L'actualité du Proche et Moyen-Orient et Afrique du Nord

Chine, climat et pandémie: les défis de l’OTAN 2030 selon les experts

(Rome 02 décembre 2020). Du front sud à l’espace extra-atmosphérique, de la montée du dragon oriental au terrorisme, voici les 136 recommandations du groupe d’experts (avec Marta Dassù) dans le cadre de la réflexion stratégique «OTAN 2030». Suggestions pour «un ancrage stratégique dans un monde de plus en plus incertain».

«Unis pour une nouvelle ère». Tel est le sous-titre du rapport OTAN 2030 rédigé par le groupe de dix experts auxquels le secrétaire général Jens Stoltenberg a confié l’ouverture d’une réflexion stratégique sur l’avenir de l’Alliance. Le but est de la rendre « plus politique et mondial », apte à affronter un avenir incertain et menaçant.

LA GENÈSE

En mars dernier, Jens Stoltenberg a présenté le groupe de dix experts, confiant au coprésident l’ancien ministre allemand Thomas de Maizière et l’Américain Wess Mitchell, co-fondateur de Cepa. La task force (à laquelle a également participé l’Italienne Marta Dassù) a été identifiée pour soutenir la « réflexion stratégique sur l’avenir de l’OTAN ». En effet, en décembre 2019, lors du sommet de Londres, les chefs d’État et de gouvernement des pays membres avaient donné mandat au secrétaire général de constituer un groupe d’experts pour repenser l’action collective et renouveler l’Alliance. C’est la manière dont l’OTAN a absorbé les critiques soulevées par Emmanuel Marcon sur sa « mort cérébrale », en plus du risque de rupture avec la Turquie sur la question du S-400 et des griefs de Donald Trump sur les fatidiques 2% du PIB à allouer à la Défense. Aujourd’hui, les travaux des dix experts ont été présentés aux ministres des Affaires étrangères, réunis pour le traditionnel rendez-vous de fin d’année (le dernier pour Mike Pompeo et l’administration Trump).

La STRUCTURE

Le rapport est divisé en trois parties: la vision des dix prochaines années de l’OTAN; les tendances qui changeront le contexte de l’Alliance (y compris de nombreuses nouvelles menaces); et les recommandations du groupe de travail sur les trois objectifs que Stoltenberg avait indiqués, à savoir le renforcement de la cohésion interne, une meilleure coordination politique entre les annexes et le renforcement du rôle politique de l’OTAN. Pour chacune des tendances identifiées et pour les objectifs, une multiplicité de recommandations sont répertoriées, 136 au total, pour donner à l’Alliance «un ancrage stratégique dans un monde incertain». Au niveau de la grande stratégie, le rapport certifie « le retour à la rivalité systémique et la montée des menaces globales », également appelé « compétition des grandes puissances ».

LE CONCEPT STRATÉGIQUE

Pour cela, la première recommandation est « la mise à jour du Concept Stratégique de 2010 », toujours la référence de la posture internationale de l’Alliance aujourd’hui. Dans la liste des menaces, la première référence est à la Russie, défi traditionnel de l’OTAN, pour lequel les experts suggèrent de poursuivre avec détermination la double voie: le dialogue et la dissuasion. Sur le premier point, les mécanismes de compréhension mutuelle sont invités à être renforcés. Sur le second, un renforcement des instruments de défense et un engagement plus déterminé sur la question de la maîtrise des armements sont proposés (auquel sont dédiées des recommandations spécifiques).

LA POSITION SUR LA CHINE

Comme prévu, immédiatement après la Russie, c’est la Chine, qui est désormais inscrite de plein droit dans l’agenda de l’OTAN. L’Alliance, expliquent les experts, « doit consacrer beaucoup plus de temps, de ressources politiques et d’actions aux défis sécuritaires posés par la Chine, sur la base d’une évaluation de ses capacités nationales, de son poids économique et des objectifs idéologiques déclarés de ses dirigeants ». Le Dragon « prendra une importance croissante jusqu’en 2030 », lit-on dans le rapport, qui propose « la création d’un organe consultatif » spécifiquement dédié à cela. L’OTAN « doit accroître son engagement à évaluer les implications du développement technologique chinois, à se surveiller et à se défendre contre toute activité qui pourrait avoir un impact sur la défense collective, l’état de préparation militaire ou la résilience ».

TECHNOLOGIES DISRUPTIVES

La référence est également aux nouveaux domaines opérationnels, auxquels le rapport fait référence avec une grande partie dédiée aux technologies de rupture. « C’est un défi, mais aussi une opportunité pour l’OTAN », expliquent les experts. Il ne fait aucun doute: « La concurrence avec les efforts déployés par les grands États autoritaires pour atteindre la domination des technologies émergentes et perturbatrices doit être une priorité stratégique pour l’Alliance et ses membres ». Ici, la proposition est pour une plus grande coordination entre alliés et avec le secteur privé, peut-être avec un sommet entièrement dédié au numérique « pour identifier les lacunes dans la coopération en matière de défense collective, les stratégies, les réglementations et la recherche et le développement de l’intelligence artificielle ».

LE FRONT SUD (ENFIN)

Les références au flanc sud de l’Alliance sont également claires, pour lesquelles l’Italie demande depuis longtemps plus d’attention. « L’OTAN – expliquent les experts – doit articuler une approche cohérente, claire et globale pour le front sud, face à la fois aux menaces traditionnelles, telles que le terrorisme, et à la présence croissante de la Russie et, dans une moindre mesure, de la Chine ». Recommandations spécifiques concernant le renforcement du Hub pour le sud de Naples, la révision des plans opérationnels, le renforcement des relations avec les partenaires locaux et le renforcement de la coopération avec l’UE.

CHANGEMENT CLIMATIQUE

La référence au changement climatique est également prévue, pour laquelle l’OTAN (grâce également à la contribution italienne en vue de la coprésidence de la COP26) a renforcé l’attention. Selon les experts, «le changement climatique continuera à façonner l’environnement de sécurité de l’OTAN; bien que la modulation des émissions relève principalement de la compétence des États individuels, l’OTAN peut jouer un rôle important en augmentant la prise de conscience de la situation, l’alerte précoce et le partage d’informations ». La proposition concerne la création d’un « Centre d’excellence pour le climat et la sécurité ». Il devrait «s’appuyer sur les efforts visant à inclure le changement climatique et d’autres menaces non militaires telles que les pandémies dans la planification de la résilience et de la gestion des crises de l’OTAN».

Stefano Pioppi. (Formiche)

Recevez notre newsletter et les alertes de Mena News


À lire sur le même thème