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Documents détruits: les USA hors de Kaboul. Et Ghani s’enfuit

(Rome, 15 août 2021). Selon les premières rumeurs, le personnel diplomatique sera complètement évacué dans les 72 heures, en accord avec les talibans

Comme le rapporte Lorenzo Vita sur la page du site «Il Giornale», ce sont des heures dramatiques dans les bureaux de l’ambassade américaine à Kaboul. Depuis que le premier ordre de destruction de documents sensibles est arrivé vendredi, le travail est devenu mouvementé. Et la peur de l’arrivée des talibans a commencé à se répandre dans les couloirs d’un bâtiment qui n’est pas seulement une représentation diplomatique, mais plutôt un symbole. Comme l’avait été l’ambassade à Téhéran lors de la révolution de Khomeiny ou comme elle l’était à Saïgon en 1975. Les hélicoptères sont arrivés à l’aube, alors qu’une partie du personnel a déjà quitté le bâtiment dans la nuit à bord de véhicules blindés en direction de l’aéroport.

Les talibans font pression alors que Ghani quitte le pays

Le représentant spécial pour l’Afghanistan, Zalmay Khalilzad, aurait demandé aux talibans d’éviter l’entrée à Kaboul au moins jusqu’à ce que tous les citoyens américains soient évacués. Pour l’instant, les guérilleros semblent avoir accepté l’accord. Les « étudiants coraniques » ne sont pas intéressés à entrer en masse dans la capitale au risque de heurter un citoyen américain. Désormais, ils sont les vainqueurs : commettre une telle erreur signifierait « lâcher » les bataillons de marines, arrivés à Kaboul, pour protéger les civils lors de l’évacuation. Et maintenant que le président afghan, Ashraf Ghani, a quitté le pays pour le Tadjikistan (et peut-être avec une destination finale en Russie), tout semble se projeter vers la victoire des forces talibanes.

Les procédures de fermeture de l’ambassade

Pour les États-Unis, il ne s’agit pas seulement de fermer une mission diplomatique. L’ambassade de Kaboul est au cœur de la politique américaine en Afghanistan et un centre de renseignement clé depuis vingt ans. Ici, se trouvaient des milliers de personnes, dont des Afghans et des Américains, qui travaillaient avec le gouvernement local, le Pentagone et l’administration américaine. Les documents conservés sur les serveurs et les étagères qui s’y trouvent constituent une priorité absolue pour la sécurité nationale. Washington ne veut pas commettre l’erreur déjà commise à Téhéran en 1979 : pour cette raison, les responsables ont immédiatement activé la destruction de tous les documents, feuilles, dossiers, tout matériel sensible, tout ce qui « pourrait être utilisé par la propagande ». Selon Axios, même les ordinateurs de bureau devront être immédiatement nettoyés. Outre l’ambassade, les mêmes procédures seront également appliquées à la résidence de l’ambassadeur et aux lieux régulièrement fréquentés par le personnel, les militaires et les journalistes.

Le drapeau des États-Unis mis en berne

Tout le personnel de l’ambassade pourrait quitter l’Afghanistan dans les prochaines heures, ajoute Lorenzo Vita. Il était prévu qu’il avait jusqu’à mardi, mais les choses semblent s’être fortement accélérées dès que Ghani a quitté le pays, à tel point que CNN affirme que le drapeau étoilé a déjà été mis en berne et remis au représentant diplomatique américain. Le plan d’évacuation prévoit que les premiers à quitter les bureaux sont les employés de l’ambassade, puis les citoyens américains invités à quitter le pays et enfin les personnes munies de visas spéciaux. Les derniers à être exfiltrés sont les hommes du Service de sécurité diplomatique et l’ambassadeur. C’est à lui qu’il incombe de protéger le drapeau et de le mettre en lieu sûr, ou de le ramener directement aux États-Unis. Nombreux sont déjà présents à l’aéroport, où arrivent les nouvelles d’un incendie et de quelques coups de feu : l’ambassade américaine, selon des sources américaines, a demandé à ses concitoyens d’être particulièrement attentifs en raison de l’évolution rapide des événements. Le chaos est endémique : la présence américaine risque déjà de n’être plus qu’un souvenir.

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