(Rome, 31 août 2022). Les autorités, qui se sont rendues au domicile du prédicateur après que le Conseil d’État a décidé de l’expulser, ne l’ont pas trouvé. Il pourrait s’être rendu en Belgique.
L’imam Hassan Iquioussen dont le Conseil d’État a validé mardi l’expulsion décidée par Gérald Darmanin, est considéré comme étant en fuite et a été inscrit au fichier des personnes recherchées (FPR), a appris l’AFP de source proche du dossier.
De son côté, le Maroc a suspendu le «laissez-passer consulaire» qu’il avait délivré le 1er août à l’imam afin de permettre son expulsion par la France vers ce pays, a appris l’AFP de même source. Cette source proche du Maroc a expliqué cette décision par le fait qu’il «n’y avait pas eu de concertations avec les autorités marocaines», au lendemain de la décision du Conseil d’Etat ouvrant la voie à son expulsion. La décision d’expulsion est «unilatérale», a-t-on ajouté.
Dans l’entourage du ministre de l’Intérieur, on a rappelé que la validité d’un laissez-passer était de «60 jours», soulignant qu’il serait «incompréhensible que ce document qui n’a d’autre fonction que d’officialiser la reconnaissance par le Maroc de la nationalité de M. Iquioussen soit suspendu». «Comment peut-on reconnaître la nationalité d’un de ses ressortissants un jour et ne plus la reconnaître le lendemain ?», s’est étonné l’entourage de Gérald Darmanin.
La piste de la fuite en Belgique privilégiée
Après la décision du Conseil d’État, la police s’est rendue dans l’après-midi au domicile du prédicateur de nationalité marocaine, à Lourches près de Valenciennes (Nord) afin de l’interpeller pour l’expulser vers le Maroc. Mais ils ne l’ont pas trouvé, selon une source proche du dossier. Le préfet des Hauts-de-France, Georges-François Leclerc, a affirmé que l’imam marocain était susceptible d’avoir pris la fuite en Belgique. «Le scénario qui est aujourd’hui privilégié est une fuite en Belgique de M. Iquioussen», a déclaré le préfet lors d’une conférence de presse, qualifiant le prédicateur, mis en cause pour des propos jugés contraires aux valeurs de la République, de «délinquant» dès lors «qu’il s’est soustrait à un arrêt d’expulsion».
«Il y a deux scénarios: ou bien M. Iquioussen, qui est sous le coup d’un arrêté exécutoire d’expulsion et d’une saisine de l’autorité judiciaire, est dans un pays étranger, auquel cas la coopération internationale se fera; ou bien s’il est sur le territoire français et est interpellé, il sera immédiatement placé en rétention administrative», a-t-il expliqué. Le préfet a précisé avoir «saisi le parquet du tribunal de Valenciennes».
Le conseil d’Etat désavoue le tribunal administratif de Paris
Le Conseil d’État avait donné son feu vert mardi à l’expulsion de l’imam marocain Hassan Iquioussen dont Gérald Darmanin avait fait ces dernières semaines un symbole de la lutte du gouvernement contre les «discours séparatistes». Désavouant le tribunal administratif de Paris, qui avait suspendu en urgence le 5 août l’expulsion de cet imam réputé proche des Frères musulmans, la plus haute juridiction administrative française a estimé que cette décision de l’expulser vers le Maroc ne constituait pas «une atteinte grave et manifestement illégale à (sa) vie privée et familiale».
Hassan Iquioussen, âgé de 58 ans, est né en France et y réside régulièrement mais avait décidé, à sa majorité, de ne pas opter pour la nationalité française. Il a cinq enfants et 15 petits-enfants, tous Français. Dans un tweet publié juste avant le communiqué du Conseil d’État, le ministre de l’Intérieur a qualifié cette décision de «grande victoire pour la République».
«Il sera expulsé du territoire national. Dès son interpellation, il sera placé en centre de rétention administratif», a indiqué Gérald Darmanin mardi soir, depuis le perron de son ministère, précisant que «depuis 2017, 786 étrangers radicalisés avaient été expulsés» et que «74 d’entre eux» l’ont été au cours «des derniers mois».