(Roma, de notre envoyé spécial à Paris, 24.09.2023). Le Parti des Forces Libanaises en France «FL» a organisé une messe à laquelle il a invité les vétérans français. La Cathédrale Notre Dame du Liban à Paris était comble. Des centaines de Libanais et de Français ont prié pour la paix au Liban et en France, et ont honoré les victimes des deux pays qui se sont sacrifiés pour la Liberté.
Sous le thème « Pour que nous restions libres », le Bureau du Parti « Forces Libanaises » (FL) à Paris a célébré la messe annuelle des Martyrs, à leur tête le président assassiné Bachir Gemayel. Plusieurs officiels de l’ambassade du Liban et de la délégation permanente du Liban à l’UNESCO y ont participé, ainsi que la Sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam, les représentants de plusieurs partis alliés ou amis, dont Jean-Claude Béchara du Parti Kataëb, Ayman Abou Hamdan du Parti Socialiste Progressiste, Abdallah Khalaf du Courant du «Futur», et des présidents d’associations de la société civile.
La nouveauté cette année est la participation de représentants des Chasseurs-Parachutistes français, victimes de l’attentat du Drakkar perpétré en octobre 1983. Pour ce 40ème anniversaire, la messe était particulièrement émouvante. Des centaines de fidèles se sont rassemblés, dont des dizaines de vétérans des «FL», aux côtés des vétérans français, puisqu’ils luttent pour leur valeur commune : la Liberté.
Durant la messe, célébrée par Monseigneur Amine Chahine de la Paroisse Notre Dame du Liban, les intentions étaient très parlantes. Les prières ont été élevées essentiellement pour la paix au Liban, en France, et partout dans le monde. D’autres intentions étaient consacrées au repos de l’âme des martyrs, dont le dernier d’une longue liste, Elias Hasrouni, lâchement assassiné l’été dernier par le Hezbollah qui torpille l’enquête pour innocenter les assassins.
J’ai bien noté que l’homélie de Monseigneur Amine Chahine a provoqué une grande émotion. Il a parlé du projet du Président Bachir Gemayel, qui reste valable, voire indispensable pour le Liban, 41 ans après son assassinat.
Après la messe, les fidèles ont été reçus dans le salon de l’église autour d’un verre de l’amitié et un buffet copieux. Si aucun message politique n’a été décelé durant l’office, le discours d’accueil du représentant du Parti des Forces Libanaises en France avait une portée politique. Il a insisté sur « la valeur de la Liberté que les hommes libres chérissent et que les hommes des ténèbres la combattent ». Il a évoqué « l’erreur de la France officielle qui se compromet avec ceux qui l’ont terrorisée, qui ont enlevé et tué ses citoyens et ses militaires ». Il a estimé que « malgré ces égarements, la France demeurera la patrie des Droits de l’Homme et de la Liberté et qu’il nous appartient de corriger cette trajectoire ». Il a poursuivi en rappelant que « le Parti des Forces Libanaises honorent ses martyrs tous les jours, notamment en restant fidèle à leur cause, en poursuivant le combat pour lequel ils se sont sacrifiés ». Il a enfin dénoncé « les tentatives de torpiller et de bloquer les enquêtes judiciaires et nous priver de notre liberté ».
Pour conclure, l’orateur a remercié le public, salué les vétérans des «FL» et remercié les restaurateurs qui ont offert le buffet et les gâteaux.
La cérémonie, suivie d’un déjeuner entre compagnons, était très touchante au point que la messe du Pape François à Marseille ne l’a même pas éclipsée. Je ne regrette pas d’avoir fait le déplacement (de Rome) jusqu’à Paris pour y assister. D’autres messes seront organisées par le parti des Forces Libanaises à Marseille le 1er octobre, à Bordeaux le 15 octobre et à Lyon le 22 du même mois, me confie une source au sein des «FL». Mais il ne fait pas de doute que le poids de la communauté libanaise à Paris par rapport aux autres villes de province donne, à mon sens, une dimension autrement plus importante que ce soit au niveau humain ou politique.
