France : l’allocution d’Edouard Philippe depuis Matignon – (en direct) photos

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Le Premier ministre, Edouard Philippe, s’exprime depuis Matignon pour préciser les modalités concrètes du déconfinement. Il est entouré des principaux ministres impliqués depuis le début de l’épidémie, dont ceux de la Santé, de l’Education, de l’Économie et des Transports.

Plusieurs sujets sont attendus à quatre jours du « déconfinement », qui doit s’effectuer de manière « progressive » et « différenciée », selon le Premier ministre. L’exécutif doit notamment s’exprimer sur les conditions de réouverture des écoles maternelles et élémentaires, la reprise des transports publics, le retour dans les entreprises ou la possibilité de se déplacer dans un rayon de 100 km.

« Ce matin, lors du Conseil de défense, le président de la République l’a confirmé : la levée progressive du confinement peut être engagée ce lundi 11 mai. C’est une nouvelle étape dans la lutte contre l’épidémie, c’est une bonne nouvelle pour la France, pour les Français. Nous allons débuter un processus très progressif, qui va durer au minimum plusieurs semaines », déclare Edouard Philippe en préambule. Plusieurs critères (circulation du virus, capacités hospitalières et en matière de tests notamment) pourront conduire à un « déconfinement plus strict » selon la couleur des départements, en vert ou en rouge. La nouvelle carte des départements sera présentée durant cette intervention.

« Le pays est divisé en deux : dans la majeure partie nous avons réussi à freiner la vague épidémique, ce sont les départements verts. S’il se maintiennent en vert les trois prochaines semaines, nous pourrons au tout début du mois de juin envisager une nouvelle étape de déconfinement ».

« Dans d’autres départements, le virus circule encore activement, ce sont les départements rouges. Le déconfinement y est possible avec certaines restrictions : pas d’ouverture des collèges, pas d’ouverture des parcs et jardins », précise le Premier ministre.

« Dans ces départements, il y a deux situations particulières: Mayotte et l’Île de France », précise-t-il. « A Mayotte nous allons retarder le déconfinement, en Ile-de-France, nous pouvons déconfiner », ajoute le Premier ministre. Il donne des précisions concernant les transports en Ile-de-France : « Ils sont essentiels et ne seront pas fermés mais nous allons au moins les trois premières semaines imposer des règles très strictes, je n’exclus pas que nous décidions de mesures supplémentaires si la situation ne s’améliorait pas ».

Le secrétaire d’Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a précisé que « les employeurs se sont engagés » à mettre en place une attestation en Ile-de-France. Ils devront y spécifier « les créneaux horaires ». L’objectif, a-t-il dit, est d’étaler les heures de pointe. Aucune amende n’est à ce jour prévue. Mais les contrôleurs pourront refuser l’accès aux quais aux usagers qui ne seront pas en mesure de présenter cette feuille.

Le ministre de la Santé Olivier Véran présente la carte colorant les départements en fonction de leur situation sanitaire. « La pression épidémique a baissé mais cette baisse cache des différences parfois importantes selon les territoires », précise le ministre. Il note que la situation est particulièrement tendue dans les Hauts-de-France, le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, la Sarthe et le Loir-et-Cher. Le niveau de circulation du virus est également « bien plus élevé en Ile-d-France et à Mayotte ».

circulation active du virus et tension hospitalière en réanimation

Le ministre de la Santé Olivier Véran présente la carte de la circulation active du virus à ce jour. Deux départements métropolitains sont en rouge : Paris et le Val-d’Oise. Olivier Véran présente la carte faisant la synthèse de différents indicateurs. Elle articule les trois indicateurs suivant : celui de de pression épidémique, de tension sanitaire et de capacité en matière de tests. Tous les départements de l’Ile-de-France, des Hauts-de-France, de la Bourgogne et du Grand-Est restent en rouge. « L’indicateur étudié en priorité est le niveau de tension des service de réanimation des hôpitaux », précise le ministre. Les régions Ile-de-France, Hauts-de-France, Grand-Est et Bourgogne-Franche Comté sont en zone rouge. Le reste de l’Hexagone est en zone verte. « Dans les prochaines semaines : les gestes barrières et de distanciation physique demeureront au cœur de la lutte contre l’épidémie », précise le ministre de la Santé. « Si vous présentez des symptômes du Covid-19 : il faut agir, n’attendez pas que cela passe. Contactez immédiatement votre médecin. Votre médecin vous demandera de rester chez vous, en isolement », précise Olivier Véran. « Si le test est positif, il vous suivra tout au long de votre maladie et alertera l’Assurance Maladie pour commencer une enquête pour appeler les personnes « cas contact ». Votre isolement durera en moyenne pendant 8 à 10 jours », explique le ministre de la Santé.

