Egypte : la menace de la bombe démographique vaut la menace terroriste

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Si la démographie galopante de l’Egypte inquiète les scientifiques et les sociologues, elle inquiète aussi les responsables égyptiens qui la comparent à la menace terroriste.

Et pour cause, l’Office national des statistiques a annoncé, lors d’une conférence de presse organisée ce 11 février 2020, que l’Egypte compte désormais 100 millions d’habitants, alors que le pays dispose d’une surface utile (agricole) équivalente à la superficie de la Suisse et ne parvient pas à nourrir toute la population. Le défi est de taille au moment où le Pays du Nil peine à créer des emplois et à construire des infrastructures suffisantes pour satisfaire la demande (santé, éducation, industrie, agriculture…). La population a augmenté en effet de 4.813 par jour, en 2019, soit 201 naissances par heure, ou 3,3 naissances par minute, soit une naissance toutes les 17,9 secondes. Entre 2018 et 2019, la croissance démographique s’est établie à 1,78%.

Le directeur de l’Office central des statistique, le général Khayrat Barakate, s’est montré très inquiet face à ces chiffres, mettant en garde contre le déséquilibre grandissant entre cette progression démographique et les efforts de développement socioéconomique du pays. Selon Barakate, la menace démographique vaut la menace terroriste.

Déjà, au milieu des année 1990, l’ancien président Hosni Moubarak avait mis en garde contre ce phénomène qui pesait déjà sur le pays et ses finances, alors que le Caire s’appuyait sur les aides américaines, notamment en blé (plus d’un milliard de dollars d’aides annuelles depuis la signature des accords de Camp David) pour éviter la famine. Mais les appels à limiter les naissances et les efforts d’instaurer un planning familial pour ralentir la progression démographique avaient été combattus par l’institut Al-Azhar, la plus haute autorité religieuse du pays, ainsi que par l’Eglise Copte, farouchement opposés à contraception, à l’avortement et à l’usage des préservatifs.

A ce rythme, les sociologues craignent une explosion sociale à très court terme, alimentée par des infrastructures de plus en plus déficitaires et vétustes, par la pression alimentaire et la crise du chômage, et par un endoctrinement islamiste qui exploite cette situation et se nourrit de la misère de la population. L’islamisme surfe aussi sur les conflits régionaux, plus particulièrement sur le conflit israélo-palestinien, pour recruter et mobiliser dans l’objectif de mettre en échec le plan proposé par Donald Trump, dit le deal du siècle, et libérer Jérusalem.

Magdi W.