Des Sénateurs français rencontreront à Beyrouth les responsables de la ruine du Liban. Plusieurs députés retirent leur signature d’une pétition visant le juge Tarek Bitar

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(Rome, 21 juillet 2021). Plusieurs députés libanais membres, entre autres, du groupe parlementaire du Futur (présidé par le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri) ont annoncé mercredi avoir retiré leur signature d’une pétition visant à « neutraliser » le travail du juge d’instruction près la cour de justice Tarek Bitar, dans le cadre de son enquête sur la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020. Le juge Bitar avait en effet demandé la levée de l’immunité des trois députés et anciens ministres Nouhad Machnouk, Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, ainsi que de l’ex-ministre Youssef Fenianos du mouvement Al-Marada présidé par l’ex-ministre Sleiman Frangié. Pour éviter de lever l’immunité, les signataires de la pétition cherchaient ainsi à transférer le dossier à la Haute cour de justice et dessaisir ainsi le juge Bitar après le dessaisissement du juge Fadi Sawwan.

Ce revirement intervient à la veille de l’arrivée d’une délégation sénatoriale française au Liban, où des rendez-vous sont organisés avec plusieurs partis libanais et suite à une virulente campagne lancée sur les réseaux sociaux contre les députés signataires et au moment où de nombreux journalistes et activistes dénoncent leur tentative d’entraver la justice en enterrant ce dossier à la Haute cour de justice, la « tombe des affaires ».

Pourtant, les familles des 210 victimes, les sinistrés, les rescapés et tous les Libanais réclament justice depuis bientôt un an et constatent que la classe politique, à l’exception du parti souverainiste des Forces Libanaises, tente de noyer le dossier, d’occulter la vérité et de classer l’affaire pour protéger le coupable qui a importé le nitrate d’ammonium et provoqué la catastrophe.

La délégation sénatoriale française attendue à Beyrouth ce 22 juillet 2021, après le report de sa visite initialement prévue le 6 janvier dernier, va constater sur place l’état de pourrissement avancé de la situation. Il est utile de rappeler que ce pourrissement est sciemment recherché par certains, notamment par le Hezbollah et ses alliés, comme le Président Michel Aoun, son gendre et héritier à la tête du CPL Gebran Bassil et l’ensemble de l’alliance du bloc 8 mars qui gravite autour du Parti de Dieu. Car, ce pourrissement permet au Hezbollah de transformer le Liban en « marché » des produits iraniens, ce que les Libanais refusent. La levée des subventions sur plus de 1.900 médicaments a provoqué une pénurie et une envolée des prix. Simultanément, le ministre de la Santé, proche du Hezbollah, a autorisé aux entreprises liées au Parti de Dieu d’importer et de distribuer des médicaments iraniens bon marché sans avoir les autorisations requises et la reconnaissance des instances médicales compétentes. Seuls s’opposent à cette annexion sans nom du Liban à l’Iran demeure Samir Geagea le chef des Forces Libanaises, dernier rempart qui peut encore sauver le Liban.

En dépit de ce constat alarmant, les sénateurs vont rencontrer les responsables de cette descente en enfer, y compris Gebran Bassil et un responsable du Hezbollah. Oseront-ils leur réclamer des comptes pour avoir mis en échec l’initiative du président Macron ?

Si le Hezbollah a déjà prévenu que la « task force » suggérée par la commission de la Défense et des Forces armées du Parlement français pour gérer l’aide humanitaire et l’aide internationale à la reconstruction – condition sine qua non au déblocage des fonds – serait considérée comme une force d’occupation et traitée en tant que telle, c’est que le Parti de Dieu joue sur du velours. Ses hôtes, les élus et les politiciens européens ne lui font pas peur car ils n’ont pas eu le courage de le placer sur la liste des organisations terroristes et persistent à distinguer son aile politique de son aile militaire. La délégation sénatoriale est prévenue.