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La Belgique hors de contrôle

(Rome, 04 décembre 2022). Le mois de novembre a été un mois particulièrement chaud pour la Belgique, cœur battant de l’Union européenne, et ce, non en raison de l’anomalie climatique qui a enveloppé le continent durant l’automne, en faisant de celui-ci un prolongement de l’été.

Novembre a été un mois chaud pour la Belgique, particulièrement ressenti à Anvers et en Bruxelles, en raison de l’aggravation du choc frontal entre les autorités et la mafia marocaine, des guerres urbaines qui ont marqué la Coupe du monde de football et de l’assassinat brutal d’un policier dans une zone interdite de la capitale. Des événements qui parlent de la Belgique, le toit des principales institutions européennes, comme d’un pays hors de contrôle, comme le rapporte Emanuel Pietrobon dans les colonnes du quotidien «Il Giornale/Inside Over».

Le chaud mois de novembre bruxellois

Les Belges se souviendront de novembre comme le mois le plus chaud de 2022. Un mois qui a commencé dans le sang et s’est terminé dans la révolte. Trois, sont les dates les plus significatives du Novembre rouge belge, à savoir, les jours du 10, 27 et 28.

Le 10 novembre au soir, dans le quartier le plus problématique de la commune multiethnique de Schaerbeek, c’est-à-dire dans les rues de la partie turco-marocaine, une patrouille est attaquée par un citoyen belge d’origine arabe, qui figurait sur la liste des « extrémistes violents potentiels » de l’Organe de coordination pour l’analyse des menaces (OCAM). L’attaque se termine par la mort d’un policier et la blessure d’un autre.

Dans l’après-midi du 27 novembre, alors que le match Belgique-Maroc toujours en cours, la guerre urbaine éclate dans les rues des quartiers difficiles de différentes communes de Bruxelles et d’Anvers. Elle durera des heures, jusque tard dans la soirée, nécessitant le déploiement d’une centaine de policiers en tenue anti-émeute, l’usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau, ainsi que le gel temporaire des transports urbains en métro. Un déjà-vu : une colère similaire avait également éclaté en 2017, à l’occasion de la qualification du Maroc pour la Coupe du monde de football, laissant au sol plus d’une vingtaine de policiers blessés.

Dans l’après-midi du 28 novembre, aux mêmes heures où les éboueurs s’affairent à nettoyer les rues et le mobilier urbain vandalisé par la folie des ultras marocains, des milliers de policiers, appartenant à quatre syndicats, marchent en silence vers le palais de justice. Ils demandent à l’exécutif de se pencher sur le problème des violences anti-policières, qui, selon eux, s’amplifie depuis vingt ans et qui a fait un mort au début du mois.

Le défi de la mafia marocaine

Née dans les banlieues multiethniques des Pays-Bas, puis en expansion dans tout le Benelux et enfin dans le monde, la mafia marocaine est aujourd’hui l’une des principales organisations criminelles de Belgique, dont elle possède officieusement les ports, dont elle remplit les habitants de cocaïne et dont elle a infiltré les institutions.

De la mafia italienne par excellence – Cosa Nostra – elle n’a pas la structure pyramidale, car seule une fraction des nombreux clans marocains opérant en Europe, répond directement au commandement de Ridouan Taghi, mais elle a sans doute le sens des affaires, un code d’honneur similaire et une propension à la violence. Aux Pays-Bas, où l’organisation criminelle est plus enracinée qu’ailleurs, les menaces de Taghi ont justifié l’adoption de mesures de protection contre Mark Ruffe et la princesse Amalia.

La mafia marocaine est le maître incontesté du marché néerlandais de la drogue, qui a montré sa volonté de se protéger sous la menace d’une arme des enquêteurs et des journalistes d’investigation (comme le regretté Peter de Vries) et qui, depuis quelques années, a jeté son dévolu sur ce qui est devenu le principal point d’entrée de la cocaïne latino-américaine en Europe : le port d’Anvers.

Le mois de novembre belge a également été marqué par la surchauffe du dossier de la mafia marocaine, dont le calibre mondial, désormais bien établie, a été confirmé par de nouvelles opérations policières :

  • Deux arrestations en lien avec la poursuite de l’instruction de l’affaire Sky ECC qui, ayant éclaté en mars 2021, a donné lieu rien qu’en Belgique à l’ouverture de plus de 700 dossiers pénaux et à l’interrogatoire de plus de 1.200 personnes ;
  • Dix arrestations au cours de l’opération multinationale «Desert Light/Lumière du désert», coordonnée par Europol, qui a fait tomber le premier « super cartel » européen, avec la mafia marocaine comme partenaire majoritaire. Dix interpellations sur un total de quarante-neuf effectuées dans six pays, preuve de la centralité de la Belgique dans les nouvelles géographies du trafic de drogue ;

La montée de la mafia marocaine a contribué de manière décisive à la transformation d’Anvers en première et principale porte d’entrée de la cocaïne latino-américaine sur le Vieux Continent. La cocaïne entrant en si grande quantité, 89,5 tonnes saisies rien qu’en novembre de cette année, selon le procureur de la ville Franky De Keyser, elle a fait «fondre» les incinérateurs. Car à Anvers, entre le port et les rues, il y a plus de matière blanche saisie, qu’il n’est possible d’en détruire.

A lire : Alerte contre la mafia en France en Hollande et en Belgique. Une guerre sans fin

Les saisies de stupéfiants à Anvers sont nombreuses et fréquentes, mais, selon les estimations de la police, seul un dixième de l’ensemble des drogues entrant en provenance d’Amérique centrale et du Sud est intercepté. Raison qui, toujours en novembre, a convaincu les autorités de lancer un nouveau plan de recrutement visant à renforcer le personnel douanier du port et d’investir dans la construction de nouveaux dispositifs plus perfectionnés afin de scanner les conteneurs.

La lutte entre les autorités belges et la mafia marocaine ne fait que commencer et, bien que les avis ne manquent pas de la part de ceux qui la considèrent comme une cause perdue dès le départ, et de ceux qui qualifient la Belgique de « narco-État », une seule chose est sûre : elle durera longtemps. Et elle entraîne silencieusement la Belgique dans un tourbillon de violence de gangsters à la sauce mexicaine. L’actuel ministre de la justice, Vincent van Quickenborne, qui a été sauvé d’une tentative d’enlèvement par des trafiquants de drogue marocains en septembre de cette année, en sait quelque chose.

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