L’Iran et l’Arabie saoudite rétablissent leurs relations. Le rôle de l’Irak

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(Paris, 05 juillet 2022). L’Iran et l’Arabie saoudite pourraient bientôt rétablir leurs relations diplomatiques, annonce Bagdad, qui continue à faire pression pour des négociations entre les deux principaux acteurs du Moyen-Orient

Le Premier ministre irakien Moustafa al-Kadhimi pousse sa médiation entre l’Arabie saoudite et l’Iran avant le sommet de Djeddah, où le président américain Joe Biden rencontrera dans dix jours des représentants de tous les pays du Golfe, dont le Saoudien Mohammed ben Salmane, comme rapporté par Ferruccio Michelin dans le quotidien italien «Formiche».

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La nouvelle intéressante est qu’en plus de l’annonce des nouveaux pourparlers que Khadimi organise, une déclaration sur le rétablissement des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran est attendue, du moins selon des sources irakiennes du quotidien Al-Charq Al-Awsat.

La déclaration sera faite en présence de responsables saoudiens et iraniens, de Kadhimi et du ministre irakien des Affaires étrangères. Mais il n’est pas précisé si l’annonce précédera le sommet de Djeddah. Si elle est confirmée, ce sera l’une des étapes les plus importantes de cette phase pour la région du Moyen-Orient et l’ensemble de la Méditerranée élargie. En 2016, les liens se sont rompus entre Riyad et Téhéran, qui sont les deux principales puissances idéologiques du monde musulman (références du sunnisme et du chiisme) et acteurs géopolitiques centraux de la région.

Al-Kadhimi, (qui organise également des contacts entre l’Iran et la Jordanie, l’Iran et l’Egypte) a fait progresser plusieurs dossiers en suspens entre l’Arabie saoudite et l’Iran lors de ses visites à Djeddah et à Téhéran la semaine dernière. Et cela devrait contribuer à apaiser les tensions régionales.

Dimanche, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amirabdollahian a annoncé depuis Damas que Téhéran se félicitait du rétablissement des relations avec Riyad, de la réouverture des ambassades et l’ouverture d’un dialogue politique.

Bagdad affirme qu’il s’efforce d’instaurer une période de stabilité régionale, de paix, de coopération et de développement. Et cela s’inscrit parfaitement dans l’environnement de cette phase historique, dans laquelle diverses extensions sont en cours sur plusieurs dossiers jusque-là brûlants. Nous assistons à une tentative de régler les problèmes internes par des initiatives inter-régionales, tout en s’attaquant aux crises mondiales (économie, énergie, infrastructures, sécurité alimentaire, pénurie d’eau et changement climatique) qui affectent la zone.

Al-Kadhimi a entamé sa médiation en avril 2021 et, malgré les crises et les tensions affectant la politique irakienne et son gouvernement, il est toutefois parvenu à organiser quatre autres cycles de dialogue entre l’Arabie saoudite et l’Iran. « La réussite du projet de développement auxquels nous sommes confrontés, exige une coopération constante entre les pays de la région », expliquent des sources irakiennes, ajoute encore Ferrucio Michelin.

Il est tout à fait légitime de penser qu’une éventuelle réouverture des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite ne signifiera pas la réalisation d’une paix durable. Cependant, elle serait très importante. Dans les deux pays, il existe des positions agressives par idéologie et des intérêts qui suggèrent à maintenir un niveau constant d’engagement.

À Téhéran, ces positions (relatives au monde de l’industrie militaire liée au Sepâh/l’armée) alimentent les milices chiites connectées réparties dans toute la région, les utilisant pour des actions par procuration contre leurs rivaux. Pour Riyad, un certain rapprochement serait aussi une carte pour miner les tentatives de recomposition de l’accord nucléaire JCPOA : les Saoudiens démontreraient (comme ce fut le cas avec le Yémen) que des formes de détente existent même sans accorder aux Iraniens les avantages (l’élimination des sanctions américaines) que l’accord apporterait. Ou passer du rapprochement avec l’Iran à la promotion, à l’avenir, d’un accord similaire à celui de JCPOA mais plus large.