(Rome, 06 décembre 2022). La ville libanaise de Jbeil, plus communément connue sous le nom phénicien de Byblos (le berceau de l’écriture), était à l’honneur ce lundi soir à la Mairie du 7ème arrondissement de Paris. Mais c’est tout le Liban qui a, en fin de compte, été défendu, d’abord par la présidente de l’Association des Anciens de l’Université Saint Joseph de Beyrouth (Anciens de l’USJ – France), Amal Sayyah, puis par Gassia Artin, docteur en archéologie orientale, et surtout, par le député de Byblos et son ancien maire, Ziad Hawat.
Dans le cadre de leur campagne de soutien aux étudiants libanais et financer des bourses d’études, les Anciens de l’USJ – France organisent régulièrement des conférences pour sensibiliser et mobiliser l’opinion publique et l’informer de la situation désastreuse qui sévit au Liban. C’est ainsi que fut organisée, dans les locaux de la Mairie du 7ème arrondissement de Paris et sous le patronage de la Maire Rachida Dati, une conférence sur Byblos, en présence de son député et ancien Maire Ziad Hawat, venu spécialement du Liban pour l’occasion. Et il a bien fait. Car, au-delà de représenter sa ville natale, Hawat a livré « le message du Liban souverain », tel que défendu par les Forces Libanaises et leur bloc parlementaire (« La République forte ») dont Hawat fait partie.
La conférence a commencé par un mot d’accueil de Madame Sayyah, suivi par l’adjoint à la Mairie du 7ème arrondissement, M. Bruno Delgado qui a salué la solidarité de l’arrondissement et de ses habitants à l’égard du Liban. Un film a ensuite été projeté pour retracer l’histoire de l’USJ depuis le milieu du 19ème siècle à nos jours et sa capacité de résilience, avant que Madame Artin ne présente un concentré de ses travaux doctorants sur l’histoire de Byblos depuis le 7ème siècle avant Jésus-Christ à nos jours. Un résumé succinct sur les fouilles archéologiques réalisées dans la plus ancienne ville urbanisée considérée à raison comme le berceau de l’alphabet…
Mais le point d’orgue de la soirée fut l’intervention de Ziad Hawat, qui a rappelé la capacité de Byblos à se relever. « Byblos est un modèle de croissance économique au Liban » a-t-il assuré. « Cette ancienne ville historique, qui a diffusé l’alphabet à travers le monde entier, souffre aujourd’hui, comme toutes les autres villes et villages libanais, des conséquences de l’échec des politiques élaborées et mises en œuvre par un groupe de dirigeants corrompus depuis des décennies, sans aucune responsabilité. Malgré cette situation de crise, Byblos a réussi à se développer grâce à son potentiel humain et à sa richesse en matière de constructions historiques et antiques ».
Hawat, comme tous les souverainistes libanais, gardent espoir. Preuve en est son assurance que « malgré la crise économique qui pèse sur le Liban aujourd’hui, je voudrais vous dresser une image lumineuse qu’a pu préserver cette ville tant au niveau de sa croissance économique qu’au niveau de son développement. J’ai eu l’honneur d’y contribuer lorsque j’y étais le maire, puis ultérieurement en tant que député représentant la région de Byblos au Parlement ».
Hawat a exposé les principales réalisations de Byblos depuis 2010, en insistant sur les infrastructures, le réseau routier, l’assainissement, le tri des déchets solides, le transport commun, la réhabilitation des souks commerciaux, le développement de la cité sportive, la construction du Palais des Congrès, la création du parc public, l’organisation du Festival international de Byblos et du Festival du vin libanais, du marché aux fleurs, l’illumination du sapin de Noël… Autant de réalisation qui ont transformé Byblos en un modèle de réussite et qui lui ont valu le titre de « Capitale du tourisme arabe »… Cependant, il a regretté que la grave crise économique qui frappe le Liban depuis octobre 2019 retarde la réalisation de certains projets.
