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L’Iran désormais plus isolé, va en contre-attaque

(Rome 05 janvier 2021). Après la levée de l’embargo sur le Qatar, Téhéran annonce l’enrichissement de l’uranium à 20% et lance une série de défis.

L’Iran, de plus en plus isolé dans la région après la levée de l’embargo sur le Qatar par les pays du Golfe, mène une contre-attaque politico-diplomatique pour se positionner en vue des négociations avec la nouvelle administration Biden aux États-Unis, désormais proche de son entrée en fonction. Le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, a annoncé qu’en 12 heures, l’usine souterraine de Fordow avait atteint son objectif de produire 20% d’uranium enrichi, comme l’exige la récente loi adoptée par le Parlement qui oblige le gouvernement du président Hassan Rohani, à ramener le programme nucléaire aux niveaux d’avant JCPOA, l’accord nucléaire signé en 2015 par la République islamique avec les USA, la France, la Russie, la Chine, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et UE.

Les limites de l’accord nucléaire

La loi (du Parlement iranien, ndlr) prévoit que l’OIEA aura augmenté ses réserves d’uranium enrichi à 20% d’ici la fin de l’année; il s’agit d’un taux bien inférieur au seuil de 90% requis pour produire des armes atomiques, mais toujours supérieur à la limite de 3,67% fixée par l’accord. Kamalvandi a tenu à souligner que des taux d’enrichissement plus élevés pourraient « facilement » être atteints. L’UE a immédiatement exprimé sa «profonde inquiétude» face à l’annonce de l’Iran, mais a également assuré qu’elle «doublerait ses efforts» pour sauver l’accord nucléaire, dont Téhéran a commencé un retrait progressif après le retrait des États-Unis de Donald Trump unilatéralement en 2018, réimposant des sanctions sur la vente de pétrole et le secteur bancaire de la République islamique. Téhéran demande à Joe Biden de revenir sur l’accord sans conditions préalables, mais le président élu vise à ouvrir des négociations qui lient également l’accord au programme de missiles du régime (iranien).

La protestation d’Israël

Les activités à Fordow ont déclenché une réaction brutale d’Israël, d’où le Premier ministre Benyamin Netanyahu a averti qu’il ne permettrait pas à l’Iran d’acquérir la bombe atomique, selon lui le véritable objectif du programme nucléaire, que les autorités iraniennes ont toujours déclaré, visait des fins purement civiles. Et alors que ces derniers jours, les États-Unis ont pris des mesures de dissuasion contre toute initiative militaire coïncidant avec le premier anniversaire du meurtre du commandant des forces al-Qods Qassem Soleimani, par les américains à Bagdad, Téhéran poursuit le bras de fer commencé hier, avec la Corée du Sud, où le pétrolier MT Hankuk Chemi a été saisi par les Gardiens de la révolution près du détroit d’Ormuz. Séoul demande sa libération immédiate avec l’équipage, détenu dans le port de Bandar Abbas, et enverra prochainement une délégation pour mener des négociations à ce sujet. La vraie pensée est que derrière la saisie, se trouve la non-libération des avoirs iraniens pour plus de 7 milliards de dollars, gelés par la Corée du Sud, conformément aux sanctions américaines. Pour Séoul, le bateau est l’otage de ce différend; allégations renvoyées à l’expéditeur par le gouvernement de la République islamique, et selon son porte-parole, les actifs iraniens en Corée du Sud sont pris «en otage» et le navire n’a été arrêté que pour des risques de dommages environnementaux liés à sa cargaison de produits chimiques.

Le défi des États-Unis

Pendant ce temps, alors que le sommet du Conseil de coopération du Golfe s’est ouvert en Arabie saoudite, en présence de l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani – qui signera un accord pour mettre fin à plus de trois ans d’embargo des voisins régionaux – l’Iran a déclenché son premier maxi exercice de drone militaire, a demandé pour la deuxième fois à Interpol un mandat d’arrêt international contre Trump pour son rôle dans le meurtre de Soleimani et a vu le Parlement présenter un projet loi obligeant les gouvernements successifs à éliminer Israël d’ici 2041. L’entrée à la Maison Blanche de Biden est dans moins de deux semaines et l’Iran – où 2021 sera également une année électorale, avec le renouvellement du président – rappelle ainsi au futur locataire de la Maison Blanche, s’il le fallait, qu’il n’y a pas de temps à perdre sur le dossier nucléaire.

Marta Allevato. (Agence journalistique italienne)

(Photo-AFP – AGI)

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