France : Lepenexit, flop du RN, victoire du front populaire, Mélenchon «prêt à gouverner» et Macron surprend

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(Rome, Paris, 08 juillet 2024). Mais le président de la république freine les ambitions du leader de La France Insoumise. Bardella dénonce «l’alliance du déshonneur» et les accords électoraux qui « jettent la France dans les bras de l’extrême gauche de Mélenchon». Alors que Le Pen promet : «La marée continue de monter, notre victoire n’est que repoussée»

Paris. Pas de vague souverainiste mais, en effet, un flop retentissant pour le Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Selon les premiers sondages de l’institut Ifop relatifs au second tour des élections législatives françaises, le parti souverainiste et ses alliés disposeraient entre 120 et 150 sièges à la prochaine Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, soit moins de la moitié de ce qu’ils espéraient obtenir pour atteindre la majorité absolue (289 sièges) nécessaire pour accéder à Matignon. Ensemble, la coalition des partis qui soutient le président de la République Emmanuel Macron, fait mieux que prévu, avec une projection en termes de sièges comprise entre 150 et 180 sièges. Mais le véritable vainqueur des élections législatives est le Nouveau Front populaire, la coalition de la gauche socialiste, écologiste, communiste et mélenchoniste, qui, selon les premiers sondages de sortie des urnes, aurait le plus grand nombre de sièges dans la future Assemblée nationale : entre 180 et 215. Les désistements anti-RN ont fonctionné, le front républicain a fonctionné, même s’il est forcé et bizarre entre deux coalitions qui ont tout dit pendant la campagne électorale. Les électeurs ont suivi les recommandations de leurs familles politiques, la stratégie du «tout sauf le RN». Selon les données communiquées par le ministère français de l’Intérieur, à 17 heures, le taux de participation atteignait 59,71 pour cent. Au premier tour, au même moment, 59,39 pour cent des électeurs se sont rendus aux urnes. A 20 heures, selon les premières projections, l’estimation du taux de participation final était de 67 pour cent pour les instituts Ipsos et Opinionway, 67,1 pour Elabe et 67,5 pour Ifop, contre 66,7 au premier tour. C’est en tout cas un record depuis les élections législatives anticipées de 1997, celles qui ont conduit à la cohabitation entre le gaulliste Jacques Chirac, à l’Elysée, et le socialiste Lionel Jospin, à Matignon, rappelle Mauro Zanon dans son décryptage dans «Il Foglio».

Il n’y aura cependant pas de cohabitation entre le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, et Jordan Bardella, le jeune président du RN qui rêvait de faire le grand saut à seulement 28 ans, après une ascension fulgurante au sein de la formation lepéniste. Pourtant jusqu’à deux heures plus tôt, au Pavillon Chesnaye du Roy, le centre événementiel niché dans le bois de Vincennes où les souverainistes avaient célébré le triomphe des élections européennes, l’optimisme régnait parmi les jeunes militants du RN, tous arborant la broche bleu blanc rouge sur le revers de leur veste, beaucoup de doudounes et beaucoup de gel sur les cheveux, comme leur idole Jordan Bardella. «C’est l’esthétique bardellienne», a commenté une personne présente alors que les résultats n’étaient plus qu’à quelques minutes d’être révélés. C’est avant tout la Grande Illusion du souverainisme français.

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«Le Nouveau Front populaire est prêt à gouverner», a tonné le leader de l’extrême gauche française, Jean-Luc Mélenchon. «Notre peuple a clairement rejeté le scénario du pire. Ce soir, le RN est loin d’avoir la majorité absolue», a hurlé Mélenchon, saluant le résultat comme «un immense soulagement pour les millions de personnes qui composent la nouvelle France». Et encore : «La majorité a fait un autre choix pour le pays» que le parti souverainiste de Marine Le Pen et Jordan Bardella, a ajouté Mélenchon, soulignant que «la volonté du peuple doit désormais être confirmée». Puis, le gourou de la gauche jacobine, a adressé un message au chef de l’Etat, Emmanuel Macron : «le président a le devoir d’appeler le Nouveau Front populaire à gouverner». L’enthousiasme de Mélenchon a cependant été immédiatement douché par l’Elysée. Emmanuel Macron a exhorté le dirigeant français à faire preuve de «prudence», car les résultats, qui offrent une tripartition du panorama politique, ne répondent pas à la question de savoir «qui va gouverner» la France. L’entourage du chef de l’Etat a ajouté que, malgré les prévisions pessimistes des précédents sondages, «le bloc central est toujours vivant après sept ans». Raphaël Glucksmann lui-même, leader socialiste et partenaire de coalition de Mélenchon, a appelé au calme : «Nous sommes en tête, mais nous sommes dans une assemblée divisée et donc il va falloir comporter en adultes. Il va falloir parler, discuter et dialoguer. Le cœur du pouvoir a été transféré à l’Assemblée et un changement de culture politique est nécessaire et fondamental». Depuis le QG de la soirée électorale souverainiste, Jordan Bardella a pourtant une nouvelle fois dénoncé «l’alliance du déshonneur» et les accords électoraux qui «jettent la France dans les bras de l’extrême gauche de Mélenchon». «La marée continue de monter, notre victoire n’est que repoussée», a déclaré dans la soirée Marine Le Pen à Tf1, dans ses premiers propos post-législatifs.

Les réactions aux élections françaises

Donald Tusk, l’ancien président du Conseil européen et Premier ministre de la Pologne, a déclaré que les résultats des législatives françaises font principalement des heureux. «À Paris l’enthousiasme, à Moscou la déception, à Kiev le soulagement. Suffisamment pour être heureux à Varsovie», a-t-il déclaré sur le réseau social X, se félicitant du score moindre qu’attendu du Rassemblement national.

Un responsable du parti social-démocrate du chancelier allemand Olaf Scholz a pour sa part jugé que «le pire avait été évité». «Le RN ne peut pas constituer une majorité gouvernementale» à l’issue des législatives, a ainsi déclaré Nils Schmid, le responsable des questions de politique étrangère du groupe parlementaire des sociaux-démocrates du SPD à la chambre des députés.

Le Premier ministre espagnol a fait un parallèle entre les résultats des législatives en France et au Royaume-Uni. «Cette semaine, deux des plus grands pays d’Europe ont choisi la même voie que l’Espagne il y a un an : le rejet de l’extrême droite et l’engagement décisif en faveur d’une gauche sociale», a-t-il-écrit sur X, rappelant qu’«il n’y a pas d’accord ni de gouvernement avec l’extrême droite».

«Aujourd’hui, le peuple français a montré la voie», a réagi sur Facebook Stéfanos Kasselákis, à la tête du principal parti d’opposition de gauche en Grèce (Syriza). «Il s’est dressé contre le monstre de l’extrême droite et a discrédité le néolibéralisme. Aujourd’hui, le peuple français crie que l’espoir et le changement ne sont pas une utopie mais une réalité. Écoutons-le».

Le président du Pasok (S&D), Níkos Androulákis, s’est réjoui d’«une grande victoire pour la démocratie. Le peuple français a dressé un mur contre l’extrême droite, le racisme et l’intolérance et a défendu les principes intemporels de la République française : Liberté, Égalité et Fraternité», a-t-il dit.