ce fut le cas depuis octobre 2004 et la tentative d’assassinat de Marwan Hamadé, suivie de l’élimination de Rafic Hariri et de toutes les autres personnalités politiques et intellectuelles libanaises. En conclusion, l’ancien diplomate craint que « l’assassinat de Loqman Slim n’en soit qu’une suite logique et que, malheureusement, les assassinats pourraient se multiplier », en bénéficiant d’un silence complice de la communauté internationale. Celle-ci est appelée à se saisir de l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth que le Hezbollah vient d’arrêter net et de démettre le juge d’instruction Fadi Sawan qui s’approchait dangereusement des responsables de la catastrophe.
La lettre des élus américains à Biden et surtout la teneur de sa réponse et sa réaction sont déterminants pour l’avenir de la région et dans la lutte contre le terrorisme irano-chiite.
Sanaa T.