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Libye: l’ANL prévient, «la Turquie n’abandonnera pas le pays»

(Rome le 15 janvier 2021). Le porte-parole de l’Armée nationale libyenne (ANL), Ahmed al-Mismari, a déclaré que la Turquie continuait de mobiliser ses forces en Libye et de sécuriser la base d’al-Watiya, qui est désormais tombée sous son contrôle. Entre-temps, le dialogue politique n’a pas encore abouti aux résultats escomptés.

Les déclarations d’Al-Mismari ont eu lieu le 13 janvier, le jour même où les parties libyennes ont entamé de nouveaux pourparlers visant à former de futurs organes exécutifs. L’attention du porte-parole de l’ANL, l’armée placée sous la direction du général Khalifa Haftar, s’est cependant tournée vers la Turquie. En particulier, al-Mismari a déclaré que, le 4 janvier, une frégate turque a accosté au port de Khoms, repartie quelques heures plus tard. Pendant ce temps, le pont aérien entre la Turquie et les bases libyennes d’al-Watiya et Misrata continue d’être utilisé, vraisemblablement pour le transfert de matériel militaire. Par conséquent, à la lumière de la mobilisation en cours, al-Mismari a déclaré qu’Ankara ne quittera la Libye ni par un processus de négociation ni par la médiation de tiers, malgré l’accord de cessez-le-feu, signé à Genève le 23 octobre 2020, qui prévoit le renvoi des forces étrangères et des mercenaires dans les 90 jours suivant la signature de l’accord.

Quant aux autres points de l’accord, le porte-parole de l’ANL a indiqué que leur application se poursuivait. Outre la trêve sur les fronts de combat, la reprise des activités d’exportation et de production de pétrole se poursuit, avec la réouverture des compagnies aériennes dans l’Ouest, l’Est et le Sud, et avec l’échange de prisonniers entre les deux belligérants, l’armée de Haftar et le gouvernement de Tripoli, également connu sous le nom de gouvernement d’accord national (GNA).

Entre-temps, la première journée de réunions du Forum de dialogue politique, qui a débuté le 13 janvier à Genève, n’a pas encore abouti à des résultats significatifs. Le but du nouveau cycle de négociations est de trouver un accord sur les mécanismes de nomination des futurs organes exécutifs, le gouvernement unitaire et le conseil présidentiel, en surmontant ces divergences qui ont provoqué une impasse ces derniers mois. De son côté, l’Envoyée spéciale de l’ONU Stephanie Williams, qui préside les pourparlers, a précisé que la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (UNSMIL) n’a pas l’intention de nommer les membres de l’autorité exécutive intérimaire, alors que le comité consultative, formée précédemment, devra formuler des recommandations pour créer un organe temporaire qui voit la participation de toutes les parties libyennes et qui garantit un partage du pouvoir capable de regagner progressivement la confiance de la population. Selon Williams, la volonté de l’ONU est de trouver une solution qui vienne de l’intérieur du pays d’Afrique du Nord, et qui ne soit pas imposée de l’extérieur. Par ailleurs, la date des élections nationales, fixée au 24 décembre 2021, restera un enjeu constant pour la Mission de soutien, ainsi qu’un principe directeur et un objectif qui ne peut être abandonné, a précisé l’envoyée.

La formation d’un nouveau gouvernement apparaît indispensable pour réaliser la transition démocratique souhaitée par la population libyenne depuis le déclenchement de la crise le 15 février 2011. Après le cessez-le-feu annoncé le 21 août 2020 par le Premier ministre de Tripoli, Fayez al-Sarraj, et par le président de la Chambre des représentants de Tobrouk, Aguila Saleh, le 23 octobre, les délégations du gouvernement d’accord national et de l’armée nationale libyenne, participant au Comité militaire mixte 5 + 5, ont signé un accord avec lequel elles se sont officiellement engagées à garantir une trêve permanente dans le pays, sous l’égide des Nations Unies.

Bien que la Turquie se soit engagée à plusieurs reprises à respecter le cessez-le-feu, les forces de Haftar ont souvent dénoncé le soutien militaire continu d’Ankara aux forces de Tripoli. En particulier, selon des sources militaires de l’ANL, même après le 23 octobre, la Turquie a créé un pont aérien avec les territoires libyens occidentaux, à travers lequel a envoyé des armes et des combattants. L’activité aérienne « intense » a également affecté al-Wishka et Abou Qurayn, situées à l’ouest de Syrte, tandis que les décollages et atterrissages « inhabituels » ont été surveillés à la base de l’armée de l’air de Misrata. Enfin, la décision du Parlement turc remonte au 22 décembre, qui a approuvé une motion proposée par la présidence, conduite par le chef de l’Etat turc, Recep Tayyip Erdogan, qui prévoit l’extension de la mission de ses forces armées en Libye à 18 mois supplémentaires.

Piera Laurenza. (Sécurité internationale)

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