Iran : le crash mortel, le président Raïssi et le ministre des Affaires étrangères tués

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(Paris, Rome, 20 mai 2024). Le président iranien Ebrahim Raïssi et le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian sont morts dans un accident d’hélicoptère survenu hier alors qu’ils revenaient d’une visite d’État hautement stratégique dans l’Azerbaïdjan rival. C’est ce qu’a annoncé vers 6h30 (heure italienne) la télévision d’État iranienne, rendant officielles les rumeurs qui circulaient depuis plusieurs heures et qui parlaient d’un Croissant-Rouge pessimiste quant à l’espoir de retrouver des personnes vivantes dans l’épave de l’hélicoptère qui s’est écrasé hier.

Sont également morts le gouverneur de la province iranienne de l’Azerbaïdjan oriental, Malek Rahmati, et l’ayatollah Mohammad Ali Al-Hachem, représentant du guide suprême Ali Khamenei dans la même région. L’épais brouillard, les conditions météorologiques et le mauvais temps ont rendu difficile le voyage en hélicoptère et, dans cette affaire, deux points restent en suspens : le premier est de savoir pourquoi Raïssi et Abdollahian ont, malgré les conditions susmentionnées, décidé de rentrer d’Azerbaïdjan, et le second est de savoir pourquoi ils voyageaient à bord du même moyen aérien, mettant ainsi en péril la chaîne de commandement en cas d’accident mortel. Cela semblerait être le cas, compte tenu des faits, écrit Andrea Muratore dans «Inside Over».

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Que va-t-il se passer aujourd’hui au sommet du pouvoir iranien ? Au ministère des Affaires étrangères, son «stratège», le vice-ministre Ali Bagheri, est en pole position pour succéder à Abdollahian. Pour la présidence, en revanche, les choses semblent se compliquer. Temporairement, conformément à la Constitution, le vice-président Mohammed Mokber assumera la fonction. «Peu nombreux sont ceux qui considèrent Mokhber, banquier et ancien gouverneur adjoint de la province du Khûzistân, comme une figure présidentielle», note le Guardian. Mokber prendra ses fonctions lorsque la mort de Raïssi sera officialisée, mais seulement à titre intérimaire. L’Iran ne prévoit pas, en cas de décès du chef de l’État, un système similaire à celui, entre autres, des États-Unis dans lequel son adjoint termine son mandat. Les élections doivent avoir lieu dans un délai de cinquante jours, ce qui ajoute un élément d’incertitude supplémentaire dans un pays qui connait depuis plusieurs mois des tensions sécuritaires internes, inaugurées par les attentats terroristes de Kerman menés par l’Etat islamique du Khorāsān (EI-K) en janvier, des crises politiques et sociales, accentuées par les révoltes étudiantes et féminines, et surtout des grandes tensions internationales.

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Les échanges de «coups» avec Israël et la dynamique de confrontation avec Tel-Aviv accélérée par la guerre à Gaza ont fortement réorganisé le système de pouvoir iranien. Au cours de laquelle Raïssi et Abdollahian, rappelons-le, avec le soutien du Guide suprême, se méfiaient du risque d’une escalade généralisée. Tandis que les Pasdaran, eux, apparaissaient plus dynamiques, notamment en vertu de leur rôle de garants de l’arsenal de missiles.

Lors des dernières élections, Ebrahim Raïssi, décédé à l’âge de 63 ans, l’avait emporté en 2021 à l’issue d’un scrutin marqué par un faible taux de participation, au plus bas historique de 41 %, et par l’exclusion de nombreux candidats par le Conseil des Gardiens de la Constitution, qui représente le bras politique du haut clergé chiite proche de l’Ayatollah.

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Ce Conseil aura désormais la balle dans son camp pour décider qui peut ou qui ne peut pas se présenter aux élections dans un Iran en proie à des troubles. Où la décapitation de la direction institutionnelle ajoute encore un autre élément d’incertitude et de tension dans une République islamique sur la brèche dans divers scénarios internationaux.