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Antonio Tajani au Liban, sur la rive orientale de la Méditerranée

(Paris, Rome, 23 décembre 2022). La visite du ministre italien des AE Antonio Tajani au Liban pour des entretiens avec les dirigeants de Beyrouth et les contingents italiens déployés pour soutenir la sécurité et le développement du pays. Pour le partenariat italo-libanais, le rôle de la diplomatie militaire et des activités techniques menées par les militaires italiens est fondamental

« L’Italie entend redevenir le premier partenaire économique et commercial du Liban, auquel nous sommes liés par une grande amitié », tel est le message avec lequel le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani est arrivé ce matin à Beyrouth, dans le cadre d’une tournée qui a vu le gouvernement italien s’orienter vers des scénarios critiques et délicats dans lesquels sont engagés les contingents militaires tricolores. Au même moment, le ministre de la Défense Guido Crosetto est parti en direction du « flanc Est de l’OTAN » – visites en Lettonie, Roumanie, Hongrie et Bulgarie – tandis que la Première ministre Giorgia Meloni était en Irak, nous explique Emanuele Rossi du quotidien italien «Formiche».

Les trois visites touchent trois rives métaphoriques – mais aussi géographiques – de la Méditerranée élargie, avec la présence en Europe de l’Est faisant partie des activités à mener également dans une perspective balkanique, et celle de Bagdad étant cruciale parce qu’elle est le centre dynamique d’une région aussi décisive pour l’avenir européen, et donc italien, que le Golfe. De la même manière, le Liban est le Levant, surplombant la partie orientale de la « Mare Nostrum » où l’Italie s’inscrit dans une série de dynamiques géopolitiques qui tournent également autour de nouvelles découvertes de réservoirs d’hydrocarbures qui sont et seront des parts importantes de la sécurité énergétique de L’Europe.

M. Tajani a eu diverses réunions avec les dirigeants de Beyrouth, avec lesquels l’Italie entretient un dialogue ouvert qui vise également à pousser le pays vers les réformes requises par le Fonds monétaire international (FMI) pour lancer de nouveaux programmes d’aide, mais aussi par les citoyens eux-mêmes, qui, depuis des années se plaignent de la déconnexion entre les intérêts de l’establishment et les véritables problèmes du pays. Le Liban connaît de très mauvaises conditions économiques, ce qui fait du contexte interne un foyer potentiel d’explosion de déstabilisations à caractère régional (l’histoire l’enseigne, en revanche).

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En premier lieu, le rôle joué par le Hezbollah, un parti/milice inextricablement lié aux Pasdarans iraniens et incrusté dans le pouvoir (et donc dans des pans du corps social) au Liban, connu pour ses positions extrémistes chiites, est particulièrement préoccupant.

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Dans les développements récents, l’ouverture «accordée» par l’organisation (bien que sous une forme très pragmatique) sur la question de l’accord maritime israélo-libanais il y a quelques mois a été un signal partiel mais positif. Une démonstration que (étant donné que l’exploitation de certains gisements pèse sur l’accord) à partir de dynamiques spécifiques liées au monde de l’énergie, des pistes plus larges peuvent surgir.

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Comme à l’accoutumée, Tajani a également rendu visite à la mission militaire bilatérale italienne au Liban (Mibil) : « Nos militaires représentent un modèle de formation réussi. Des hommes et des femmes qui prouvent leur valeur sur le terrain, gagnant le respect de la population libanaise. Le gouvernement vous est reconnaissant pour ce que vous faites », a-t-il dit. Mibil s’inscrit dans le contexte plus large des initiatives du Groupe international de soutien au Liban (GIS), qui opère au sein de l’ONU dans un objectif de soutenir le Liban, comme l’un des pays les plus touchés par le conflit syrien.

La Mibil est composée de 160 militaires (plus sept unités terrestres et une unité navale) qui assurent la formation du personnel libanais dans un contexte où l’acquisition d’une plus grande capacité de sécurité pour les forces locales est cruciale. De la même manière, bien qu’avec des tâches spécifiques différentes, la Finul, une mission de maintien de la paix de l’ONU le long de la bande de contact sud, entre le Liban et Israël, à laquelle l’Italie contribue avec 1.055 personnes à qui le locataire de la Farnesina (le Ministère italien des AE, Ndlr) a souhaité un joyeux Noël. La mission de la Finul, longtemps dirigée par des officiers italiens comme le général Stefano Del Col, est essentielle dans le jeu compliqué des (dés)équilibres qui caractérise cette région libanaise, où le Hezbollah est très actif dans la défense de ses intérêts, et, où les tensions sont très vives (comme en témoigne le récent incident tragique impliquant des casques bleus).

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Pour le partenariat entre l’Italie et le Liban, le rôle joué par ces contingents est très important, car il permet des applications techniques et de la diplomatie militaire. Lors de la visite de M. Tajani, Rome et Beyrouth ont relancé les mécaniques de coopération en matière de soutien à la gestion des réfugiés (dont ceux, nombreux, arrivés du conflit syrien), à l’économie et aux investissements locaux et précisément les forces armées.

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