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Entre affrontements et attaques de sites militaires, l’Iran assiégé par le terrorisme

(Paris, Rome, 04 avril 2024). Quelques jours après l’attaque israélienne contre le consulat de la République islamique à Damas, l’Iran n’est pas en paix. En effet, dans la nuit du 3 au 4 avril, les forces de sécurité iraniennes ont dû faire face à l’escalade des affrontements avec les séparatistes dans la région du sud-est du Baloutchistan, où opère la formation sunnite radicale Jaïsh al-Adl, qui évolue dans la frontière poreuse et complexe avec le Pakistan, écrit Andrea Muratore dans «Inside Over».

Les affrontements et les attaques de sites militaires, sur lesquels les sources ouvertes sont jusqu’à présent lacunaires et confuses, auraient fait onze morts parmi les forces armées iraniennes et les Gardiens de la révolution et seize morts parmi les miliciens. Les sites de Rask et Chabahar, qui abritent des infrastructures militaires stratégiques déjà au centre d’échanges de tirs avec des militants basés au Pakistan en janvier, et la seconde ville, un port important qui a reçu d’importants investissements, ont été attaqués. De l’Inde, qui vise à contenir la présence chinoise dans la ville portuaire pakistanaise voisine de Gwadar, et plus récemment de nuls autres que les talibans afghans, qui tentent de reconstruire une voie de dialogue avec le reste du monde.

Un poste de police à Chabahar aurait également été attaqué et, malgré la mort de leur commandant adjoint, les forces iraniennes auraient réussi à éliminer la majeure partie du groupe des militants. Jaïsh al-Adl n’est pas étranger aux opérations de ce type : ses hommes ont assassiné en janvier le colonel Hossein-Ali Jawdanfar, commandant du corps des forces Al-Qods du Sistan-Baloutchistan, une unité d’élite des Gardiens de la révolution islamique. Auparavant, d’autres attaques, survenues les 8 juillet et 15 décembre 2023, avaient visé les forces de l’ordre, entraînant respectivement la mort de deux policiers dans le premier cas et de onze dans le second.

Non seulement. Hier, dans la ville sainte chiite de Qom, les services de renseignement iraniens ont déclaré avoir déjoué une infiltration de deux terroristes potentiels qui ont été arrêtés. Les suspects seraient des membres d’EI-K, qui a malheureusement défrayé la chronique pour avoir frappé la Russie le 22 mars avec les attentats contre «Crocus City Hall» à Moscou. En bref, il s’agit d’une situation de grande tension pour la République islamique, comme le rappelle sur X l’historien, analyste et expert de l’Iran Alessandro Cassanmagnago.

Comme déjà mentionné dans ces colonnes, l’escalade des attaques terroristes internes éloigne l’Iran de la possibilité de répondre militairement à l’incursion israélienne du 1er avril à Damas. Et cela fait monter les tensions dans un contexte de grande inquiétude pour l’Iran. D’une part, Téhéran est accusé par de nombreux pays, notamment occidentaux, de vouloir profiter de la situation complexe au Moyen-Orient en participant à l’affaiblissement d’Israël sur le plan diplomatique, l’activité des milices pro-Téhéran dans les pays du Croissant chiite comme tampon contre les attaques sur son territoire et les tentatives des Houthis visant à faire pression sur l’Occident, de l’autre, il se trouve sur une fine crête.

L’Iran ne contrôle directement aucun théâtre de guerre, il n’a aucune capacité de projection systémique adéquate dans le domaine militaire pour consolider ses intérêts s’ils étaient existentiellement menacés en dehors de ses frontières et s’est concentré ces derniers mois sur l’accord de paix historique avec l’Arabie Saoudite, avec pour ambition un Moyen-Orient «transformé» avec les attentats du Hamas du 7 octobre. Or, l’escalade des attaques des groupes sunnites radicaux, qui a débuté le 3 janvier avec l’attaque d’EI-K contre Kerman, où se trouve la tombe du général Qassem Soleimani, risque de rebattre encore plus dangereusement les cartes. Un accroissement du sentiment d’insécurité et des tensions dans un pays nourri de fragilités internes. Ce qui est le moins nécessaire pour consolider la stabilité d’un Moyen-Orient de plus en plus chaotique.

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