L’intégralité du discours prononcé par le représentant du parti des Forces Libanaises :
- Madame Joëlle Garriaud-Maylam, Sénatrice des Français de l’étranger,
- L’évêque visiteur apostolique Monseigneur Péter Karam
- Madame Lara Daou, Conseillère de l’ambassade du Liban à Paris,
- Monsieur Bahjat Rizk, attaché culturel à la délégation du Liban auprès de l’UNESCO,
- Madame Antoinette Chahine, ambassadrice au Liban de l’Action Chrétienne pour l’abolition de la torture (ACAT),
- Monsieur Roger Saboureau, président d’honneur de l’association des anciens et amis du 9ème Régiment des Chasseurs-parachutistes, commandeur de la Légion d’Honneur,
- Les représentants des partis amis et alliés,
- Les représentants des associations de la société civile,
Chers compagnons de lutte et chers tous
Nous nous sommes réunis aujourd’hui pour commémorer ceux qui se sont sacrifiés pour nous permettre d’être encore vivants, et d’être libres. La liberté est le bien le plus précieux pour ceux qui la chérissent, mais ce bien précieux ne se quémande pas, il ne s’achète pas. Cette liberté est très volatile et de ce fait, il est de notre devoir de la défendre. Ceux que nous honorons aujourd’hui l’avaient fait au prix de leur vie. Il est de notre devoir impérieux de poursuivre leur combat, et nous nous sommes engagés de le faire. C’est ce que nous faisons tous les jours et votre présence ici aujourd’hui en atteste.
Depuis 47 ans, ils ont voulu voler notre liberté. Ils l’ont piétinée, mais l’espoir de la retrouver nous fait vivre et alimente notre détermination à nous battre pour elle, que ce soit au Liban, notre pays de naissance, ou en France notre pays d’adoption. Et c’est par amour pour la France et par respect pour les Français que nous avons voulu associer les Chasseurs-Parachutistes à nos prières, et à travers eux tous les soldats français morts pour la paix au Liban. Ils étaient tous volontaires. Nous avons lutté ensemble pour défendre notre valeur commune : la liberté.
Ne soyons pas dupes, et le président de notre parti, Samir Geagea, ne cesse de le répéter : même si la France officielle fait l’erreur de se compromettre avec ceux qui l’ont attaquée, terrorisée et endeuillée, elle demeure la patrie de la Liberté et des droits de l’homme.
Il s’agit sans doute d’une erreur de parcours, j’allais dire une erreur de jeunesse, suivez mon regard ! et il nous appartient d’en corriger la trajectoire et de bâtir ensemble, Madame la Sénatrice, un avenir meilleur pour nos deux pays. Je l’espère de tout cœur, soyez-en certains. Et c’est en partie le sens de la présence du 9ème Régiment des Chasseurs-Parachutistes parmi nous et du déplacement, prochainement au Liban, d’une délégation de vétérans pour inaugurer la forêt de la mémoire et le sacrifice des 153 morts pour la France et pour la paix au Liban, dont les 58 victimes de l’immeuble «Drakkar».
Honorer nos martyrs ne se limite pas à une cérémonie par an. C’est un travail quotidien qui consiste à entretenir, consolider et poursuivre le chemin que nos martyrs avaient tracé. Il s’agit aussi de s’occuper des blessés et des invalides, et d’honorer ceux qui étaient, à un moment ou à un autre, des projets de martyrs. Je suis très heureux de les retrouver parmi nous aujourd’hui. Entretenir la Liberté consiste aussi à réclamer sans se lasser la poursuite des enquêtes sur les dizaines d’assassinats politique au Liban, et sur l’explosion du port de Beyrouth. Il n’est plus acceptable que des groupes armés puissent menacer des juges et bloquer des enquêtes.
Sans plus tarder, je voudrais saluer la mémoire de notre camarade Elias Hasrouni, le dernier de nos martyrs lâchement assassiné par le Hezbollah cet été, dans une énième tentative de nous terroriser, nous soumettre et nous priver de notre liberté. Mais peine perdue : si les hommes des ténèbres s’en prennent à la liberté tous les jours, les hommes libres la chérissent et la défendent toujours. L’immunité dont bénéficient les premiers, avec la complicité de certains, reste éphémère. Car en fin de compte, le bien l’emportera sur le mal. («Ma bi Sehh illa el sahih»/«ما بيصح الا الصحيح»).
Je salue aussi la mémoire de notre camarade Ghassan Naddaf, décédé il y tout juste 40 jours. Il était l’un des principaux piliers de notre parti à Beyrouth.
Avant de conclure, je tiens à remercier l’ambassadrice Antoinette Chahine, notre martyr-vivante qui a subi la torture la plus atroce sans jamais renoncer à la Liberté. Elle a modifié son programme et ses interventions à Amnesty International pour partager ce moment avec nous. Enfin, je remercie messieurs Elie Salamé du restaurant Vallon du Liban, Maurice Hayek du restaurant Janna, et Elie Saadé du restaurant El-Wadi, qui nous ont offerts ce délicieux buffet, ainsi que le Bureau de Paris du parti des Forces Libanaises qui a organisé cette belle cérémonie, et Monseigneur Amine Chahine pour nous avoir reçu en cette belle Cathédrale de Notre Dame du Liban.
Vivent les Forces libanaises pour que Vive le Liban et Vive la France
لتبقى لنا الحرية
Paolo S.
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