Olivier Véran donne des précisions sur la situation des personnes identifiées comme « cas contacts ». « Vous serez à votre tour testé par PCR, comme une personne malade », indique-t-il, « sept jours après » avoir été en contact avec la personne malade, « car c’est le bon moment pour débusquer le virus ». Le ministre explique : « Si votre test revient négatif, votre médecin vous proposera d’alléger isolement mais il durera 7 jours supplémentaires ». Dans quelles conditions seront prises les mesures d’isolement ? Il sera possible d’être confiné dans un lieu autre que le domicile familial, comme un hôtel. L’exécutif a fait savoir plus tôt que l’isolement sera appliqué « en fonction de la nature et des modes de propagation de l’infection », après avis du Conseil scientifique. « Soyez vigilants, ne prenez pas de risques avec votre santé, limitez les contacts avec votre entourage. N’hésitez pas à porter un masque lors de vos sorties », indique Olivier Véran. « Une prime de 1500 euros sera versée aux personnels des Ehpad dans les 33 départements dans lesquels l’épidémie est la plus de forte et de de 1.000 euros ailleurs », a-t-il ajouté. « Elle sera versée dans les prochaine semaines et défiscalisée ». Une prime sera également versée aux « établissements chargés du handicap », précise le ministre. Le gouvernement débloque au total 475 millions d’euros de crédits supplémentaires pour tous les personnels de tous les Ehpad de France, quel que soit leurs statuts.

Dans de nombreux Ehpad de France, l’idée d’une prime va de soi. « Pour moi, c’est plus que légitime parce que l’on fait le même travail, on est infirmière, aide-soignante et il n’y a pas de raisons pour que les hospitaliers aient une prime et les Ehpad ne l’aient pas », souligne une infirmière rencontrée par France 2.

C’est au tour du ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer de s’exprimer. « Ce ne sera pas une rentrée ordinaire mais une reprise, avec quatre situations possibles », indique-t-il. Soit l’enfant sera à l’école, en étude, dans les locaux périscolaires ou à la maison, « dans le cadre de l’enseignement à distance ».

« 80% à 85% des 50 000 écoles de France vont ouvrir la semaine prochaine », annonce le ministre de l’Education et un peu plus de « un million d’élèves reviendront dans leurs classes avec 130.000 professeurs environ pour les accueillir ». Il précise qu’entre « 87% et 90% des communes ont préparé la rentrée pour la semaine prochaine », indiquant : « On travaille encore avec les 10% restants ».

Le protocole sanitaire pour les écoles contient plusieurs dispositions : des mesures de désinfection, avant et après la rentrée, un nombre d’élèves par classe qui dépendra des locaux, une distance de sécurité en permanence et des croisements réduits au minimum, des récréations sans contacts et un lavage des mains systématiques.

« En Ile-de-France, la RATP passera de 30% aujourd’hui à plus de 75% dès lundi prochain. L’objectif est que la fréquentation reste limitée à 15%. Le télétravail pour tous ceux qui le peuvent restera la règle », annonce la ministre des transports, Elisabeth Borne. « Les déplacements interrégionaux seront très fortement limités pendant la première période du déconfinement », précise la ministre. « L’offre sera volontairement réduite. Pour les TGV et Inter-cités, on passera de 7% de l’offre à 20 à 30% le 11 mai avec maximum 40% de l’offre habituelle fin mai ».

Que faire si vous ressentez des symptômes évocateurs d’une infection au Covid-19, fièvre, toux, gêne respiratoire, perte du goût… « Contactez immédiatement votre médecin ou un médecin de garde, et si vous n’en trouvez pas, en définitive contactez le 15 ». Olivier Véran précise les modalités des tests de dépistage.

