(Rome, 30 janvier 2025). L’assouplissement des sanctions de l’Union européenne contre la Syrie devrait probablement intervenir lors du Conseil des affaires étrangères des 27 ministres des États membres de l’UE, avec une approche qualifiée d’«étape par étape». C’est avec ces termes que Kaja Kallas, Haute Représentante pour la politique étrangère et de sécurité, a commenté devant les médias ses attentes et ses certitudes quant au prochain Conseil, sans entrer dans les détails techniques, écrit Thomas Brambilla dans «Inside Over».
L’UE approuve l’assouplissement des sanctions
La nouvelle circulait depuis au moins un mois. Après la chute du régime de Bachar Al-Assad début décembre 2024, la ligne de la politique étrangère commune de l’UE envers de la Syrie a rapidement évolué en faveur d’une transition du pouvoir à Damas, menée par l’ancien membre d’Al-Qaïda et de la formation rebelle islamiste «HTC», et actuel chef du pays, Al-Joulani. Le changement de l’approche européenne s’était déjà manifesté lors d’un voyage officiel effectué début janvier, lorsqu’une délégation de l’axe franco-allemand avait amené en visite officielle le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot et son homologue allemande Annalena Baerbock, au nom de toute l’Union européenne.
Lors de cette visite, les deux ministres avaient souligné la possibilité d’un rétablissement effectif des relations diplomatiques et économiques entre l’UE et la Syrie, à condition que «la protection de tous les civils et des minorités» soient respectées et qu’un soutien adéquat soit apporté à une transition du pouvoir, qui n’aboutisse pas à une interprétation islamiste du système judiciaire et éducatif. Une visite similaire avait été effectuée une semaine plus tard par le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, qui, de manière autonome, avait rencontré Al-Joulani, espérant une relance de la «coopération économique dans des secteurs cruciaux» et de permettre à Rome de «jouer un rôle de pont entre l’UE et la Syrie».
Fin des sanctions sur les transports et l’énergie
Selon un document consulté par Reuters et certaines déclarations de hauts fonctionnaires européens, un accord aurait déjà été conclu pour l’allègement des sanctions dans les secteurs de l’énergie et des transports. Toutefois, l’unanimité requise n’a pas encore été atteinte pour l’ensemble du secteur des transactions financières. Dans la position adoptée par l’UE, les secteurs des transports et de l’énergie semblent être cruciaux pour la relance économique, la reconstruction du pays et la stabilité de la Syrie. Ils peuvent contribuer à l’amélioration générale des conditions de vie des citoyens ainsi qu’à encourager tous ceux qui ont quitté la Syrie depuis le début de la guerre civile en 2011 à rentrer chez eux avec plus de confiance et de sécurité. En revanche, toutes les sanctions européennes relatives à la vente d’armes et au transfert de technologie pouvant être utilisées dans le secteur militaire devraient rester en vigueur.
La transition en Syrie
Le nouveau groupe au pouvoir qui dirige la transition en Syrie a fortement insisté sur la question de la levée des sanctions, perçues comme une contrainte à l’affirmation du pays sur la scène internationale. En contrepartie, l’UE cherche officiellement des garanties sur le respect des libertés fondamentales et une transition inclusive.
La question de la présence étrangère sur le territoire syrien pèse également lourd. Selon Kaja Kallas, il est essentiel que la Syrie doit «s’en libérer» au plus vite, en soulignant les ingérences de l’Iran, qui a perdu en Syrie un allié régional clé, et de la Russie, dont l’avenir de l’accord historique de coopération militaire et de concession pour l’utilisation des ports de la côte méditerranéenne à des fins stratégiques, en vigueur sous Assad, reste encore incertain. En revanche, moins d’attention a été portée à la Turquie, connue pour avoir soutenu et financé en coulisses l’avancée des rebelles pour détrôner Assad, le boucher de Damas, et servir ses propres intérêts stratégiques dans la région, notamment en augmentant sa zone d’influence et en renforçant son avant-poste militaire anti-Kurde tellement cher à Ankara.