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Une explosion à Beyrouth et des zones d’ombres: corruption, hypothèse d’attaque, Israël et les bunkers du Hezbollah

(Roma 07 août 2020). Ce que nous savons et ce qui ne revient pas dans la catastrophe causée par le nitrate d’ammonium

Les théories prolifèrent sur ce qui s’est passé à Beyrouth le 04 août 2020. Pour l’instant, il y a peu de preuves, alors qu’il y a une profonde méfiance envers les institutions. Voici quelques-unes des thèses.

Numéro 1. La faute de la négligence et de la corruption. Le nitrate d’ammonium est resté trop longtemps à l’intérieur du hangar 12, les flammes se sont déclenchées pour des raisons accidentelles lors des travaux de maintenance (les photos des présumés soudeurs tournent sur la toile), avant de déclencher des feux d’artifice – ceux-ci également logés dans un hangar – et puis le reste. Pour le moment, c’est la version officielle la plus accréditée.

Numéro 2. Quelqu’un a provoqué l’explosion, une attaque donc par des cellules terroristes ou des services secrets. Des chiites, d’autres groupes, des Israéliens ont été cités. Donald Trump a évoqué une « attaque », le porte-parole du Pentagone a rappelé qu’«il n’y a toujours rien de définitif» et n’a pas exclu l’incident.

Numéro 3. Israël voulait détruire l’un des bunkers secrets du Hezbollah, mais n’était pas au courant de l’existence du nitrate d’ammonium ou en sous-estimait peut-être les effets. Il l’a peut-être fait à l’aide d’un missile ou avec l’aide de complices.

Numéro 4. Dans le bâtiment, en plus du nitrate d’ammonium déchargé du navire il y a des années, il y avait d’autres bombes. Une présence tolérée et non déclarée par les autorités, ou connu seulement de certains. À qui appartenaient ces munitions? Une fois de plus, les miliciens pro-iraniens sont mis en cause.

Numéro 5. Les experts qui ont analysé les vidéos n’ont pas d’avis communs: certains pensent que la couleur de la fumée / des flammes est compatible avec celle du nitrate d’ammonium, alors que d’autres y « voient » les signes du matériel militaire.

Numéro 6. La tragédie aura des conséquences politiques. Hier, le président français Emmanuel Macron, avec une «invasion» sur le terrain et après avoir visité les décombres, a appelé à des réformes profondes. Beaucoup se tournent alors vers le Hezbollah libanais qui a infiltré et soumis toutes les structures de l’Etat y compris politiques, administratives, militaires et sécuritaires. L’énorme tragédie sera-t-elle utilisée par ses adversaires pour invoquer un mouvement hors de ses institutions? Il est bon d’être prudent, certains de ces scénarios sont relancés sur la base de convenances politiques et de convictions, le but immédiat d’un éventuel acte de malveillance n’est pas clair, il y a des spéculations qui pourraient devenir des «faits» grâce à des enquêtes, ou parce qu’on veut le croire.

(Guido Olimpio – Corriere Della Sera). (L’article)

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