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La géopolitique des milices chiites liées à l’Iran

(Rome, Paris, 21.10.2023). La répartition géopolitique du réseau de groupes armés soutenus par Téhéran au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen est reconstituée par un récent dossier de l’ISPI

L’implication dans le conflit entre Israël et le Hamas de milices chiites liées à l’Iran, à commencer par le Hezbollah libanais, est l’un des aspects les plus débattus depuis le début de la crise le 7 octobre.

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La répartition géopolitique du réseau de groupes armés soutenus par Téhéran au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen est reconstituée par un récent dossier de l’ISPI (l’Institut pour les études de politique internationale). « D’un point de vue géopolitique, l’Iran peut compter sur une constellation d’alliés et de mandataires armés dont les objectifs n’ont pas jusqu’à présent divergé de ceux de Téhéran. Quels sont les différents niveaux et formes de dépendance des milices à l’égard de l’Iran ? Et la coopération tactique de l’Iran et de la Russie avec ces forces ? », S’interrogent les analystes de l’Institut pour les études politiques internationales (ISPI), explique Francesca Venturi de l’agence italienne «AGI».

Au Moyen-Orient, le réseau de groupes armés soutenus par l’Iran est aujourd’hui plus étendu et diversifié que dans les années 2000, lit-on dans le dossier. Parmi les facteurs qui ont conduit à cette situation, on peut mentionner une extension géographique plus large de la sphère d’influence de l’Iran (Liban, Syrie, Irak, Yémen). Le fait que l’assistance étrangère à la sécurité est devenue un élément inextricable de la politique étrangère et de défense de l’Iran au même titre que sa doctrine militaire, tel que les implications des soulèvements arabes de 2011 ; La montée et la chute de l’«État islamique» en Irak et en Syrie ; L’élimination du général Qassem Soleimani lors d’une frappe aérienne américaine en 2020 ; Puis, le second retrait des forces de combat américaines d’Irak en 2021.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont convenu de rétablir leurs relations diplomatiques en mars 2023 : au cœur de l’accord se trouve la question de la non-ingérence. Cependant, le texte ne mentionne pas les groupes armés soutenus par l’Iran : ceux-ci contrôlent non seulement les principaux points de transit dans leurs pays, mais ont également un contrôle croissant des zones côtières (côte sud du Liban ; Baniyas en Syrie en mer Méditerranée ; Al-Hodeida au Yémen en mer Rouge), constituant des repères maritimes pour des activités économiques et offensives.

La situation au Liban

Au Liban, le Hezbollah est devenu le principal nœud d’influence régionale iranienne. L’intervention militaire du Hezbollah en Syrie a marqué un tournant, permettant au groupe d’étendre et de consolider son influence en Syrie, tant sur le plan économique (contrebande de carburant et trafic de drogue) que stratégique (une sorte de structure de commandement conjointe entre le Hezbollah et le Corps des gardiens de la révolution islamique CGRI, en Syrie).

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Depuis 2018, des groupes armés mandataires de l’Iran en Syrie ont été intégrés à l’armée afin de consolider l’influence à long terme de Téhéran dans le pays. D’un autre côté, les groupes armés du Hezbollah et de l’Irak se sont regroupés le long des frontières syriennes pour renforcer leur contrôle sur les couloirs frontaliers avec le Liban et l’Irak.

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L’Irak et le Yémen

En Irak, les groupes armés d’al-Mouqawama (la résistance/en arabe : (المقاومةsoutenus par l’Iran sont désormais plus proches de l’État que par le passé, grâce à la présence d’un gouvernement ami qui peut fournir des ressources : la pénétration des milices dans les structures étatiques accroît leur autonomie par rapport à Téhéran.

Au Yémen, les Houthis sont plus proches de l’Iran qu’en 2015 et plus intégrés dans son réseau armé régional. Cependant, l’Iran n’a pas d’influence décisive sur le processus décisionnel des Houthis et cela n’a été testé qu’en temps de guerre. En outre, l’État Houthi de facto reçoit des armes de Téhéran alors qu’il est économiquement autonome, car il contrôle l’économie du nord-ouest du Yémen en plus des canaux informels et de contrebande.

Le rôle central de l’Iran

L’Iran est résolument au centre de cette constellation armée. Cependant, le Hezbollah, les Unités de mobilisation populaire et les Houthis développent de plus en plus de liens directs entre eux. Des schémas de dépendance et d’assistance militaires émergent à travers le réseau, le Hezbollah jouant une sorte de rôle de mentor envers d’autres groupes, notamment en matière de formation militaire.

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Expérimentée principalement en Syrie, la coopération militaire entre l’Iran et la Russie avec les groupes armés soutenus par l’Iran au Moyen-Orient est un choix pragmatique et tactique qui n’a jusqu’à présent produit que des résultats limités. La coordination reste sporadique et manque de normes d’interaction établies. Après l’invasion russe de l’Ukraine, l’armée de la Fédération a cédé certaines de ses positions dans le centre et l’est de la Syrie à des groupes armés soutenus par l’Iran.

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Téhéran et Moscou se sont partagé les tâches pendant la guerre en Syrie : l’Iran a fourni des troupes et la Russie a fourni un soutien aérien. Les groupes armés syriens ont par le passé reçu une formation militaire par des conseillers de l’armée russe et, dans une moindre mesure, par le Groupe Wagner.

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