L'actualité du Proche et Moyen-Orient et Afrique du Nord

La guerre des Renseignements: qui se cache derrière le Qatargate

(Rome, 27 décembre 2022). Qui (et pourquoi) a alerté les services secrets belges en déclenchant le Qatargate ? Il y a ceux qui ont parlé d’une possible implication des Émirats arabes unis et ceux qui ont émis l’hypothèse d’un rôle joué par la Russie de Poutine

Le Qatargate est-il le point culminant d’une enquête sur des malversations, impliquant seulement quelques pays et certaines personnalités bien connectées dans le moteur politique de Bruxelles, ou est-ce la partie émergée d’un immense et mystérieux iceberg qui reste à découvrir ? Le sentiment est que le tremblement de terre qui a ébranlé l’Europe, ou plutôt des fondations de l’Union européenne, pourrait faire partie d’un dossier bien plus corpulent qu’on ne l’imagine. Et non seulement en raison des nombreux mystères, encore non résolus, qui rendent la question digne d’un film d’espionnage d’une autre époque. Mais aussi parce que, parmi les derniers suspects, il y a ceux qui commencent à parler de Moscou, selon le décryptage de Federico Giuliani du quotidien italien «Il Giornale».

Les mystères du Qatargate

En laissant de côté le simple fait de la question (l’argent trouvé au domicile d’Eva Kaili et d’Antonio Panzeri) ou plutôt à partir de là, il est intéressant de s’interroger sur le rôle joué par les parties, sur l’argent lui-même, sur qui a lancé l’enquête et sur toutes les personnalités impliquées. Une fois que les bases ont été posées et que les projecteurs braqués sur les rôles et les protagonistes, nous pouvons commencer à compléter le puzzle, pièce par pièce, jusqu’à ce que l’image soit complète.

La tâche s’est déjà avérée difficile. D’abord parce que, comme l’écrivait Paolo Cirino Pomicino dans «Il Giorno», l’histoire à Bruxelles ressemble beaucoup à un « enrichissement illicite de personnes n’ayant pas de rapport avec les parties ». Des comparaisons avec d’autres événements du passé sont peu probables, voire impossibles. Après cela, passant aux mystères non résolus, on pourrait se demander pourquoi envoyer tout cet argent pour soutenir au Parlement l’évolution réformatrice du Qatar.

Nul doute que ce dossier aura des effets politiques et démocratiques probables, mortels, et à long terme. Désormais, chaque motion ou déclaration sera considérée avec suspicion, contrecarrant ainsi le principe qui devrait régir la démocratie européenne.

Les soupçons sur Moscou

C’est pourquoi nous devrons réfléchir aux acteurs impliqués, en nous concentrant sur un aspect à ne pas négliger : l’enquête a été initiée par les services secrets et non par la justice. Mais alors, qui a alerté les services secrets belges ? Répondre à cette question maintenant, est compliqué. Ne serait-ce que parce que toute l’affaire est enveloppée de brouillard. Attention, toutefois à ne pas négliger le tableau géopolitique européen.

Ce n’est pas un hasard si Pomicino s’interroge sur le rôle présumé (toujours non vérifié ni officiellement évoqué) joué par la Russie de Vladimir Poutine dans le Qatargate. Considérant que les relations entre l’Emir al Thani et le chef du Kremlin sont plus qu’excellentes, Pomicino a mis sur la table une reconstruction plausible, ou du moins une reconstruction qui ne devrait pas, a priori, être exclue : Moscou pourrait (le conditionnel est de rigueur) avoir reçu les nouvelles de l’affaire de Doha, et l’avoir (re)diffusé afin d’affaiblir l’UE. À quelle fin ? C’est simple : punir Bruxelles pour sa proximité avec l’Ukraine, mais aussi nuire aux services occidentaux, à leur crédibilité ainsi qu’à leur image.

A lire : Qatargate: l’enquête s’étend au Maroc et à l’Iran. Hypothèse, «gorge profonde» des Emirats arabes unis

Parmi les autres options, outre la Russie, il y a ceux qui ont parlé des Emirats Arabes Unis et émettent l’hypothèse que le signalement aux services belges pourrait provenir d’Abou Dhabi, qui nie cependant toute implication. Cette suspicion découle des relations tumultueuses entre le Qatar et les Emirats, ces derniers ayant rompu les liens avec Doha en 2017, l’accusant de soutenir le terrorisme. La crise s’est alors éloignée, mais non les scories. Ce qui est certain, c’est que la géopolitique joue un rôle important dans le Qatargate.

Recevez notre newsletter et les alertes de Mena News


À lire sur le même thème