Christophe Castaner le ministre de l’Intérieur : pour faire respecter la règle des 100 kilomètres, une « nouvelle attestation sera publiée » sur le site du ministère de l’Intérieur. Concernant l’accès aux plages, « la règle générale reste la fermeture mais le préfet pourra autoriser l’accès aux plages, lacs et centres nautiques sur demandes des maires », ajoute le ministre. « Concernant les cultes, et comme annoncé par le Premier ministre, nous allons travailler avec l’ensemble des responsables cultuels sur les conditions de reprise », indique Christophe Castaner. « Les frontières restent fermées » mais la « libre circulation des travailleurs transfrontaliers reste préservée ». « En matière sportive, seule sera autorisée la pratique sportive en extérieur et individuelle. Les rassemblements devront se limiter à 10 personnes. A compter du 2 juin, un nouveau seuil pourra être re-examiné », précise le ministre de l’Intérieur. Concernant les transports, « l’Etat mettra à disposition des masques dans les premiers jours du déconfinement pour les distribuer en appoint aux personnes qui n’auraient pas pu s’en procurer. L’absence de port de masque pourra faire l’objet d’une verbalisation, donc une amende de 135 euros ». Voici l’intégralité de l’intervention du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.

« Une bonne partie des écoles seront ouvertes la semaine prochaine. Nous aurons donc un peu plus d’un million d’élèves qui reviendront dans leur classe. Il y aura pour les accueillir environ 130.000 professeurs », a fait savoir Jean-Michel Blanquer. Il détaille les situations dans lesquelles les élèves pourront se retrouver à partir du 11 mai.

Le ministre de l’économie Bruno Le Maire, annonce : « un des enjeux majeurs du 11 mai, c’est la reprise d’activité. Nous devons relancer l’activité économique. Dans des conditions de sécurité sanitaire maximale pour les salariés ». « Le 11 mai, tous les commerces rouvriront à l’exception des cafés, bars, restaurants. Nous fixerons la date de réouverture à la fin du mois de mai », précise-t-il. « S’agissant des centres commerciaux de plus de 40.000 mètres carrés, ils pourront rouvrir en accord avec les préfets sauf en Ile-de-France, où les risques sanitaires nous amènent à reporter leur ouverture », précise M. Le Maire. « L’Etat sera aux côtés des entrepreneurs. L’Etat est présent depuis le début et continuera d’être présent. Nous maintenons le fonds de solidarité jusqu’à la fin du mois de mai », indique le ministre. « Les charges sociales patronales de mars, avril et mai seront totalement supprimées pour tous les secteurs contraints à une fermeture administrative », indique Bruno Le Maire.

Muriel Pénicaud, ministre du Travail a annoncé : « Nous comptons sur chaque entreprise pour recourir au télétravail, particulièrement en Ile-de-France » ainsi « qu’aux horaires décalés ». « Au protocole national de déconfinement, s’ajoutent des guides métiers ou sectoriels co-élaborés avec les professionnels et soumis à la consultation des partenaires sociaux », précise la ministre qui indique que « 54 guides sont disponibles sur le site du ministère du Travail », il y en aura « 60 » dimanche, précise Muriel Pénicaud. « Les centres de formations des apprentis et les centres de formation continue pourront rouvrir progressivement le 11 mai », précise la ministre.

« Le déconfinement progressif ne doit pas être la marque du relâchement de notre vigilance », a dit le Premier Ministre Edouard Philippe.

Cette carte bicolore doit permettre d’adapter le déconfinement aux « réalités locales » à partir du 11 mai. Elle est mise à jour quotidiennement.

La carte de France du déconfinement pour le 11 mai 2020. (FRANCEINFO)

« Dans trois semaines, nous saurons où nous en sommes, si nous avons réussi à contenir l’épidémie », indique le Premier ministre. Si les cas en réanimation « restent bas, nous pourrons nous en féliciter et passer à une nouvelle phase, en élargissant nos libertés. Si ce n’est pas le cas, nous en tirerons les conséquences et nous adapterons », annonce Edouard Philippe.

Les allocutions des ministres viennent de s’achever. Des questions-réponses avec deux journalistes présents. Interrogé sur « une France à deux vitesses », en référence aux départements rouges et verts, voici la réponse d’Edouard Philippe : « Partout, la prudence s’impose. Dans les départements verts, la situation est objectivement meilleure parce que le système hospitalier est plus disponible. Dans les départements rouges, il faut faire c’est vrai, encore plus attention ».  « Mais la distinction entre vert et rouge aura peut-être vocation à s’accentuer à partir du mois de juin : dans les départements qui resteront verts, on pourra aller plus loin le 2 juin. Dans ceux qui ne seront pas passés au vert, il ne sera pas possible d’aller plus loin », ajoute le Premier ministre.

A partir de lundi, un nouvel indicateur sera mis en place concernant la carte de déconfinement, annonce Olivier Véran : « Ce sera le nombre de tests qui reviendra positif par territoire ». Un indicateur « extrêmement important », a dit le ministre de la Santé.

