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Liban: le Hezbollah tente d’achever sa mainmise sur le pays, grâce à sa «section chrétienne»

(Montréal, Beyrouth, 21 avril 2021). En 2007, le Hezbollah avait tracé des « lignes rouges » autour du camp de Nahr El-Bared (Tripoli), où étaient retranché Chaker el-Abssi et son groupe terroriste djihadiste Fath el-Islam, une création du régime syrien pour déstabiliser le Liban et se procurer l’occasion d’y retourner après son retrait humiliant en 2005, après l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri et d’une vingtaine d’autres personnes.

En 2012, le même régime syrien avait confié à Michel Samaha et Jamil Sayyed une campagne terroriste contre des lieux de culte chrétiens et sunnites dans la région du Akkar (nord du Liban), afin de l’attribuer à Al-Qaïda et justifier une nouvelle ingérence syrienne contre cette région, connu pour être un « réservoir humain de l’armée libanaise », et politiquement acquise au clan Hariri. L’objectif d’Assad fut alors triple: revenir au Liban sous prétexte de lutter contre les djihadistes – qu’il a lui-même créés, faut-il le rappeler -, justifier la répression féroce qu’il mène depuis mars 2011 contre son propre peuple, et décapiter l’armée libanaise et le clan Hariri en particulier et les souverainistes en général. Lors de son arrestation en flagrant délit, Michel Samaha fut surnommé « le chef de la branche chrétienne d’Al-Qaïda »!

En 2017, le même Hezbollah, en coordination étroite avec le même régime syrien, a dressé des lignes rouges devant l’armée libanaise engagée dans une bataille décisive contre Daech à Ersal, à l’est du Liban. Il a mis en échec son offensive finale contre les terroristes. Mieux encore, le parti iranien au Liban a assuré un transport confortant aux terroristes et à leurs familles vers la région de Deir Ez-Zor, à l’extrême est de la Syrie, traversant les régions contrôlées par Assad en toute quiétude.

Ces trois événements et leurs détails attestent, si besoin était, que les organisations terroristes d’obédiance sunnite (Fath el-Islam, Al-Qaïda ou Daech) sont intimement liées à leurs créateurs (Syrie, Iran), comme l’étaient et le demeurent les groupuscules d’obédiance chiite créés en 1982 par l’Iran, et qui, au cours de leurs mutations au fil des jours et des intérêts, ont engendré le Hezbollah (Mouvement des déshérités, Amal islamique, Jihad islamique…, ces mêmes groupuscules qui avaient enlevé les otages occidentaux au Liban et commis les attentats contre la force multinationale en 1983-1984).

Un autre dénominateur commun entre tous ces événements est, sans conteste, la présence d’agents chrétiens qui ont trahi le Liban, vendu leur identité et leur âme pour servir le projet syro-iranien d’annexer le Liban et de créer l’empire perse allant de la Caspienne jusqu’à la Méditerranée.

Le Hezbollah poursuit méthodiquement son travail de sabotage des institutions libanaises, en s’appuyant sur ses alliés chrétiens incarnés aujourd’hui par le Courant Patriorique Libre de Michel Aoun et Gebran Bassil. Solidairement, ils ont torpillé l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020, ils ont ruiné le pays grâce à la corruption généralisée; ils ont sabordé l’économie libanaise à travers la destruction du secteur bancaire, sa colonne vertébrale; ils ont appauvri le Liban en accélérant les trafics des produits subventionnés vers la Syrie… Le Hezbollah contrôle l’aéroport, le port et les frontières terrestres et prélève les taxes douanières à son propre compte. Il a créé ses propres réseaux de télécommunication, son réseau bancaire parallèle, accorde des crédits à ses sympathisants, et met à leur disposition des produits importés clandestinement d’Iran (hors douane), le tout sous l’oeil bienveillant des autorités, devenues complices.

C’est dans ce contexte que le Hezbollah a lancé la dernière campagne contre l’entreprise Mecattaf, qui, depuis plus d’un siècle, fournit très officiellement les devises au marché libanais. Cette entreprise est officiellement agréée et reconnue, y compris par la Banque fédérale américaine, transporte les dollars et autres devises pour le compte des banques libanaises, et constitue, de ce fait, un obstacle devant le réseau clandestin du Hezbollah qui cherche à soumettre définitivement et totalement l’économie du pays.

Selon plusieurs sources dignes de foi, la juge Ghada Aoun, protégée par Michel Aoun et du Courant Patriotique Libre, a perquisitionné le siège de l’entreprise Mecattaf avec le soutien du Hezbollah et du régime syrien représenté par la religieuse très controversée Agnès-Maryam de la Croix, une recrue de… Michel Samaha. La boucle est bouclée!

Consciemment ou inconsciemment, le Courant Patriotique Libre devient de facto la branche chrétienne du Hezbollah. Il est temps pour les souverainistes libanais d’en prendre conscience et de soutenir l’appel du Patriarche maronite Bechara Raï en faveur de la neutralité du Liban, qui implique le désarmement du Hezbollah et l’application des résolutions onusiennes. Il est également temps de soutenir l’appel des Forces Libanaises en faveur de la constitution d’une commission d’enquête internationale sur l’explosion du port. La politisation de la justice, comme en atteste le comportement de Ghada Aoun, prouve que la justice libanaise est incapable de faire la lumière sur la troisième plus importante explosion du monde.

Enfin, il faut que le Hirak et la société civile comprennent que l’aboutissement des appels du Patriarche et des Forces Libanaises leur permet d’atteindre leur objectif et qu’il est temps d’enterrer leur slogan creux « Kelloun Yaani Kelloun » et de travailler main dans la main avec les vrais souverainistes.

Sanaa T.

 

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