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La guerre s’abat sur la «forteresse» de Vladimir Poutine. La Russie n’est plus sûre

(Rome, Paris, 04.05.2023). La Russie n’est-elle plus une forteresse sûre ? Les drones qui sont arrivés la nuit dernière au Kremlin (sans que leur origine ait été vérifiée) représentent l’épisode le plus récent et le plus complexe dans lequel les défenses de la Fédération semblaient «pénétrables» et dans lequel l’image du pays «intouchable» a été bannie, souligne le quotidien «Il Giornale/Inside Over». A l’annonce de la découverte d’autres fragments de drones à Kolomna, à environ 110 kilomètres au sud de Moscou, ce sont au moins trois avions d’origine inconnue qui auraient (conditionnel obligatoire) percé le réseau de sécurité de la capitale et de ses environs. Et cela suggère en tout cas qu’il n’y a plus une partie de la Russie qui puisse se considérer totalement à l’abri de la guerre.

Ce changement de perspective au sein de la Russie n’est pas anodin dans la logique du conflit déclenché par Vladimir Poutine. En effet, il faut rappeler qu’il n’y a pas si longtemps, dans la capitale russe, des médias montraient des batteries anti-missiles sur les toits de certains immeubles sensibles et de ministères, donnant l’impression d’une ville et d’un gouvernement soucieux de la sécurité du ciel.

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Une forme de pression interne n’est pas non plus à exclure, une manière pour le Kremlin de faire comprendre que la guerre n’était pas quelque chose d’étranger aux russes, mais l’interprétation la plus simple est celle de la crainte d’une attaque aux drones ou des missiles de la part des Ukrainiens.

Ce sentiment d’insécurité a également été alimenté par une augmentation des accidents, des explosions et d’attaques qui ont frappé le territoire russe, en particulier l’année dernière. Ce type d’événement a d’abord été – et de manière plus systématique – observé dans la région que la Russie considère comme la sienne, à savoir la Crimée, une péninsule annexée par Moscou et considérée comme faisant partie intégrante de la Fédération.

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Mais des sabotages, des attaques de drones et des lancements de missiles ont également été observés dans ce qui est le territoire reconnu comme russe par l’ensemble de la communauté internationale, autrement dit à l’intérieur des frontières officielles du pays. Plusieurs oblasts, notamment celui de Koursk et de Belgorod, ont fait l’objet de raids plus ou moins mystérieux avec des incendies ou des explosions qui ont souvent touché des infrastructures stratégiques ou des endroits peuplés.

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Près de Kolomna même, notamment à Gubastovo, un autre épisode similaire a eu lieu impliquant l’abattage d’un drone. Au sud, des explosions ont été enregistrées dans la région de Touapsé, notamment dans un entrepôt de Rosneft, ainsi qu’un raid présumé a eu lieu à Novorossiysk, pourtant démenti par les autorités russes. A la même période, en février, la région de Krasnodar a également été le théâtre d’un survol de drones.

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Poutine a, à plusieurs reprises, clairement indiqué aux services de renseignement qu’ils devaient se concentrer sur la protection des infrastructures stratégiques. Le Kremlin a souvent parlé de « saboteurs », mais aussi d’agents ukrainiens ou d’autres services capables de mettre en péril la sécurité du pays. L’Ukraine n’a pas toujours nié l’implication de ses propres forces dans ce type d’attaque, mais dans certains cas, comme la dernière attaque présumée à Moscou, elle a publiquement nié son implication afin de confirmer la ligne de la guerre exclusivement de résistance (locale).

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En tout état de cause, la Russie apparaît aujourd’hui moins sûre qu’elle ne l’était il y a quelques mois. Il est possible qu’il y ait une réaction non seulement contre Kiev, mais aussi contre ceux qui représentent pour Poutine un problème de terrorisme intérieur. Ou, de manière plus immédiate, ce sont les membres du système militaire et de renseignement qui seront tenus pour responsables.

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