« Pour les personnes les plus vulnérables, la limitation des contacts est évidemment une mesure à respecter, c’est indispensable en Ile-de-France », redit Edouard Philippe.

Les transports :

• L’absence de port de masque dans les transports pourra faire l’objet d’une verbalisation, soit une amende de 135 euros.

• Les réservations TGV et Inter-cités seront obligatoires avec des modalités adaptées selon le type de train et l’occupation des trains sera plafonnée à 50 % du total des places.

• L’accès aux transports en commun en Ile-de-France sera réservé aux heures de pointe aux personnes détenant une attestation de leur employeur ou ayant un motif impérieux.

• Plus globalement, le port d’un masque grand public sera obligatoire pour les usagers de 11 ans et plus et pour les personnels en contact avec le public dans les transports publics.

Interrogé sur la règle des 100 kilomètres, Edouard Philippe précise que cette règle peut avoir des entorses pour « motif impérieux ». Il s’agit par exemple d’un « motif professionnel indispensable ». « L’assistance à un parent vulnérable ou à un enfant vulnérable relève de ces motifs impérieux », indique le Premier ministre. Interrogé sur les garanties données aux enseignants et aux parents concernant la réouverture des écoles, voici la réponse du Premier ministre : « Je crois au bon sens des Français. Tous les Français sont convaincus qu’il est de l’intérêt de leurs enfants d’aller à l’école, je comprends parfaitement aussi qu’ils s’interrogent sur les risques éventuels que prendraient leurs enfants. Ces inquiétudes, il faut les lever, en expliquant ce qui est fait ». Il rappelle la politique du gouvernement concernant les masques. « Certains seront distribués gratuitement et d’autres pourront être achetés », ajoutant que le gouvernement « a limité le prix des masques chirurgicaux ». « Une enveloppe de 5 millions de masques sera distribuée chaque semaine par l’Etat et les préfets pour que les plus vulnérables puissent disposer de masques gratuits », précise Edouard Philippe, qui rappelle que « l’Etat finance 50% des coûts d’acquisition des masques supportés par collectivités territoriales ». Il a également été questionné sur un stock de masques brûlés car périmés. « Un certain nombre de masques commandés il y a fort longtemps et stockés depuis longtemps, avaient leur date de péremption dépassée », explique le Premier ministre. Dans le détail, il explique que « 75 millions de masques sont arrivés à péremption en décembre 2019 ». Ceux-là ont été gardés. Mais un stock de « 360 millions de masques périmés depuis beaucoup plus longtemps », ont, eux, été détruits, car « ils ne pouvaient pas être utilisés ». Concernant la possibilité d’assouplir les visites dans les Ehpad, le gouvernement n’est pas en mesure de se prononcer pour les mois à venir. « Nous allons poursuivre de cette manière pendant au moins les trois semaines qui viennent. Sera-t-il possible à compter du début du mois de juin, dans les départements où le virus circule peu, d’alléger ces règles ? Je ne peux pas encore vous le dire », indique Edouard Philippe. Il revient sur les « motifs impérieux » : « Il peut s’agir d’un deuil ou de l’aide à une personne vulnérable. Ces 100 km seront calculés à vol d’oiseau à partir du lieu de résidence habituel. Je veux préciser toutefois que cette limite ne s’applique que si l’on quitte son département de résidence ». La distinction entre vert et rouge « aura peut-être à vocation à s’accentuer à partir du mois de juin. Dans les départements qui resteront verts, on pourra aller plus loin le 2 juin. Dans ceux qui ne seront pas passés au vert, il ne sera pas possible d’aller aussi loin », détaille le premier Ministre.

Edouard Philippe se dit « favorable à l’installation des conseils municipaux dans les plus brefs délais ». Car pour « 30.000 communes des 25.0000 communes françaises », les élections sont terminées. Concernant l’organisation du second tour, « la décision sera prise le 23 mai au plus tard ». Interrogé sur de possibles tensions avec le président de la République, le Premier ministre a fermement démenti, indiquant « depuis trois ans, j’ai toujours, dans nos relations, constaté une confiance et une fluidité qui, je crois, a eu peu de précédents ».

Dans une série d’enquêtes, Le Monde (édition abonnés) revient sur la stratégie sanitaire nationale depuis vingt ans. Le quotidien explique que des masques ont continué à être détruits après le début de l’épidémie. « Un certain nombre de ces masques commandés il y a fort longtemps avaient vu leur date de péremption dépassée », explique Edouard Philippe. Les questions/réponses avec le Premier ministre sont terminées. (TV)