(Rome, 17 août 2022). ESCALADE. Affirmant détenir des preuves d’un soutien de Paris aux groupes terroristes qui opèrent sur son sol, Bamako a saisi le Conseil de sécurité de l’ONU.
Le Mali a officiellement demandé au Conseil de sécurité de l’ONU une réunion d’urgence pour faire cesser ce qu’il présente comme « les actes d’agression » de la France sous forme de violations de sa souveraineté, de soutien apporté selon lui aux groupes djihadistes et d’espionnage. De graves accusations qui interviennent après de longs mois d’escalades des tensions entre les deux anciens pays alliés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Le ministère malien des Affaires étrangères a diffusé mercredi auprès de journalistes une lettre en ce sens adressée par le chef de la diplomatie, Abdoulaye Diop, à la présidence en exercice chinoise du Conseil de sécurité. Le Mali « se réserve le droit de faire usage de la légitime défense » si les agissements français persistent, conformément à la Charte des Nations unies, affirme le ministre.
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La lettre est datée du 15 août, date du départ du dernier soldat français au Mali après neuf ans d’engagement contre les djihadistes. La junte au pouvoir au Mali depuis le putsch d’août 2020 s’est détournée de la France et de ses alliés pour se tourner vers la Russie.
Incursions illégales dans le ciel malien
Abdoulaye Diop dénonce dans cette lettre les « violations répétitives et fréquentes » de l’espace aérien national par les forces françaises et les vols d’appareils français se livrant à « des activités considérées comme de l’espionnage » et des tentatives « d’intimidation ». Les autorités maliennes disposent « de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions », ajoute le texte.
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Les autorités françaises n’ont pas réagi à ces accusations.
Le Mali « invite » le Conseil de sécurité à œuvrer pour que la France « cesse immédiatement ses actes d’agression » et demande à la présidence chinoise de communiquer ces éléments aux membres du Conseil de sécurité en vue d’une réunion d’urgence, indique le ministre Abdoulaye Diop.
Accusations récurrentes
En février dernier, devant des diplomates en poste à Bamako, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, avait accusé la France d’avoir volontairement cherché à diviser le pays à travers son engagement militaire. « Après [un] temps d’allégresse » en 2013 quand les soldats français ont libéré le nord du Mali tombé sous la coupe de groupes djihadistes, « l’intervention s’est muée dans un deuxième temps en une opération de partition de fait du Mali qui a [consisté dans] la sanctuarisation d’une partie de notre territoire, où les terroristes ont eu le temps de se réfugier, de se réorganiser pour revenir en force à partir de 2014 », avait-il jugé.
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Quelques mois plus tard, en avril, le Mali avait également dénoncé les violations de son espace aérien par l’armée française, peu de temps après la découverte d’un charnier situé à Gossi, près d’un camp militaire rendu par Barkhane aux forces armées maliennes. La junte avait alors accusé les soldats français. La France, quant à elle, pointait plutôt les responsabilités du côté des Famas et de leurs supplétifs russes de Wagner.