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Liban: les points sur les «i» du secrétaire général du Mouvement du Futur. Le gouvernement ne semble pas pour tout de suite

(Rome le 10 février 2021). Tant qu’il y aura une présence d’armes en dehors du cadre légitime de l’État, nous craindrons pour les libertés au Liban (Ahmad Hariri).

Au moment où le Premier ministre libanais désigné, Saad Hariri, cherche à renouer avec la scène internationale et de restaurer les relations du Liban avec son environnement, détériorées par la politique du Hezbollah et de son allié Gebran Bassil, chef du Courant Patriotique Libre (CPL), un crime odieux a secoué le pays. En effet, l’activiste chiite libanais Lokman Slim, un farouche opposant au Hezbollah et à sa politique iranienne qui répand la terreur au Liban et dans la région, a été assassiné mercredi 3 février 2021. Ce crime a renvoyé les Libanais dans le climat des assassinats politiques et dans la peur sur le sort des libertés (de pensée et de parole) dans le pays. Son « exécution » inquiète ses proches et tous ceux qui se revendiquent de cette liberté de parole, et qui dénoncent régulièrement le Hezbollah et son hégémonie. Et ils sont de plus en plus nombreux à afficher le slogan « même pas peur » pour dire au Parti terroriste qu’il ne parviendra à les faire taire. Slim multipliait les interventions médiatiques contre le Parti de Dieu et prônait la « libanisation » de la communauté chiite. Il a été abattu par cinq balles (4 dans la tête, une dans le dos), dans le Sud, un fief du Hezbollah dont la culpabilité ne fait pas de doute. «Il s’agit d’un activiste de premier plan assassiné, le Hezbollah pointé du doigt», a ainsi titré la plupart des médias régionaux et internationaux: (OLJ). (Le Monde). (France24). (Radio Canada). (OLJ). (Le Parisien). (Libération). (Washington post). (Tribunnews). (Vatican News). (Corriere Della Sera). (Financial Times)…

Hariri enterre le mandat de Michel Aoun et les ambitions de Bassil

Dans ce contexte, Mirna El-Gammal a accueilli le 08/02/2021 sur la chaine française France 24, le secrétaire général du Mouvement du futur (Al-Mostaqbal) Ahmad Hariri pour faire le point sur l’évolution de la situation au Liban. Selon Ahmed Hariri, « ceux qui bloquent et empêchent la formation du gouvernement cherchent à compenser leur perte sur le plan populaire. Ils sont conscients que le piètre mandat de Michel Aoun est déjà  »plié » et cherchent ainsi à assurer un avenir politique plus qu’hypothétique ». En visant directement et nommément Gebran Bassil, frappé par des sanctions américaines notamment pour corruption, Ahmed Hariri semble fermer définitivement la porte devant une éventuelle réconciliation avec le CPL, alors que lors des dernières législatives de 2018, les deux partis avaient conclu des alliances contre-nature et dans plusieurs circonscriptions. Selon des sources proches du dossier, ces alliances ont fait perdre au Courant du Futur une dizaine de sièges au Parlement.

Le Courant du Futur a enfin compris la nocivité de Gebran Bassil et affirme qu’aucune concession ne sera faite dans le dossier du gouvernement: « un cabinet de 18 portefeuilles, des ministres techniques et indépendants, aucun tiers de blocage » sont les trois points non-négociables, affirme Ahmed Hariri, qui promet que Saad Hariri n’envisage pas de jeter l’éponge, quelles que soient les pressions exercées sur lui, d’autant plus qu’il est dans le strict respect de la Constitution. A contrario, il accuse Michel Aoun de la violer, notamment dans son article 53. Autant dire que le gouvernement n’est pas pour tout de suite.

(L’interview en arabe sur France24)

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