La transition ainsi faite, le député n’a pas retenu ses coups. Il a affirmé que « le modèle de Byblos pour réaliser la croissance économique peut être adopté sur le plan national, mais ceci nécessite l’approbation du projet de loi sur la décentralisation administrative élargie stipulé dans l’accord de Taëf. Ce projet existe depuis des années au Parlement. Or, il nécessite avant tout l’existence d’un État au Liban, qui n’existe pas aujourd’hui du fait de la mise en place du mini-État du Hezbollah et de ses armes illégales ». Il réitère, dans ce sens, le combat de longues dates mené par les Forces Libanaises et l’ensemble des souverainistes. Sans détour, Hawat a en effet ajouté : « je lutte pour l’établissement d’un État capable et puissant, et ce, à travers le Bloc de la République Forte auquel j’appartiens au Parlement. Pour que s’installe l’État qui rétablisse la considération de l’État de droit, il faudrait élire, au plus tôt, un Président de la République réformateur et souverain porteur d’un projet solide pour sauver le Liban, en s’appuyant sur les démarches suivantes :
1– Mettre en œuvre l’accord de Taëf, la dissolution des milices armées et la remise de leurs armes à l’armée libanaise, ce qui permettra de restaurer l’Etat souverain et de mettre fin au pouvoir du mini-Etat au cœur de l’Etat. Adopter les lois sur la décentralisation élargie aux niveaux administratif et financier, créer le Sénat tel que stipulé dans l’accord de Taëf.
2– Instaurer la neutralité du Liban, ce qui assure son non-engagement dans les conflits régionaux qui lui ont déjà coûté assez cher.
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3– Surmonter la crise actuelle à travers un plan de redressement économique et un ensemble de réformes de tous les secteurs, notamment l’électricité, les télécommunications, le port, les infrastructures et l’administration publique.
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4– Assurer l’indépendance du pouvoir judiciaire et mettre un terme à l’ingérence de l’autorité politique dans le travail de ce pouvoir afin que ce dernier soit un instrument de responsabilisation et qu’il puisse prononcer des jugements adéquats en cas de violations et garantir les droits des citoyens de manière équitable et indépendante. Dans ce cadre, je voudrais faire référence aux ingérences qui ont eu lieu dans l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth et qui ont entravé le travail du juge d’instruction, Tareq Al-Bitar et qui ont empêché de connaître la vérité de cette explosion qui a coûté la vie de plus de 220 personnes et a entraîné plusieurs milliers de blessés et de personnes affectées.
5– Rétablir la relation entre le Liban et le monde arabe, notamment les pays du Golfe, et les pays démocratiques du monde, afin que le Liban retrouve sa place naturelle et historique.
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Pour Hawat, le Liban souffre d’une crise existentielle, et sa survie dépend de la volonté de son peuple libre et de l’aide de ses amis. La France a prouvé, à travers l’histoire, qu’elle était une amie fidèle du Liban. « Nous sommes convaincus qu’aujourd’hui aussi, la France va appuyer la solution qui assurera la sortie du Liban de son calvaire en faisant le nécessaire pour aider à élire prochainement un Président de la République ». Il a conclu son intervention sous les applaudissements, en remerciant l’Association des Anciens de l’USJ, les organisateurs et la Mairie du 7ème arrondissement et souhaité les voir bientôt à Byblos.
L’intervention du député fut très commentée lors du cocktail organisé dans les salons de la Mairie à l’issue de la conférence. Plusieurs participants ont avoué, avec regret, qu’il était temps que les souverainistes libanais fassent parvenir le vrai message du Liban souverain à la France, souvent accusée de complaisance à l’égard du Hezbollah. Ils étaient nombreux à se plaindre du travail de lobbying effectué en Europe en général et en France en particulier, notamment par les alliés chrétiens du Hezbollah qui tentent d’influencer des élus français et qui réussissent malheureusement auprès de certains. Il était temps de rétablir la vérité, ont-ils conclu en remerciant Ziad Hawat pour son allocution et son courage.
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