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Ces soldats russes qui refusent de combattre en Ukraine

(Rome, Paris, 19 mai 2022). Ils s’appuient sur le fait que puisque la Russie n’est pas officiellement en guerre, les dirigeants ne peuvent les forcer à aller grossir les troupes.

Partout dans le monde, on parle de la guerre en Ukraine. Enfin, presque partout, parce qu’en Russie, il s’agit toujours officiellement d’une simple «opération militaire spéciale». Certains soldats envoyés au front ont donc décidé de refuser le combat. The Guardian s’est intéressé à eux.

Début avril 2022, les soldats d’une brigade d’élite de l’armée russes ont été informés qu’ils devaient se préparer à un second déploiement en Ukraine. La peur a commencé à s’installer parmi eux. Cette unité, qui était entrée dans le pays par la frontière avec la Biélorussie en février, avait affronté des combats sanglants. L’un d’eux témoigne anonymement : «Beaucoup d’entre nous n’étaient pas d’accord, ils ne voulaient pas entrer en Ukraine. Je veux retourner auprès de ma famille maintenant et pas dans un cercueil».

Les huit soldats de cette unité ont donc déclaré à leurs commandants qu’ils ne voulaient pas retourner au front : «Ils étaient furieux mais ils ont fini par se calmer, ils ne pouvaient pas y faire grand-chose».

La Russie pas en guerre ?

Le même soldat raconte que son contrat se termine en juin car il a déjà servi cinq ans dans l’armée. Il ajoute : «Je n’ai pas honte, puisque nous ne sommes pas officiellement en état de guerre. Ils n’ont donc pas pu me forcer à y aller.»

Mikhail Benyash est un avocat qui conseille les soldats décidant de ne pas retourner se battre. Selon lui, ces derniers risquent d’être renvoyés de l’armée, mais ne peuvent pas être poursuivis en justice. Il est actuellement en contact avec des centaines d’hommes qui voudraient éviter d’aller en Ukraine : «Les commandants essaient de les dissuader en leur parlant de prison, mais on les rassure en leur disant qu’ils peuvent juste répondre « non »», explique-t-il.

Si le nombre exact de soldats dissidents est inconnu, de nombreux témoignages de ce type permettent de supposer que l’un des plus gros désavantages de la Russie est son manque de militaires, qui ne permet visiblement pas d’effectuer des rotations avec ceux présents sur le terrain. L’analyste Rob Lee pense que l’une des solutions serait d’envoyer les conscrits en Ukraine, malgré la promesse de Vladimir Poutine au début de la guerre de ne pas y recourir : «Les troupes s’épuisent, elles ne pourront pas tenir longtemps».

Une enquête de la BBC a montré que le ministère de la Défense russe met tout en œuvre pour attirer de nouveaux volontaires, offrant par exemple des contrats courts et rémunérés à des personnes sans expérience du combat. La Russie s’est également tournée vers les mercenaires du Groupe Wagner.

Les analystes sont cependant convaincus que ces efforts ne suffiront pas à faire augmenter significativement le nombre de soldats nécessaire au bon déroulement de «l’opération militaire spéciale».

(Slate)

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