France-Liban: les Libanais se déchaînent sur les réseaux sociaux contre l’initiative française

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(Rome, Paris, 17.08.2023). En réponse à la lettre humiliante adressée par Jean-Yves Le Drian aux parlementaires libanais les invitant à un dialogue anticonstitutionnel et qui favorise le Hezbollah, les oppositions libanaises ont vivement réagi. Ils dénoncent indirectement le caractère infantile de la Diplomatie française

Communiqué émanant des forces de l’opposition au Parlement, le 16 août 2023 à Beyrouth.

Après des consultations et des débats approfondis, les forces de l’opposition libanaise au Parlement ont établi le cadre politique pour faire face à la situation actuelle. Le moment est venu pour la décision finale, et il n’y a plus de place pour perdre du temps ou pour négocier des arrangements conjoncturels qui rétabliraient le contrôle du Hezbollah sur les trois présidences et le pays. Il est désormais impératif pour toutes les forces de l’opposition d’examiner sérieusement les moyens d’assurer la souveraineté de la Constitution et de la loi, de préserver les libertés sur tout le territoire libanais et de restreindre les armes aux mains de l’État par le biais de ses forces armées légitimes. De plus, il est crucial de trouver des moyens de sauver et de réformer la justice, l’administration, l’économie et la situation financière.

Dans cette optique, les députés de l’opposition au Parlement déclarent ce qui suit au peuple libanais :

  1. Accueil des efforts de médiation entrepris par l’envoyé présidentiel français, Jean-Yves Le Drian, et appréciation de toute démarche venant de nos amis au Liban. Cependant, il est désormais clair que toute forme de négociation avec le Hezbollah et ses alliés est inutile. S’appuyant sur la réalité en dehors des institutions pour annuler leur rôle quand bon leur semble, puis y revenir lorsqu’ils garantissent des résultats par des moyens non démocratiques, en utilisant intimidation et incitation à leur compte pour leur projet de domination du Liban, nous met en garde contre l’imposition d’un président de la République qui serait une extension du pouvoir du Hezbollah. Nous préservons notre droit et notre devoir de faire face à toute voie qui prolonge son enlèvement de l’État.
  2. Insistance sur le fait que la seule négociation acceptable doit être menée par le futur président de la République, après son élection, et doit se concentrer sur le sort des armes illégales, en limitant la sécurité intérieure et extérieure de l’État à l’armée et aux forces de sécurité, ce qui permet de mettre en œuvre tous les éléments de l’accord national de Taëf, en particulier l’extension de la décentralisation sur les plans administratif et financier. L’application de la Constitution, des décisions de légitimité internationale et de la panoplie de réformes administratives, judiciaires, économiques, financières et sociales doit également être mise en avant. Toute tentative d’imposer des engagements politiques préalables au président de la République est une manœuvre pour contourner la Constitution et l’obligation de l’élection en premier lieu, rejetant toute logique de lier le conflit.
  3. Confirmation du contenu de la déclaration de Doha émise par le groupe des cinq États, la France, l’Égypte, l’Arabie saoudite, les États-Unis et le Qatar, en spécifiant les caractéristiques requises pour le futur président et les demandes de l’opposition.
  4. Appel à toutes les forces de l’opposition au sein et en dehors du Parlement pour convenir d’une feuille de route pour l’escalade progressive, et d’un agenda commun pour les réformes, en particulier en ce qui concerne l’accord avec le Fonds monétaire international sur un programme de réformes préservant les dépôts légitimes des déposants. L’adoption des réformes législatives fondamentales, en particulier la décentralisation, la restructuration du secteur public et l’indépendance judiciaire, ainsi que le partenariat entre le secteur public et privé, doit également être encouragée. La priorité doit également être donnée à des budgets équilibrés, à la classification des dépôts financiers légitimes, à la poursuite de l’audit criminel et à sa généralisation aux ministères, aux institutions et aux organes publics, à la révélation de tous les crimes financiers et non financiers liés à l’effondrement et à la corruption, ainsi qu’à la responsabilité des décideurs, quel que soit leur poste, et à la préservation des droits des déposants, garantissant l’accès aux services publics, en particulier la santé et l’éducation officielle, ainsi que les protections sociales telles que la sécurité sociale et la couverture médicale pour protéger les catégories les plus vulnérables au Liban.
  5. Notre confrontation démocratique et pacifique se déroulera dans le cadre institutionnel et en dehors de celui-ci. Nous devons nous appuyer sur la conscience et l’attachement du peuple à la souveraineté nationale accomplie et au système démocratique.
  6. Les forces de l’opposition confirment leur intention de boycotter toute session législative en raison de l’inconstitutionnalité de ces sessions avant l’élection du président de la République, et considèrent tout ce qui en émane comme constitutionnellement invalide. Elles appellent le gouvernement démissionnaire à cesser de violer la Constitution et à respecter les limites de la gestion des affaires courantes. Elles exhortent tous les députés et groupes parlementaires à boycotter la prochaine session législative pour préserver la Constitution et le partenariat.
  7. Nous appelons la justice, l’armée et toutes les forces de sécurité à assumer leurs responsabilités avec fermeté et sagesse, en veillant uniquement aux intérêts nationaux et non aux intérêts sectaires. Elles ne doivent pas relâcher leurs efforts pour poursuivre les perturbateurs de la sécurité et de la paix civile. Nous insistons sur le fait que le rôle de ces institutions est de protéger le peuple contre les milices armées, et non l’inverse, tout en soulignant leur obligation légale de rendre des comptes.
  8. La nécessité de poursuivre l’enquête sur le crime de l’explosion du port de Beyrouth depuis le point atteint et le crime d’Aïn Ibil et les événements de Kahalé, afin de révéler la vérité, d’assurer la justice et de tenir tous les responsables pour compte.
  9. Appel à la communauté internationale dans son ensemble, en tête de laquelle les Nations unies, à agir immédiatement pour appliquer les résolutions du Conseil de sécurité, en particulier les résolutions 1559, 1680 et 1701.

Les députés signataires :

Georges Adwan – Sami Gemayel – Waddah Sadek – Michel Moawad – Marc Daou – Michel Douaihy – Fouad Makhzoumi – Ghassan Hasbani – George Okais – Salim Sayegh – Setrida Geagea- Nadim Gemayel – Elias Hankash – Ashraf Rifi – Adib Abdel Massih – Bilal Hochemi – Nazih Matta- Said Asmar – Fadi Karam – Camille Chamoun – Razi Al Haj – Ghayath Yazbek – Melhem Riachi – Chaouki Dakkash – Antoine Habchi – Elias Estephan – Pierre Bouassi – Ziad Hawat – Elie Khoury- Ghada Ayyoub – Jihad Pakradouni.

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