(Rome, 30 novembre 2024). Le très probable futur président de la République a commenté l’accord du cessez-le-feu
Le président du parti des Forces Libanaises (FL), Samir Geagea, a affirmé que le Hezbollah avait commis un crime grave à l’encontre de tous les Libanais au cours de l’année écoulée, notamment contre les habitants du Sud, de la banlieue sud de Beyrouth (Dahieh) et de la Bekaa. Geagea a estimé qu’après l’approbation par le Conseil des ministres de l’accord de cessez-le-feu, les armes détenues par le Hezbollah étaient devenues officiellement illégales, une position reconnue par tous, annulant ainsi l’équation «Armée, Peuple, Résistance».
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Le principal pilier des souverainistes libanais, Samir Geagea s’est exprimé après avoir présidé une réunion exceptionnelle du Bloc parlementaire de la «République Forte» et du Comité exécutif, tenue à Merab pour discuter de l’accord de cessez-le-feu. La réunion a débuté par une minute de silence en hommage aux victimes.
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Tout en exprimant sa pleine sympathie envers les familles ayant perdu un ou plusieurs proches, envers les blessés et ceux qui ont perdu leur maison ou leurs terres, ainsi qu’envers les nombreux déplacés contraints de quitter leur domicile au Liban, Geagea a souligné que cette compassion n’était pas motivée par des obligations protocolaires, mais était bien sincère, contrairement à ce que certains pourraient croire. Il a rappelé que le parti des Forces Libanaises avait été parmi les plus actifs à essayer de prévenir les immenses pertes humaines et matérielles pour les Libanais.
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Et Samir Geagea de déclarer : «depuis plus d’un an, nous avons œuvré sans relâche, usant de tous nos moyens politiques et juridiques, car nous avions anticipé la direction que prenaient les événements. Malheureusement, certains ont persisté jusqu’au dernier moment à entraîner le Liban dans cette situation. Nous ne disons pas cela pour rouvrir les dossiers ou chercher vengeance (ce n’est pas notre manière de faire), mais il y a des points qu’il est nécessaire de souligner pour en tirer des leçons. Nous parlons ici de plus de 4.000 morts, près de 20.000 blessés, d’environ 100.000 maisons partiellement ou totalement détruites, et environ un million de déplacés à l’intérieur du pays. Alors, qui est responsable de cette situation ? L’autre camp blâme toujours l’ennemi, ce qui est vrai, mais quelles étapes ont conduit le pays à ce point ? Qui en est l’auteur ?», a-t-il martelé.
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Samir Geagea a abordé la question palestinienne, réaffirmant qu’aucun Libanais ne pouvait se montrer plus engagé que les autres dans cette cause, car tous les Libanais la soutiennent unanimement. Il a souligné qu’une partie des Libanais, qui avait autrefois des différends avec les Palestiniens, se trouve aujourd’hui parmi les principaux soutiens de cette cause, une évolution qu’il considère comme positive. Il a insisté sur la nécessité de définir le rôle du Liban dans la cause palestinienne, en tenant compte des limites de taille, de pouvoir et d’économie du pays.
«Ce n’est pas simplement une position rhétorique ; c’est un sujet sérieux. Si le Liban avait la capacité de résoudre cette question, nous l’aurions fait depuis longtemps. Mais entraîner le Liban, encore et encore, dans des conflits dépassant ses capacités au nom de la cause palestinienne est une véritable catastrophe, comme l’ont montré les événements de l’année passée», a-t-il ajouté.
Critiquant ce qu’il a qualifié de «Guerre d’appui» du Hezbollah, Samir Geagea a estimé que cette initiative avait abouti à la destruction totale de Gaza tout en prolongeant la guerre là-bas et en causant la ruine du Liban. Il a argué que ces efforts n’avaient rien apporté à Gaza, mais avaient plutôt nui au Liban, prouvant que les discours et la rhétorique servaient uniquement à des fins internes ou régionales, au détriment du pays.
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Geagea a également rejeté la théorie de «l’unité des fronts» promue par le Hezbollah, qualifiant cette notion de pure fiction. Il a souligné que, bien que certains membres du Hezbollah aient affirmé que toute attaque israélienne entraînerait une «explosion» dans la région, les événements ont surtout affecté le Liban sans provoquer les résultats escomptés.
Dans ses remarques, le leader Samir Geagea a appelé à la mise en œuvre immédiate de l’accord de cessez-le-feu et à la restauration de l’autorité de l’État libanais sur tout le territoire, y compris par le démantèlement des infrastructures militaires non étatiques, une mesure désormais reconnue comme inévitable pour préserver la souveraineté du Liban.
(Roma. Paolo S)