(Rome, Beyrouth, 21 février 2025). L’appel du ministre yéménite de l’Information, Moammar al-Eryani, à l’arrestation des dirigeants houthis présents aux funérailles de Hassan Nasrallah met en évidence les profondes tensions géopolitiques qui traversent le Moyen-Orient. Cet événement, qui se tiendra à Beyrouth le 23 février, est non seulement un moment de commémoration, mais aussi une occasion pour les principaux acteurs de «l’axe de résistance» dirigé par l’Iran de se rencontrer, écrit Giuseppe Gagliano dans le quotidien «Notizie Geopolitiche», spécialisé de l’Actualité Géopolitique.
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L’importance des funérailles de Nasrallah va bien au-delà de la simple commémoration d’un dirigeant décapité. La présence de personnalités houthis, aux côtés de membres du Hezbollah et d’autres groupes pro-iraniens, témoigne de la cohésion croissante des milices régionales soutenues par Téhéran. Dans ce contexte, le gouvernement yéménite, reconnu par la communauté internationale, a exprimé ses craintes que ce rassemblement ne soit utilisé pour coordonner des stratégies communes contre leurs adversaires.
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Les Houthis, qui contrôlent le nord du Yémen, ont intensifié leurs opérations militaires ces dernières années, étendant le conflit au-delà des frontières nationales. Leurs attaques contre, entre autres, des navires commerciaux et des cibles israéliennes dans le cadre de la guerre à Gaza ont renforcé leur rôle dans le paysage géopolitique régional, les alignant encore plus étroitement sur le Hezbollah et d’autres forces régionales mandataires de Téhéran.
Selon le ministre al-Eryani, les funérailles seront exploitées comme une plateforme de discussions stratégiques entre les différents groupes de l’axe iranien, à un moment où la pression internationale sur les Houthis s’accentue. La demande d’arrestation des dirigeants houthis, bien que difficile à mettre en œuvre, s’inscrit dans la tentative du gouvernement yéménite de consolider sa position et de défier les rebelles au niveau diplomatique.
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Le Liban, quant à lui, se trouve dans une position délicate. Déjà sous pression en raison de la crise et de l’instabilité politique, le gouvernement de Beyrouth pourrait s’abstenir de prendre des mesures afin de ne pas envenimer davantage ses relations avec le Hezbollah, qui continue d’exercer une forte influence dans le pays. En outre, cet événement survient à un moment où Israël a intensifié ses frappes contre des cibles du Hezbollah et des Houthis, alimentant ainsi les tensions régionales.
L’axe de résistance, qui comprend le Hezbollah, les Houthis, les milices chiites irakiennes et les Gardiens de la révolution iraniens, s’est imposé comme l’un des principaux défis à la politique occidentale au Moyen-Orient. L’élimination de Nasrallah a renforcé la cohésion entre ces groupes, tandis que l’Iran et ses alliés continuent d’exploiter la guerre à Gaza pour justifier leur expansion militaire dans la région.
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La communauté internationale, notamment les États-Unis et leurs alliés occidentaux, suit de près l’évolution de la situation. Washington a déclaré à plusieurs reprises qu’il ne tolérerait pas une escalade des activités iraniennes au Moyen-Orient et a renforcé son soutien à Israël ainsi qu’aux partenaires arabes modérés. Toutefois, le renforcement des réseaux militaires pro-iraniens démontre que Téhéran continue de poursuivre ses objectifs stratégiques avec détermination.
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Les funérailles de Nasrallah constitueront un test de la dynamique géopolitique de la région. D’une part, le Hezbollah et ses alliés profiteront de l’événement pour réaffirmer leur position, de l’autre, les tensions avec les gouvernements pro-occidentaux, comme celui du Yémen, continueront de croître.
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La réaction du Liban à la demande d’arrestation formulée par le gouvernement yéménite sera révélatrice de sa capacité à équilibrer les pressions internes et externes. En outre, les développements postérieurs à cet événement auront un impact significatif sur la stabilité de la région, avec des répercussions potentielles qui pourraient affecter non seulement le conflit au Yémen, mais aussi les relations entre l’Iran, Israël et d’autres puissances du Moyen-Orient.