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La mise en garde du chef d’état-major américain : ne laissez pas les négociations sur Gaza échouer

(Rome, Paris, 10 septembre 2024). Les États-Unis se préparent à l’éventualité d’un échec des négociations de paix au Moyen-Orient visant à mettre un terme aux hostilités entre Israël et le Hamas à Gaza. C’est ce qu’a déclaré le chef d’état-major interarmées des forces armées américaines, le général Charles Q. Brown, qui, interrogé à ce sujet par le «Financial Times», a confirmé qu’il y avait une réflexion active sur «ce qui pourrait se passer si les négociations achoppaient ou s’arrêtaient complètement».

Pour Brown, écrit Andrea Muratore dans «Inside Over», un échec des négociations en cours avec la participation des Etats-Unis, de l’Egypte et du Qatar entraînerait nécessairement une «augmentation des activités militaires» dans la zone et le risque d’«erreurs d’évaluation susceptibles de provoquer l’extension du conflit» au-delà de Gaza. Pour les États-Unis, la priorité concerne donc autant de protéger les actifs militaires dans la région que d’éviter qu’un échec diplomatique n’entraîne avec lui la menace d’un embrasement généralisé.

Les prémisses, d’ailleurs, ne manquent pas. La même problématique politique qui, malgré l’opposition sur la question des chefs militaires, pousse le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahu à insister sur le maintien du contrôle du corridor de Philadelphie qui sépare la bande de Gaza de l’Egypte même en cas de cessez-le-feu, ce qui témoigne d’un durcissement diplomatique. A cela s’ajoute, d’une part, la montée des pressions israéliennes en Cisjordanie visant à accélérer la prise de contrôle du territoire palestinien par Tel-Aviv et, de l’autre, le changement drastique de rythme du Hamas concernant les otages encore entre ses mains depuis le 7 octobre dernier, comme en témoigne le meurtre récent de six d’entre eux à Gaza.

A lire : Qui étaient les six otages retrouvés morts à Gaza

En bref, des propos de Brown traduisent le sentiment que ce qui risque de sombrer entre Le Caire et Doha est la dernière chance de parvenir à un accord sur une base politique. Et qu’après l’échec de ces pourparlers, le chaos subsistera : la rivalité Israël-Iran, la reprise du conflit en mer Rouge, les agitations du Hezbollah au Liban et des milices chiites entre la Syrie et l’Irak, la poursuite des menaces djihadistes au Liban. Le Moyen-Orient et la présence d’un arc de crise qui, de la Corne de l’Afrique au Sahel et à la Libye, enveloppe la région dans les zones voisines ne peuvent pas laisser dormir paisiblement les stratèges.

Et l’on se demande si les propos de Brown ne révèlent pas un «j’accuse» voilé sur la gestion d’une guerre où la position de Washington à l’égard d’Israël a été largement conditionnée par l’alliance bilatérale. Dans le passé, les États-Unis n’ont pas pu exercer une pression adéquate sur Netanyahu pour accélérer la fin de la guerre. Aujourd’hui, Joe Biden a haussé le ton à l’égard du Premier ministre israélien, soulignant la nécessité d’un cessez-le-feu rapide. Mais Washington, qui voit depuis onze mois ses dirigeants faire des allers-retours au Moyen-Orient, perd peu à peu confiance. Et les propos de Brown montrent que, dans la région, les États-Unis se préparent aussi à affronter l’inconnu. Autrement dit, ce qu’une puissance dirigeante devrait être capable d’empêcher, dans la mesure du possible. En somme, l’attestation d’un échec politique permanent.

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