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Syrie : premier phénomène de mobilisation dans la province de Soueïda

Syrie-Soueïda

Des dizaines de citoyens syriens sont descendus dans les rues de la province de Soueïda, dans le sud-ouest de la Syrie, pour protester contre l’aggravation des conditions économiques et la corruption du régime.

Selon le site italien «sicurezzainternazionale», les manifestations ont eu lieu le 7 juin, le jour où un nouveau creux historique a été enregistré pour la monnaie locale, la livre syrienne, contre le dollar américain, atteignant 2.500 livres. Il s’agit du premier phénomène de mobilisation dans cette province à majorité druze, où la population s’est rebellée contre le régime dirigé par le président Bashar al-Assad. « Partez maintenant Bachar » et « les gens veulent la chute du régime » étaient les principaux slogans, bien que pendant la guerre civile la population de cette région se soit montrée fidèle au gouvernement d’Assad. Des incidents similaires se sont également produits à Tafas et Deraa, une zone connue pour avoir été le berceau de la révolution en Syrie, selon la même source. Pour les manifestants qui sont descendus dans la rue, le régime est responsable de la situation actuelle et de la détérioration de l’économie du pays, caractérisée par une augmentation des prix des produits de première nécessité et des matières premières. Outre la dévaluation de la monnaie locale, l’économie de Damas devra bientôt faire face à la mise en œuvre de la loi César. Cette dernière est une législation élaborée par Washington, qui sanctionne le régime syrien, dont le président Assad, pour crimes de guerre commis contre la population syrienne. Le régime est également visé par l’Union européenne, poursuit le site italien, dont les sanctions affectent principalement le commerce et les transports, empêchant l’arrivée de l’aide humanitaire essentielle. Enfin et surtout, les médicaments font défaut et de nombreuses pharmacies ont été contraintes de fermer, compte tenu également de la baisse du pouvoir d’achat. Déjà le 6 juin, plusieurs magasins et revendeurs de différents types ont été contraints de fermer non seulement à Soueïda et Deraa, mais aussi à Damas et Homs. Dans le nord-ouest de la Syrie, à Idlib, la population s’est plainte d’une augmentation des prix des produits de première nécessité, y compris le pain, également causée par la diminution de la quantité de carburant et les coûts plus élevés des boulangeries et des détaillants. Comme l’a rapporté la porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Jessica Lawson, citée également par «sicurezzainternazionale», si les prix des produits alimentaires importés continuent d’augmenter en raison de la dévaluation de la monnaie locale, la population syrienne pourrait assister à une augmentation des taux de pauvreté, de faim et d’insécurité alimentaire.

La région de Deraa est connue pour avoir été le berceau de la révolution en Syrie, qui a commencé le 15 mars 2011 et se poursuit. En effet, c’est ici que de jeunes rebelles ont écrit l’un des premiers slogans anti-régime sur un mur, entre autre, « c’est votre tour, docteur », en référence au président syrien Assad. L’accord de cessez-le-feu à Deraa, Quneitra et Soueïda remonte à juillet 2017, auquel les États-Unis, la Russie et la Jordanie ont également participé. Les combattants locaux et les familles ont ensuite évacué la zone en juillet 2018, après des semaines de bombardements violents, suivis d’un accord de reddition avec le régime syrien et la Russie.

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