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Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron se rend à Nouméa pour y installer «une mission»

(Paris, Rome, 21 mai 2024). La situation en Nouvelle-Calédonie reste extrêmement tendue. Le gouvernement français, aux prises avec un mouvement indépendantiste anti-français qui pourrait précipiter la situation dans une guerre civile d’une ampleur supérieure à la crise actuelle, a dû mobiliser des détachements de l’Armée de Terre, et envoyer plus d’un millier de soldats en renfort. Atteignant un total de 3.000 unités pour faire face aux actions violentes des indépendantistes et nettoyer, avec l’aide des véhicules blindés VBRG de la Gendarmerie nationale, plus de 70 barrages routiers établis aux carrefours clés et dans les quartiers où se concentrait la révolte. Il était indispensable de reprendre le contrôle des routes pour éviter que les manifestants ne bloquent la route reliant l’aéroport de cette île du sud-ouest du Pacifique, qui a le statut de collectivité française d’outre-mer et dépend de Paris. De nombreux touristes se sont retrouvés retenus contre leur gré et soumis aux risques de violentes manifestations.

L’objectif des Français, écrit Davide Bartoccini dans «Inside Over», qui ont également envoyé un contingent du GIGN (une unité d’élite de la Gendarmerie nationale française spécialisée dans les actions antiterroristes, la libération d’otages et les opérations spéciales) est de reprendre le plus rapidement possible le contrôle total des quartiers qui sont désormais aux mains des indépendantistes. Ceux-ci, selon certains analystes et observateurs, ont été infiltrés par des agents extérieurs, certains venant d’Azerbaïdjan, qui soutient les manifestations en «réponse au soutien de Paris à l’Arménie» avec laquelle se poursuit une guerre oubliée au cœur du Caucase, et fomentée par des militants pro-russes qui pourraient avoir été activés par le Kremlin en réponse à la posture «belliqueuse adoptée par la France dans le conflit ukrainien». La présence d’agents provocateurs étrangers suppose un rôle non marginal des services secrets français de la DGSE qui seront présents et renforcés sur le terrain.

Le Conseil de défense réuni à Paris a décidé de prolonger l’état d’urgence et de déployer des militaires pour protéger les bâtiments publics, ainsi que de fournir les moyens adéquats permettant le départ des touristes bloqués sur l’île. Alors que les forces spéciales de la gendarmerie, qui ont annoncé mercredi 15 mai la nouvelle d’un jeune officier français décédé à Nouméa lors des affrontements, poursuivent les arrestations et les expulsions.

Le président français Emmanuel Macron se rendra aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie pour organiser «une mission» depuis l’île. La porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, a déclaré hier que «le Président de la République, en Conseil des Ministres, a annoncé qu’il se rendrait en Nouvelle-Calédonie» tandis que les autorités locales ont annoncé aujourd’hui l’arrestation de 22 personnes. «En progression» grâce à des renforts dans les quartiers de Dumbéa, Païta et Mont-Dore, des opérations de sécurité ont également été signalées dans les quartiers de la Vallée-du-Tir, Tuband, Ducos et Normandie.

Plus d’une semaine après le début des violentes émeutes qui ont déjà fait six morts dont deux gendarmes, le Président Macron espère réunir les indépendantistes et les loyalistes autour d’une même table, alors que certains élus calédoniens avaient refusé de dialoguer les uns avec les autres la semaine dernière lors d’une visioconférence du président de la République, nous confie une source française.

Rappelons qu’au centre de ce qui est défini comme une «crise postcoloniale», se trouvent d’anciens enjeux économiques et politiques mis à jour en vue de l’application future d’une nouvelle loi électorale que Paris entend adopter. La loi a «enflammé les séparatistes» qui estiment que ces nouvelles dispositions nuisent aux populations autochtones ancestrales, notamment les Kanak, (ou Canaques), les habitants indigènes mélanésiens et polynésiens de la Nouvelle-Calédonie qui constituent 44% de la population totale de l’île. La loi en question ne peut être adoptée qu’en modifiant la Constitution. Le Premier ministre Gabriel Attal s’emploie actuellement à mettre en place une «mission de dialogue» pour parvenir à un accord entre séparatistes et loyalistes et résoudre ces dangereux troubles outre-mer qui démontrent, une fois de plus, comment tout mouvement violent peut «attirer» des ingérences étrangères désireuses de déstabiliser de l’intérieur des entités territoriales comme une préoccupation accessoire d’un système déjà sous pression.

«J’espère que les annonces du président Macron», qui se rend en Nouvelle-Calédonie, «seront à la hauteur de la situation», a déclaré l’ancien Premier ministre français Edouard Philippe mardi soir lors d’une réunion publique à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), rapporte la chaine «BFMTV». «La situation est terriblement triste et dangereuse. La France, qui a une relation compliquée à son histoire coloniale, a une possibilité de trouver une solution originale, même si c’est plus difficile qu’il y a trois mois, a ajouté Edouard Philippe.
La réforme du corps électoral en Nouvelle-Calédonie «ne peut pas se faire sous la menace», affirme pour sa part l’élue de «La France insoumise» (LFI) Danièle Obono sur BFMTV.

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